De prime abord, la nouvelle annoncée la semaine dernière par le gouvernement de l'Ontario voulant qu'une prime de 10 000 $ soit consentie aux acheteurs de voitures électriques apparaît comme une bénédiction.

Or, tout le monde n'applaudit pas au geste posé par les instances gouvernementales. L'un des plus véhéments à ce sujet est sans aucun doute le vice-président exécutif de Honda Canada, Jerry Chenkin, qui tolère mal le scénario de l'annonce de la nouvelle autant que son contenu.

 

On peut en effet soulever le voile du conflit d'intérêts quand on constate que cette annonce précipitée a été faite dans la salle d'exposition d'un concessionnaire General Motors où l'on avait installé le prototype de la future Volt. Or, il se trouve que le gouvernement du Canada est en partie actionnaire de General Motors, un rôle dont il a hérité par sa participation à la restructuration de la compagnie il y a quelques mois.

 

De toute évidence, on fait face à un sérieux problème et M. Chenkin a très hâte de s'entretenir avec M. McGuinty, le premier ministre ontarien, à ce sujet. Il tient notamment à lui faire valoir énergiquement que Honda Canada s'estime floué dans cette affaire et que la compagnie demeure un des plus importants employeurs canadiens de l'industrie automobile avec les 5000 travailleurs de ses usines d'Alliston en'Ontario.

Aucune voiture éligible

«Le gouvernement a sorti GM du pétrin, c'est maintenant chose faite et on souhaiterait que cela n'aille pas plus loin» d'affirmer le représentant de Honda lors d'une conférence de presse impromptue en fin de semaine à Québec à l'occasion du lancement de l'Insight hybride. Il estime que la pire chose qui puisse arriver à l'industrie automobile est l'intervention des gouvernements.

Aussi pieuse que soit l'offre d'un cadeau de 10 000 $ aux acheteurs de voitures électrique, il n'en reste pas moins qu'il n'existe à l'heure actuelle aucun véhicule répondant à cette définition. Facile d'offrir un tel cadeau quand personne ne peut en profiter. Il faudra aussi lire les petits caractères des conditions d'éligibilité à cette remise.

Si Honda est particulièrement amer dans cette histoire, c'est que la compagnie a dû financer elle-même au coût de 2 millions et demi de dollars le rabais gouvernemental du programme Eco qui récompensait les acheteurs d'une voiture consommant moins de 6,5 litres aux 100 km. Or, la Honda Civic était alors cotée à 6,6 litres aux 100 km.

 

Qui avait tranché la ligne de façon aussi péremptoire? On ne l'avait pas digéré et on digère encore moins que le gouvernement ontarien se place carrément dans une situation de conflit d'intérêts en promettant de subventionner les voitures électriques, dont le seul exemplaire à court terme est un produit General Motors.