On a abondamment parlé du projet Téo, du fait que l'homme d'affaires Alexandre Taillefer avait révolutionné l'industrie en investissant 250 millions dans son projet avec ses véhicules électriques et ses chauffeurs salariés. Mais comment fonctionne Téo réellement ?

« Notre développement est loin d'être parfait, mais ce qu'on fait aujourd'hui est bien différent de ce que l'on faisait il y a un an, explique Thierry Saint-Cyr, chef de l'exploitation chez Téo. Notre modèle est construit à partir de zéro. Nous sommes les premiers à développer un système du genre. »

Ainsi, on a trouvé le moyen de faire communiquer ensemble différents logiciels de répartition du parc automobile, de gestion d'horaire, d'autopartage et de location d'auto entre particuliers. Il a fallu faire ainsi pour gérer le déploiement des voitures, l'accès aux véhicules, le repérage par satellite, la surveillance des niveaux de charge, entre autres choses.

Photo: Martin Tremblay, La Presse

Casse-tête

« On développe aussi une nouvelle matrice avec algorithme développé en fonction de la demande des clients, explique Thierry Saint-Cyr. Car c'est un casse-tête d'assurer une flexibilité dans les horaires de nos chauffeurs, surtout que l'on est hypersensible aux aléas de la température. » Dans le modèle traditionnel, les chauffeurs ont leurs propres permis et choisissent de travailler quand bon leur semble. Téo a choisi d'en faire des salariés, elle doit donc gérer leur horaire.

Ingénieur de formation qui a été député bloquiste de 2006 à 2011, M. Saint-Cyr nous confie que l'autre grand défi est d'assurer un service rapide aux clients. On travaille ici aussi à raffiner les algorithmes des logiciels pour accélérer les processus. Notamment en ce qui a trait à l'état du réseau routier. « Pour l'instant, on utilise les données générées par Google, mais on veut éventuellement pouvoir se fier à nos données en s'appuyant sur nos propres taxis Téo, Diamond et Hochelaga, soutient M. Saint-Cyr. Le niveau de densité de nos voitures aura un effet de volume pour les informations disponibles. Pour l'instant, nos estimations sont biaisées par les travaux et autres impondérables. »

Le Big Mac du taxi

« Dans l'industrie du taxi classique, le client ne peut pas choisir son produit, il ne peut pas savoir s'il aura un bon service ou non, soutient Thierry Saint-Cyr. Ce qui est particulier chez Téo, c'est que le service est constant. On sait à quoi s'attendre, comme avec un Big Mac. »

C'est aussi pourquoi on essaie de rendre l'application mobile conviviale et ludique. Même chose pour l'habitacle des voitures, où la tablette destinée aux passagers va bientôt se synchroniser aux préférences enregistrées dans l'application client, notamment pour le choix du contenu vidéo, de la musique ambiante ou de la température de l'habitacle.

Pour l'instant, seul le centre-ville est desservi par Téo, à part pour les clients d'affaires, qui peuvent être cueillis ailleurs que dans la zone T11. « Cela va peut-être évoluer en fonction de la densité de notre présence, laisse entendre Thierry Saint-Cyr. Mais cela va nécessiter des aménagements réglementaires. »

Pour l'instant, toutefois, Téo consacre son énergie à exporter son modèle. Ça commencera par Québec à la fin du mois de juin 2017. « Tout ce que l'on développe est destiné à la revente partout dans le monde, affirme le chef de l'exploitation de Téo. On sera bientôt à Québec, cela nous permettra de tester la mécanique de reproduire le modèle ailleurs. »

Photo: Hugo-Sébastien Aubert, La Presse