Dans la communauté du sport automobile aux États-Unis, Roger Mandeville est un nom respecté qui commande l'admiration de ses pairs. Ce patronyme à forte consonance francophone est aussi celui d'un Québécois né à Drummondville il y a une bonne cinquantaine d'années et qui manifeste une certaine gêne d'avouer qu'à part quelques mots usuels, il ne parle pas français. On lui pardonne quand on réalise qu'il était encore enfant quand ses parents ont déménagé à Spartansburg, en Caroline du Sud.

Une rencontre fortuite au circuit de Palm Beach International Raceway nous a permis d'en apprendre davantage sur son histoire fascinante.

Si vous êtes un fanatique du moteur rotatif, vous avez sans doute déjà remarqué le nom de Roger Mandeville, qui a passé la majeure partie de sa carrière à défendre les couleurs de Mazda à la grandeur de l'Amérique dans la série IMSA. Il a fait triompher cette mécanique très particulière, aussi nommée «moteur Wankel», du nom de son inventeur allemand.

Roger a débuté modestement en 1971, pilotant des RX-3 et RX-2 jusqu'à ce que Mazda s'intéresse à ses efforts. Comme la firme d'Hiroshima s'apprêtait à dévoiler la première version de la RX-7, le modèle qui allait devenir la plateforme publicitaire du moteur rotatif, elle confia à Mandeville le soin de représenter son équipe d'usine en 1979. Petit à petit et au fil de plus de 200 courses, l'ex-québécois signa une quinzaine de victoires importantes, montant sur le podium à maintes reprises. Une RX-7 à châssis tubulaire fut même construite, ce qui permit d'améliorer considérablement les performances de la voiture.

Du musée à la piste

Après une carrière florissante en course, Roger Mandeville a pris une semi-retraite et fréquente toujours les circuits où l'on peut le voir piloter divers modèles de voitures anciennes d'une valeur inestimable dans des épreuves «vintage». Par exemple, quand le conservateur du musée automobile Collier de Naples en Floride a besoin de «faire prendre l'air» à ses autos de collection, il fait appel à Roger. C'est ainsi que le weekend où nous l'avons croisé au West Palm Beach International Raceway, il pilotait une magnifique Cooper Climax, la première voiture de Grand Prix à moteur arrière qui fut conduite par des sommités comme Stirling Moss et Jack Brabham pendant les années 50.

Le même jour, l'ami Mandeville alternait entre la Cooper et une autre rareté, une Lancia D50 de Formule 1, une monoplace construite en 1954 et qui innovait avec un moteur servant comme l'un des éléments du châssis. Seulement six exemplaires de ce modèle ont été fabriqués avant que Lancia (aujourd'hui membre du groupe Fiat) éprouve des ennuis financiers qui ont entraîné sa reprise par Ferrari, d'où la double identité de cette monoplace, la Lancia D50 Ferrari 800.

De se voir confier de tels trésors sur roues illustre assez bien toute l'admiration et la confiance que l'on a en Roger Mandeville, l'expatrié québécois que la colonie du sport automobile américain a adopté.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Une autre voiture de collection célèbre appartenant au musée Collier de Naples est cette Lancia D50 de 1954 dont seulement six exemplaires furent construits.