Révélée dans la série Yellowjackets, Sophie Thatcher est la tête d’affiche du film The Boogeyman, inspiré d’une nouvelle de Stephen King. La Presse a discuté de mort et de monstre avec la comédienne de 22 ans.

L’une des premières expériences devant la caméra de Sophie Thatcher fut dans la série The Exorcist, en 2016. Quelques années plus tard, elle a décroché des rôles principaux dans les séries When the Streelights Go On puis Yellowjackets. Sans être purement de l’horreur, celles-ci peuvent être angoissantes et, surtout, placent des adolescents dans des situations qu’ils ne devraient jamais vivre.

Si Sophie Thatcher excelle dans ce genre de rôle, c’est probablement parce qu’elle aime les jouer. « J’adore l’horreur ! C’est un genre qui permet d’explorer de nombreux thèmes, remarque l’actrice de Chicago. Stephen King est vraiment bon pour aborder les enjeux de santé mentale dans des œuvres psychologiquement complexes et multidimensionnelles. C’est aussi excitant de se retrouver dans des histoires complètement folles qui, quand je suis plongée dans mon personnage, me font vivre des choses que je n’aurais pas vécues autrement. »

Dans The Boogeyman, les personnages de Sophie Thatcher, Sadie Harper, et de sa petite sœur Sawyer, incarnée par Vivien Lyra Blair (la jeune princesse Leia dans la série Obi-Wan Kenobi), sont doublement éprouvés. Leur mère est morte récemment et elles sont aussi hantées par le croque-mitaine qui s’est installé dans les coins sombres de leur maison.

« On ne le voit pas dès le début, explique-t-elle. La tension monte graduellement alors qu’on apprend à connaître les personnages et qu’on sympathise avec eux. L’attente le rend encore plus terrifiant, selon moi. Je crois aussi qu’il n’y aurait pas de monstre sans le deuil puisqu’il se nourrit de leur vulnérabilité. »

Selon Sophie Thatcher, son personnage parvient néanmoins à affronter la bête et à défendre les siens grâce à cette même vulnérabilité.

Quand on la rencontre pour la première fois, elle est très détachée, tant de sa famille que de ses amis. Perdre un parent si jeune est terrible. Elle est en quelque sorte endurcie, car elle a vécu le pire.

Sophie Thatcher

« Aussi, puisque son père n’est pas émotivement présent, elle doit prendre la place de sa mère et s’occuper de sa sœur, ce qui l’oblige à grandir vite », ajoute-t-elle.

Former une famille

Ce père est incarné par Chris Messina (Air, Sharp Objects). Psychologue mal chaussé, il ne trouve pas la force de parler à ses filles de leur peine commune. Une collègue fait donc le suivi auprès d’elles, alors qu’il continue de recevoir des patients à la maison. La visite imprévue d’un homme étrange désirant une consultation immédiate marquera le début des mésaventures macabres de la famille.

PHOTO PATTI PERRET, FOURNIE PAR 20TH CENTURY STUDIOS

Sophie Thatcher, Chris Messina et Vivien Lyra Blair forment la famille Harper dans The Boogeyman.

Afin de rendre plus crédibles la peur et la tristesse, mais aussi la complicité et la solidarité des Harper, le trio d’acteurs a appris à se connaître lors de quelques sorties. « Notre dynamique de famille s’est créée naturellement, car nous nous sommes immédiatement bien entendus en plus de nous découvrir des intérêts communs, raconte Sophie Thatcher. Comme moi, Vivien aime la musique et aime écrire. Elle est tellement brillante et mûre pour son âge. Nous sommes réellement devenues des sœurs. »

Affronter le monstre

Bien que l’épreuve du deuil soit au cœur du récit, le long métrage de Rob Savage (Host, Dashcam) demeure un film avec un gros monstre cauchemardesque. Sophie Thatcher a donc dû naviguer entre l’accablement et l’effroi ; des sentiments connexes, mais qui ne s’expriment pas de la même façon.

« Puisque tu ne peux pas puiser spécifiquement dans un vécu semblable à celui du personnage, tu dois t’inspirer d’expériences personnelles très différentes, utiliser ton imagination et trouver le bon état d’esprit, explique-t-elle. Je me concentrais sur ma respiration, sur le moment présent. La musique m’aide aussi beaucoup à m’amener où je veux être parce qu’elle rend certaines émotions plus accessibles. »

Mais parfois, il en faut un peu plus. « Pour certaines prises, ma peur doit être dans le plancher dès le début. Le réalisateur faisait des trucs pour me surprendre comme des sons bizarres ou il lançait des livres, ce qui provoquait instantanément une peur folle. »

The Boogeyman est actuellement à l’affiche.