(Berlin) Le festival du cinéma de Berlin a démarré jeudi avec la première mondiale d’un drame irlandais où joue l’acteur Cillian Murphy, dans un contexte inflammable avec la guerre au Proche-Orient et en Ukraine.

« Je pense que nous sommes là pour voir comment les artistes répondent au monde dans lequel nous vivons actuellement. Je suis curieuse de voir ce qu’ils en font », a déclaré la présidente du jury de la Berlinale, l’actrice mexicano-kényane Lupita Nyong’o, lors de la conférence de presse d’ouverture à Berlin.

Lupita Nyong’o est la première personnalité noire de l’histoire de la Berlinale à présider le jury, chargé de départager les 20 films en compétition pour l’Ours d’or, la plus haute récompense du festival.

La manifestation berlinoise, qui a lieu du 15 au 25 février, ouvre le bal des trois grands festivals européens, avant Cannes en mai et Venise en septembre.

Pour sa 74e édition, elle présente une programmation éclectique avec des réalisateurs et acteurs du monde entier, des vedettes, des documentaires politiques et du cinéma d’art et d’essai.

Small Things Like These (Ce genre de petites choses), dans lequel joue Cillian Murphy, l’un des favoris dans la course aux Oscars cette année, est la première œuvre présentée parmi les 20 films en compétition.

Adaptation du best-seller de l’Irlandaise Claire Keegan, il s’inspire de faits réels sur les filles-mères exploitées par des sœurs catholiques.

Dirigé par le cinéaste belge Tim Mielants, Cillian Murphy incarne un père dévoué qui découvre le secret des blanchisseries de la Madeleine : entre les années 1920 et 1990, dans des couvents, des nonnes maintenaient en servitude de jeunes femmes après avoir donné à l’adoption leurs bébés, nés hors mariage.

Scorsese honoré pour sa carrière

PHOTO CHRIS PIZZELLO, ARCHIVES INVISION/ASSOCIATED PRESS

Martin Scorsese

Parmi les vedettes attendues à Berlin, le légendaire réalisateur américain Martin Scorsese se verra remettre un Ours d’or d’honneur pour sa carrière.

Le festival, qui s’est toujours caractérisé par son engagement politique, est particulièrement confronté aux tensions cette année.

Lors de la conférence de presse du jury jeudi, Lupita Nyong’o et le réalisateur allemand Christian Petzold ont été interrogés par un journaliste sur leur signature en décembre dernier d’une lettre ouverte appelant au cessez-le-feu à Gaza.

« Je suis toujours pour la paix et je prône la discussion, ce que nous ferons ici, espérons-le », a répondu le réalisateur allemand.

Questionné sur la décision de la direction du festival d’annuler l’invitation faite à des élus du parti allemand d’extrême droite AfD à la cérémonie d’ouverture, Christian Petzold a répondu que ces « cinq types » importaient peu.

« Il y a des centaines de milliers de personnes (en Allemagne, NDLR) qui manifestent contre eux et ils sont bien plus importants que ces cinq personnes », a-t-il dit sous les applaudissements.

Juste avant l’ouverture du festival, une trentaine de personnes travaillant dans le milieu artistique à Berlin ont brandi des panneaux avec le message « no seats for fascists anywhere » (pas de sièges pour les fascistes nulle part, NDLR).

Cette année, la Berlinale fait la part belle au cinéma en provenance du continent africain, ce dont s’est félicité Lupita Nyong’o.

« J’ai hâte de voir ces œuvres et je ne serai jamais rassasiée d’en voir davantage », a-t-elle dit.

Jusqu’ici, aucun cinéaste africain n’a remporté l’Ours d’or. Parmi les vingt œuvres en lice pour cette récompense suprême, se trouve notamment Black Tea, une histoire d’amour dans la communauté africaine de Canton du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako et Dahomey de la Franco-Sénégalaise Mati Diop, un documentaire sur la restitution des trésors royaux d’Abomey au Bénin, pillés lors de la colonisation du pays.

Sont également en compétition L’empire, remake fantasque de Star Wars par le réalisateur français Bruno Dumont et Hors du temps de son compatriote Olivier Assayas, une mise en abyme autobiographique retraçant le confinement d’un réalisateur et de son frère.