Si des ados ou de grands adulescents orbitent dans votre entourage, vous connaissez assurément l’auteure américano-coréenne Jenny Han ou, du moins, vous connaissez les univers bonbon à la John Hughes qu’elle dépeint dans ses bouquins et ses téléséries.

Les trois films de Netflix dérivés des livres À tous les garçons que j’ai aimés (To All the Boys I’ve Loved Before) ? C’est elle, Jenny Han. La série d’Amazon Prime Video L’été où je suis devenue jolie (The Summer I Turned Pretty) ? C’est encore elle, Jenny Han.

Et depuis deux semaines, la dernière création télé de Jenny Han, romancière et scénariste de 42 ans, caracole au sommet du palmarès de Netflix, écrasant des superproductions comme La reine Charlotte et Du soleil à revendre. Il s’agit de XO, Kitty, une charmante et sucrée comédie romantique pour ados, qui a été tranchée en 10 épisodes de 30 minutes.

Contrairement à Heartstopper ou Mes premières fois, qui renferment des intrigues disons plus audacieuses, XO, Kitty se révèle chaste et beaucoup moins salace.

C’est que l’héroïne de la série, Kitty Song Covey, entre en cinquième secondaire et n’a jamais embrassé de garçon.

Stop. Parle-t-on ici de Kitty la petite sœur espiègle de Lara Jean Song Covey, que l’on a vue dans la trilogie de films À tous les garçons que j’ai aimés ? Oui, cette même Kitty-là. La petite vlimeuse qui avait posté les lettres manuscrites que sa grande sœur avait écrites à cinq de ses béguins. Cette Kitty taquine obtient son propre spinoff mignon, à l’intrigue rapide et au contenu extraguimauvé.

Alors, Kitty a maintenant 16 ans, elle ne porte plus de lunettes ni de lulus et elle correspond toujours par texto avec Dae Heon Kim, qu’elle a rencontré lors d’un voyage familial à Séoul, quatre ans auparavant. Pour Kitty, Dae est son petit ami. Elle lui confie tous ses secrets (hou !) en FaceTime et espère bientôt déposer ses lèvres sur les siennes, un projet jalonné d’embûches, car Kitty habite Portland, en Oregon, et Dae vit en Corée du Sud.

Entre vous et moi, nullement besoin d’avoir vu les trois films originaux pour embarquer dans XO, Kitty. Clairement, on n’est pas dans Game of Thrones ici et tisser des liens entre les personnages ne nécessite pas une mappemonde médiévale, un registre paroissial et un sextant.

Dès le premier épisode, Kitty orchestre un plan (réussi !) pour se rapprocher de son amoureux épistolaire Dae. Elle remporte une bourse d’études d’un an à la Korean Independent School of Seoul (KISS, quel hasard !), où étudie, évidemment, le bon Dae. Autre coïncidence : la mère biologique de Kitty, d’origine sud-coréenne, a également obtenu son diplôme de l’école KISS en 1993, 30 ans auparavant. Uh-oh. Nostradumas, qui en a vu d’autres, à son âge vénérable, a rapidement prédit quelques revirements majeurs de cette histoire à rebondissements improbables.

Mais comme on dit dans l’univers du « teen drama », ce n’est pas le point d’arrivée qui compte, mais bien le chemin que l’on emprunte pour s’y rendre, OK ?

Avec l’accord de son père un brin taouin, toujours joué par Aidan dans Sex and the City, Kitty atterrit à Séoul et son plan magique s’effondre. À la fois débrouillarde, rusée et gaffeuse, Kitty croise le fer avec une rivale, Yuri, future héritière d’une prestigieuse chaîne d’hôtels. Elle en découd aussi avec un de ses colocataires, Min Ho, un riche séducteur dont la maman actrice remporte un vif succès à Hollywood.

PHOTO MICHAEL TRAN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les acteurs Minyeong Choi, Sang Heon Lee, Anna Cathcart, Gia Kim et Anthony Keyvan lors de la première de XO, Kitty présentée à Los Angeles, il y a une semaine

Bref, les quiproquos – en coréen et en anglais – s’enchaînent dans XO, Kitty, les malentendus aussi, et on devine que tous les conflits se résorberont sur fond de musique K-Pop.

Par contre, vous ne verrez pas dans XO, Kitty les deux grandes sœurs de Kitty ni le fameux Peter Kavinsky, un rôle qui a catapulté le comédien Noah Centino dans tous les fils Instagram de ses admiratrices. On évoque ces personnages sans jamais les apercevoir.

XO, Kitty s’inscrit dans cette vague de culture pop influencée ou façonnée par la Corée du Sud, qui grossit sans cesse.

Fin avril, le supergroupe féminin Blackpink a donné un gigantesque concert dans le cadre du festival Coachella, en Californie. La K-Drama gagne sans cesse des adeptes, que l’on pense au succès planétaire de Squid Game et à tous les titres très regardés de Netflix dont Extraordinary Attorney Woo, The Glory, Queenmaker, Signal ou Black Knight.

On parle depuis plusieurs années de K-Wave – la hallyu – pour décrire l’influence mondiale de la Corée du Sud dans plusieurs sphères culturelles. Qu’il s’agisse de la chanson Gangnam Style, du groupe BTS, des films Parasite et Minari, de Beef sur Netflix, des téléphones futuristes manufacturés par Samsung ou même de la K-Beauty, qui pullule sur les réseaux sociaux.

La K-Beauty ? Ouais. C’est un rituel de plusieurs étapes, qui se répète soir et matin, et qui donne une peau du visage lisse et pure. Selon le géant des cosmétiques Sephora, l’autorité suprême en soins corporels, n’ayons pas peur des mots, « là-bas [en Corée du Sud], avoir une peau nette, lumineuse, uniformisée et sans imperfection est une véritable institution ».

Hydratation, protection et Jung Hoyeon !