L'histoire de cette minivoiture des années 50 est unique à plusieurs égards. D'abord, il s'agit de la première auto entièrement conçue aux États-Unis, mais construite en Europe pour importation sur notre continent.

À une époque où le succès et le rang social se mesuraient à la longueur de la voiture que l'on conduisait, les dirigeants de la Nash Motor Company ont décidé d'offrir aux consommateurs nord-américains un mode de transport économique. Dire qu'ils étaient légèrement en avance sur leur temps serait un euphémisme...

Cette décision a abouti à la réalisation d'un concept baptisé NXI (Nash Experimental International), oeuvre du designer indépendant William J. Flajole.

Sachant qu'il serait trop onéreux de construire cette voiture en Amérique du Nord, Nash Motors a choisi deux sociétés britanniques, Fisher&Ludlow pour la production de la carrosserie et Austin Motor Company pour les éléments mécaniques et l'assemblage final.

C'est ainsi que la Nash Metropolitan est débarquée aux États-Unis et au Canada en mars 1954. La mini américaine, plus courte qu'une Volkswagen et avec un empattement de 216 cm (85 po), nous est arrivée en deux versions: un coupé et un cabriolet deux portes.

Si la célèbre Coccinelle se distinguait par son minimalisme, la Metropolitan cherchait à séduire par des équipements considérés comme luxueux à l'époque, notamment une lampe de lecture, des essuie-glaces électriques (et non à dépression), un allume-cigare, une roue de secours perchée sur le pare-chocs arrière avec couvercle assorti à la carrosserie, à la «Continental».

Mentionnons aussi les sièges recouverts de velours côtelé Bedford garni de cuir, la radio AM, la chaufferette et les pneus à flancs blancs en option. En somme, une petite au luxe abondant qui préfigurait les sous-compactes d'aujourd'hui. C'est pour vous dire que les dirigeants de Nash avaient vu loin...

Parmi les autres attraits avant-gardistes de la Metropolitan, mentionnons la structure monocoque rigide et légère, alors que l'automobile américaine vivait essentiellement à l'ère de la structure à châssis séparé de la carrosserie. Le seul élément évoquant l'automobile américaine était l'allure générale de la Metropolitan qui reprenait, en plus petit, le dessin des Nash de l'époque.

Nash espérait ainsi que le public reconnaîtrait en la Metropolitan une vraie américaine, un souhait d'ailleurs soutenu par une publicité annonçant «Une nouvelle classe de voiture américaine», «Le luxe en miniature», «Façonnée avec soin pour le transport personnel».

Mais sur un marché déjà dominé par les trois grands et leur philosophie du «toujours plus grand», cette originale création a eu bien du mal à s'imposer. Surtout que l'argument de la faible consommation (6 L/100 km sur route) avait peu de chance de séduire les acheteurs habitués à l'essence bon marché.

Près de 95 000 unités ont été produites jusqu'en 1961 et les dernières ont été vendues comme modèles 1962, à l'instar de celle qui illustre notre chronique.

Comme il fallait s'y attendre, une création aussi originale avait de bonnes chances d'acquérir un statut privilégié auprès des célébrités et des collectionneurs.

C'est ainsi que l'adorable Metropolitan a su séduire Phil Collins, Jay Leno, la princesse Margaret, Paul Newman et sa femme Joanne Woodward ainsi qu'Elvis Presley. Sans oublier Denise Gagnon, de Montréal, qui roule depuis 2006 dans cet impeccable cabriolet Metropolitan qu'elle a reçu en cadeau de son cher François.

«Quand j'étais petite, je me souviens d'avoir vu une Metropolitan garée devant la maison. Elle ressemblait à une voiture de poupée», précise Denise.

«Je l'ai trouvée à Detroit, chez une dame qui en était la deuxième propriétaire. La voiture n'avait jamais vu la pluie et avait été très bien restaurée. Dans le garage chauffé, elle reposait sur un tapis persan...» raconte François Taborelli. «Quant à la grande clé qui se trouve sur l'arrière, elle tourne lorsque la voiture avance, ce qui la fait ressembler encore plus à une voiture pour enfant. C'est un gadget qu'on pouvait se procurer. On m'a même demandé si c'était une voiture amphibie à cause de cette clé qu'on pourrait prendre pour une hélice...»

Nous ne saurons donc jamais si elle flotte, la petite Metropolitan, mais ses heureux propriétaires nous confirment qu'elle roule très bien, merci.