Les carrosseries rutilent et les maniaques d'auto salivent. La formule du salon de l'auto fonctionnait à plein hier, au Palais des congrès alors que, à l'extérieur, le climat économique était à l'image de la température: glacial.

Même le dépouillement total de la zone Chrysler ne freine pas l'enthousiasme. Ici, crise oblige, aucun écran lumineux ni plateau tournant: les autos sont posées sur un terne tapis gris.

 

«Ça a de la classe, dit Richard, un travailleur de la construction de Candiac. Il y a de l'espace pour circuler, c'est merveilleux.»

Mais la conscience du climat économique et la mémoire des prix de l'essence de l'été dernier ne sont pas très loin, selon son collègue Claude, de Mirabel. «On est venus voir si les pick-up sont plus économiques, dit-il. Mais il n'y a pas une grande différence.»

Difficile à croire avec l'affluence au salon mais, en novembre 2008, les ventes de voitures avaient décliné de 9,6% par rapport à l'année précédente, selon les dernières données de Statistique Canada. Le repli touche surtout les voitures construites en Amérique du Nord, dont les ventes ont chuté à leur plus bas depuis plus de 15 ans.

Certains visiteurs étaient donc à l'affût d'aubaines, à l'instar de Réal Moreau, de Lachenaie. «Je suis surtout venu voir si on peut avoir des hybrides à prix concurrentiel», dit-il en sortant d'une Chevrolet Malibu hybride. M. Moreau prévoit changer de voiture au mois de mai et tient à économiser le carburant. «On ne peut pas se fier à la chute des prix de l'essence», dit-il.

En revanche, l'avenir de General Motors ne l'inquiète pas. «Ils vont abandonner certains produits et, même s'ils se départent de certains cadres qui coûtent une fortune, ils vont passer au travers. Mais ce qui est déplorable, c'est que l'argent que donne le gouvernement ne revient pas aux consommateurs.»

L'aide de 4 milliards fournie par le Canada à GM et Chrysler fait rager Emery Deli, un visiteur rencontré dans le stand Audi. «Je suis complètement contre l'intervention des gouvernements, qui viennent aider des dinosaures, dit-il. Ça fait à peu près 40 ans que les Américains ne savent plus faire d'automobiles. Et je ne comprends pas pourquoi on ne voit jamais ici les produits européens des compagnies américaines.»

Il y a quand même des commerçants qui trouvent leur compte dans un climat aussi défavorable.

Les ventes de DAI, de Laval, ont plus que doublé, selon Kevin Gibson, rencontré au salon. «On vend des mags (des jantes en alliage), dit-il. Les affaires vont très bien avec la nouvelle loi sur les pneus d'hiver obligatoires. Les gens ne veulent pas avoir des roues en acier. Ce n'est pas beau. Alors ils nous achètent des roues avec leurs pneus d'hiver.»

Rencontré au stand de Ford, Donald, propriétaire d'un garage de Chesterville, dans les Bois-Francs, dit qu'il est venu «rêver». Ses affaires vont bien. «On répare des autos accidentées et on les revend, dit-il. On a des autos de l'année à moitié prix. C'est sûr qu'on va avoir de la demande si les gens ne sont plus capables de se payer du neuf.»