Dans The 33, le sex-symbol espagnol Antonio Banderas incarne le leader des mineurs chiliens ensevelis sous terre en 2010, et dont le sauvetage épique après 69 jours sous terre a tenu le monde en haleine.

Au moment où ce film avec également Juliette Binoche sort aux États-Unis et est à l'affiche du festival AFI à Los Angeles, la star de 55 ans a raconté à l'AFP, cinq ans après la tragédie, comment il s'est passionné pour le sort de ces rescapés, appelant le gouvernement chilien à leur accorder de quoi «vivre dignement».

Que pensez-vous du sort des 33 mineurs, 5 ans après l'effondrement de la mine d'Atacama, au nord du Chili?

Ils ne vont pas bien. Psychologiquement, ils sont très atteints, ils ont gagné très peu d'argent sur les droits d'auteur (issus des livres et du film sur leur histoire) car ils sont 33 (neuf d'entre eux viennent d'attaquer en justice les avocats ayant géré leurs droits, s'estimant floués, ndlr.

Si on pense en termes économiques, ils ont rendu un service extraordinaire à la «marque Chili». Se retrouver en couverture des grands médias du monde entier pour faire l'apologie d'un pays qui a su sauver la vie de ses ouvriers d'une situation désespérée, ça n'a pas de prix. Le gouvernement chilien aurait dû prendre plus grand soin d'eux, et leur donner une indemnité pour leur permettre de vivre dignement (le groupe a reçu une pension à vie de quelque 450 $ par mois, soit la moitié du salaire qu'ils gagnaient en tant que mineurs, ndlr).

Qu'avez-vous appris en faisant ce film? Qu'admirez-vous dans votre personnage, Mario Sepulveda?

Le principal message et que nous pensons que si nous accumulons assez de biens matériels nous trouverons le bonheur, mais c'est un leurre. Il y a une scène qui décrit de manière claire les fantasmes qui leurs passent par la tête à la fin du film, quand il ne leur reste qu'une canette de thon pour 33. Ils doivent regarder la mort en face, et ils pensent à ce qui leur manque le plus: l'étreinte d'une soeur, d'une épouse, d'une mère, un plat de nourriture. Quant à Mario, sans savoir exactement ce qui se passait, il est devenu le meneur (de l'équipe des mineurs) et en même temps les a aidés à garder l'espoir. Ce qu'il fait en réalité, c'est d'étirer le temps avec une certaine discipline sur les repas et sur la manière de faire les choses. Sans lui, les plus vieux ne s'en seraient pas sortis.

Ce tournage a-t-il eu un impact psychologique sur vous? Quels sont vos projets à présent?

Non, mais ce fut un tournage très difficile. Le glamour hollywoodien était totalement absent. Nous avons passé jusqu'à 14 heures dans l'obscurité, dans un froid glacial, respirant du méthane qui nous donnait mal au coeur. Tout ça nous a servi pour donner toute la dimension de l'expérience des mineurs, pour parvenir à un certain réalisme.

De mon côté, je continue à travailler sur des productions hollywoodiennes mais il y a d'autres choses qui m'intéressent dans la vie. J'écris beaucoup, je vais voir si je me mets à la réalisation un de ces jours. Quand on est metteur en scène on peut raconter aux gens comment on voit le monde. Il y a beaucoup de thèmes qui m'intéressent, comme l'immigration. J'ai déjà quelques histoires toutes prêtes là-dessus.