La Mostra de Venise s'achève samedi avec la projection d'Amazonia, une fiction animalière en 3D avec un singe capucin pour héros, réalisée par un ancien collaborateur du commandant Cousteau.

«Depuis Le monde du silence, documentaire de Jacques-Yves Cousteau, palme d'or à Cannes en 1956, très peu de films de ce type ont été projetés ou primés pendant des festivals de cinéma. Avoir l'honneur de clore la Mostra est une très belle reconnaissance de ce projet cinématographique», se réjouit le réalisateur dans un entretien à l'AFP.

Amazonia est également présenté au festival de Toronto (5-15 septembre).

Auteur de La planète blanche (2006), long métrage sur la faune arctique, Thierry Ragobert a choisi cette fois la fiction pour rendre hommage à «la planète verte», la forêt amazonienne, qu'il avait eu l'occasion de découvrir avec le célèbre commandant au bonnet rouge de la Calypso, pour lequel il fut monteur pendant onze ans.

Amazonia raconte, sans dialogue ni commentaire, avec pour seule guide «l'émotion», dit le réalisateur, l'histoire d'un petit singe capucin, élevé en captivité, qui, à la suite d'un accident d'avion se retrouve seul et désemparé au coeur de la forêt amazonienne.

Héros d'une extraordinaire aventure qui lui fait affronter ses semblables mais aussi de redoutables prédateurs, des plantes toxiques et l'Amazone en crue, il entame un long voyage au terme duquel sa seule chance de survie est de trouver sa place parmi les siens...

Cette aventure aspire le spectateur dans un décor de plus de six millions de km2, peuplé par 5000 espèces animales, 2,5 millions d'insectes et 40 000 espèces végétales. Elle lui fait survoler la canopée et l'Amazone et le plonge au coeur d'une figuration naturelle digne d'une production hollywoodienne: singes, jaguars, anaconda, kinkajou, loutre, aigle, dauphins roses, crocodiles, taira, tatou, coatis, boa, mygales, et une famille de paresseux...

«L'idée a germé après La planète blanche avec Stéphane Millière (producteur) mais le contact avec les co-producteurs brésiliens, Fabiano Gullane et Caio Gullane, qui eux aussi avaient un formidable projet sur l'Amazonie, nous a amenés vers la fiction», explique Thierry Ragobert, 53 ans, dont le projet a mis six ans à exister.

«Nous avons profité de leur connaissance du terrain  tandis qu'eux ont vu dans cette collaboration l'avantage d'une tradition cinématographique française animalière»,  poursuit le réalisateur.

Deux ans de tournage

«Nous voulions immerger le spectateur émotionnellement dans la réalité de cet environnement et pour cela nous avons choisi la fiction. Presque rien n'a été mis en scène, nous avons créé des circonstances pour filmer des comportements», ajoute-t-il.

Pour «trouver l'équilibre entre la fiction qui a structuré le film et la contemplation documentaire», Thierry Ragobert et ses équipes ont eu recours, en accord avec l'Ibama, l'organisme brésilien chargé de la protection de l'environnement, à plusieurs animaux (jaguar, harpie, singes...) dont deux singes capucin (le héros et sa doublure) avec lesquels ils ont passé plusieurs mois dans une réserve pour habituer les animaux à leur présence. Ils ont ensuite tourné pendant deux ans en trois périodes, au nord de Manaus notamment.

Dans ce tournage réalisé «à 100% dans un décor naturel» où Thierry Ragobert dit avoir dû «s'adapter en permanence à l'imprévu», avec des animaux qu'il a refusé de dresser par souci d'authenticité.

«Deux ans de développement, neuf mois d'imprégnation pour les animaux principaux, deux ans de tournage en Amazonie, six mois de développement électronique et mécanique sur les caméras, les optiques, les outils relief et la machinerie ont été nécessaires pour mettre au point le dispositif de réalisation du film, d'un budget total de 15 millions d'euros», selon Laurent Baujard, co-producteur.

«On ne protège que ce que l'on aime», dit, en citant Cousteau, le réalisateur qui dit avoir mis longtemps à trouver son «approche militante, grâce à la fiction, souvent plus efficace que la dénonciation réaliste».