«Eau rouge»! Voilà deux mots qui font grimper subito presto la tension artérielle des pilotes de F1 les plus intrépides.

Ils désignent le virage qui est à la fois le plus rapide, le plus intimidant et le plus valorisant de tous les circuits de course parsemant le calendrier des Grands Prix de F1. Ce redoutable virage a aussi la distinction de faire partie du circuit préféré de la plupart des pilotes de course du monde, celui de Spa Francorchamps en Belgique.

 

J'en sais quelque chose puisque je viens de faire provision d'adrénaline pendant deux jours sur cette piste mythique qui a vu rouler tous les champions du monde, de Fangio à Schumacher. Tous ont eu la trouille à leur première rencontre avec Spa, précisément en abordant «Eau rouge», un virage en S pentu dans lequel on entre en braquant très légèrement vers la gauche, puis vers la droite avant de revenir sur la gauche à plus de 325 km/h dans une formule 1 moderne. Omettez de suivre la trajectoire imposée et c'est la sortie de piste assurée. Passer «Eau rouge» à fond est pour n'importe quel pilote un défi inouï qui se renouvelle à chaque tour. L'expérience ne devient jamais répétitive comme j'ai pu le constater lors de ce séjour au volant de voitures très performantes, mais combien inoffensives par rapport à une F 1.

D'autres caractéristiques font du circuit de Spa un endroit unique en course automobile. Avec ses 6,96 km, c'est le plus long en utilisation et son emplacement au milieu des Ardennes y rend la température rapidement changeante. Il arrive même qu'il pleuve à un endroit et non pas sur l'entièreté de la piste. Cela a d'ailleurs déjà donné lieu à un carambolage fracassant qui élimina 13 des 22 voitures en piste.

Bref, rouler à Spa sans en assimiler au préalable tous les pièges est un geste quasiment suicidaire. Fort heureusement, il existe des écoles comme l'Académie de Conduite AMG qui y tienne régulièrement des séances d'apprentissage.

Photo Jacques Duval, Collaboration Spéciale

23 Mercedes AMG sur la ligne de départ du circuit de Spa attendent autant de pilotes soucieux d'améliorer leurs performances au volant.

Des Mercedes fortifiées

Chaque année, 20 000 Mercedes de toutes les dénominations font un petit détour à leur sortie d'usine. Elles s'arrêtent aux ateliers d'AMG d'où elles ressortent badgées et fortifiées avec des suspensions rigidifiées, des moteurs gonflés (entre 400 et 661 chevaux), et des réglages conçus pour en optimiser les performances. Pas moins d'une dizaine de modèles, y compris l'utilitaire sport ML, peuvent ainsi être revus et corrigés pour ceux et celles qui trouvent les Mercedes trop peu véloces en dépit de vitesses de pointe atteignant les 250 km/h.

 

Ces voitures (ou camions) n'ont qu'une seule raison d'être: faire plaisir à leurs propriétaires. Cet agrément n'est toutefois pas gratuit et nécessite une profonde connaissance de la voiture et du terrain sur lequel elle sera appelée à rouler, préférablement une piste de course tellement les routes, par leur condition et leurs limites, ne se prêtent plus très bien à la conduite purement sportive.

Voilà la raison de ma présence sur le circuit de Spa-Francorchamps au volant d'une AMG de mon choix. J'alternerai, pendant mes deux jours à cette école de la vitesse, entre une SLK 55 de 400 chevaux, une CLK 63 Black Series (500 ch.) et une SL 65 Black Series (661 ch.).

Photo Jacques Duval, Collaboration Spéciale

La voiture qui a le plus impressionné les représentants de Monvolant (Éric LeFrançois-Jacques Duval) fut cette Mercedes CLK AMG Black Series.

Un «prof» champion

 

Mon «prof» s'appelle Thomas Jäger, il est coureur automobile (Porsche Cup) et il boucle ses fins de mois en enseignant comment conduire correctement et sportivement des Mercedes-Benz AMG, tantôt ici à Spa, tantôt sur la boucle nord du Nurburgring (un autre circuit légendaire) ou à Hockenheim. Il est entouré d'une brochette de pilotes allemands, dont Bernd Schneider qui a déjà tâté de la Formule 1 avant de gagner à 5 reprises le championnat allemand DTM pour voitures de tourisme.

Attitrés à l'Académie de conduite AMG, ces pilotes professionnels enseignent les rudiments du métier dans un programme comportant 4 étapes distinctes: basic, advanced, pro et masters. Avec les autres journalistes invités, nous étions au niveau 2 qui s'attarde sur les techniques de virage, les bonnes trajectoires et les points de freinage.

Thomas, notre instructeur, tient d'abord à nous faire la démonstration que la grande majorité des automobilistes (coureurs ou non) sous-estiment la puissance de freinage des voitures modernes. Et l'on s'en rend bien compte au premier test où tout le monde ralentit beaucoup plus que ne l'exige le virage suivant. Un autre point crucial dans la pratique d'une conduite sûre et rapide est de s'inscrire dans un virage lentement et d'en sortir rapidement. Notre homme doit savoir de quoi il parle puisqu'un communiqué vient m'informer à l'instant qu'il a réalisé le meilleur temps aux qualifications de sa prochaine course pour finalement gagner l'épreuve le lendemain.

Espionné par un appareil qui enregistre chacun de nos gestes, notre instructeur sera en mesure, le soir venu, de pointer les endroits où nous avons fauté. Le même exercice le lendemain permet de suivre les progrès de chacun des participants et d'apprendre lequel a le mieux négocié «Eau rouge». Sans les artifices aérodynamiques que l'on trouve dans une vraie voiture de course, on y roule deux fois moins vite que dans une F1, c'est sûr.

Photo Jacques Duval, Collaboration Spéciale

Notre instructeur Thomas Jäger fait la démonstration de la ligne parfaite pour négocier «Eau Rouge».

La bonne position de conduite

 

Lorsqu'on lui demande un conseil à l'intention de nos lecteurs, Thomas rappelle que beaucoup trop de gens adoptent une mauvaise position de conduite qui, lors d'une manoeuvre d'urgence, les empêchera de faire les corrections nécessaires rapidement. Les mains doivent se situer aux positions 9 h et 3 h avec les bras et les jambes à demi allongés.

Si ce genre de programme vous met l'eau à la bouche, mais que vous ne disposez ni du temps, ni de l'argent (environ 4000$) nécessaire pour vous rendre à Spa ou à un autre circuit européen, rappelons que Mercedes-Benz du Canada propose des programmes d'initiation à la conduite sportive qui se tiennent aux circuits de Mosport en Ontario, St-Eustache et Mont Tremblant au Québec (visitez «Mercedes-Benz.ca/academiedeconduite» ou téléphonez au 1-866-577-6232) L'exotisme n'est évidemment pas le même et les virages sont moins légendaires, mais les cours sont tout aussi professionnels et enrichissants pour tous ceux et celles qui désirent expérimenter les émotions de la conduite ultime en toute sécurité.