«C'est probablement le plus difficile des films dont j'ai eu à parler avec les médias, parce qu'à tout moment, il est possible de faire un faux pas et de révéler un des éléments-clés de cette formidable intrigue», a indiqué Catherine Zeta-Jones en début de conférence pour Side Effets. Les autres participants approuvent. Les journalistes aussi.

En effet, dans ce thriller médical de Steven Soderbergh, les personnages peuvent ne pas être ce qu'ils paraissent au début. Leurs intentions peuvent en cacher d'autres. Leurs gestes peuvent être interprétés d'une façon... mais est-ce la bonne? Les miroirs sont déformants, les poupées sont russes, les tiroirs sont nombreux.

Le tout commence pourtant de manière assez familière. Une jeune femme, Emily (Rooney Mara, The Girl With the Dragon Tattoo), et son mari, Martin (Channing Tatum), sont enfin réunis après que celui-ci a purgé une peine de quatre ans de prison pour délit d'initié. Ils ont tout perdu, mais sont prêts à tout reconquérir. Du moins, ils le croient. Mais le retour de Martin plonge inexplicablement Emily dans une profonde dépression. Elle tente même de se suicider. Le couple se tourne alors vers la médecine. Ils consultent le psychiatre Jonathan Banks (Jude Law), qui demandera à son tour conseil à une collègue, Victoria Siebert (Catherine Zeta-Jones). Elle avait traité Emily, dépressive, au moment où Martin avait été emprisonné.

Les cartes sont distribuées. Et Steven Soderbergh s'est amusé à les mêler et à changer le jeu en cours de partie, avec la complicité du scénariste Scott Z. Burns (The Bourne Ultimatum). «Le défi pour moi, et il était passionnant, était de coordonner les différentes couches du récit afin que, stylistiquement, tout fonctionne quand les changements se produisent, explique le réalisateur. Nous commençons avec un film A, qui devient un film B, puis un film C. Mais les choix de réalisation, eux, doivent être cohérents. De plus, nous sommes au départ dans le point de vue d'Emily avant de passer, au milieu du récit, à celui de Banks. Il ne faut pas que cela se fasse de manière évidente.»

On le sent, on le voit, le réalisateur d'Ocean's Eleven a eu un plaisir fou à la barre de ce projet, lui qui est toujours aussi prolifique... même après avoir évoqué (encore une fois!) la possibilité de s'éloigner du milieu au moment de la sortie de Contagion, en 2011.

Dans Side Effects, il apprécie ce qu'il appelle «la mathématique de l'histoire» que maîtrise Scott Z. Burns. «Combien d'éléments doivent être mis en jeu? Comment pouvez-vous répondre aux attentes du public en le surprenant et en évitant les clichés? Scott est un grand architecte de ce genre de structure.»

Scott Z. Burns, qui en est à sa troisième collaboration avec Steven Soderbergh (après The Informant! et Contagion) et qui signera les scénarios de Dawn of the Planet of the Apes et The Man From U.N.C.L.E., a commencé il y a une dizaine d'années à penser à ce qui allait devenir Side Effects. Il faisait alors des recherches à l'hôpital psychiatrique Bellevue, à New York, pour la série médicale Wonderland. «J'ai eu envie d'écrire un thriller noir, à la Double Indemnity ou Body Heat, mais dans le milieu de la pharmacologie», raconte-t-il. Le Dr Sasha Bardey, éminent psychiatre habitué aux voies du grand et du petit écran, a agi comme conseiller pendant l'écriture de Side Effects ne serait-ce que pour s'assurer que lorsqu'un médicament, sa posologie et ses effets secondaires sont mentionnés, «tout soit fidèle à la réalité».

«Mais ce n'est pas qu'un film sur la médecine, poursuit le scénariste. Il est aussi question de faute professionnelle, d'impacts légaux de la pratique de la psychiatrie et des médicaments utilisés dans ce domaine», ajoute-t-il.

Side Effects (Effets secondaires) prend l'affiche le 8 février.

Les frais de voyage ont été payés par Les Films Séville.