La patience n'habite plus chez moi. Elle m'a quitté la semaine dernière. Quand? Le lundi 20 juin vers 13h. Je le sais, je l'ai vue partir dès que mes yeux se sont posés sur ma Ur-Quattro 1985, ma voiture de collection personnelle.

Elle posait là, dehors, toute poussiéreuse, le capot légèrement entrouvert. Elle avait retrouvé ses phares, son pare-chocs avant et rien ne laissait croire qu'elle avait subi au cours de l'hiver une transplantation mécanique importante. D'une cylindrée de 2,2 litres, son nouveau moteur brille comme une médaille d'or. Hormis deux bouts de tuyau bleu électrique, la sobriété règne dans cette antichambre. Les éléments mécaniques ont été peints en noir ou en gris. Pas de rouge, de jaune ou autre couleur criarde pour souligner les différences. Pas mon genre.

Du vilebrequin jusqu'aux soupapes (maintenant 20, le double d'autrefois), ce cinq-cylindres souffle toujours - dans un gros turbocompresseur capable de livrer 350 chevaux au banc sans se tordre une bielle. Qu'importe. Le but recherché de cette transformation visait plutôt le couple et une plage plus large d'utilisation à bas et à moyen régime. L'objectif promet d'être atteint, mais combien de temps me faudra-t-il encore attendre pour vérifier tout cela?

Le turbocompresseur, cet indispensable poumon mécanique, loge dans la partie gauche du compartiment moteur. À droite, le climatiseur a disparu. Il a fait place à un immense échangeur d'air. «Ce n'est pas le bon, de dire Mike, mon mécanicien-chirurgien. Il sera remplacé par un autre, fait sur mesure.» Temps d'attente? Un mois. «Mais il a déjà été commandé», me dit-il pour me rassurer. Comme cette couette de fils qui devait nous arriver dans trois semaines et qui a mis huit mois avant d'apparaître?

Un mois. Cela nous amène alors en août. Pour cet échangeur d'air seulement. C'est donc dire que la mise au point, le fine tuning en bon franglais, ne débutera pas avant cette date. Et cela peut être long. Très long. Il faut aussi compter du temps pour les retouches à la carrosserie, à l'habitacle, aux autres composants mécaniques. Un autre été de foutu, me dis-je. Mais il y a toujours l'automne. Les éléments chauffants du baquet du conducteur fonctionnent toujours et l'absence de climatiseur se fera moins sentir, non? Non. Ma patience s'épuise. Mon compte bancaire aussi. L'amour est passé. L'heure est au bilan. Dans ma tête, je ressasse l'amas de factures que j'ai caché dans le tiroir de mon bureau. Les heures passées sur l'internet à trouver des pièces. Mes fréquentes visites au garage pour veiller aux travaux. Sans oublier le temps que j'y ai moi-même consacré. Et il y a la voix de mon père aussi: «Tu vas la vendre après, n'est-ce pas?»

Je lâche. C'en est trop. Alors, mes mains ne caresseront plus le cuir du volant ou du pommeau du levier de vitesse. Mes yeux ne surveilleront plus la poussée de l'aiguille de la jauge de suralimentation au tableau de bord et mes omoplates ne s'enfonceront plus dans le baquet. C'est fini, me dis-je, jusqu'au moment où Mike lance le moteur. Quelle voix! Caverneuse, sombre et empreinte d'une force qui promet de ne pas être tranquille du tout. Qu'est-ce que cette idée de la quitter? On poursuit. Je vais attendre. «Super, de me dire Mike à l'oreille. Mais je voulais te dire que le capot ne ferme plus. Le nouveau moteur est plus haut que le précédent, il va sans doute falloir un capot de Sport-Quattro.»

Pas de problème, c'est moi qui paie!

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

On peut perdre patience à force de consacrer temps, énergie et argent à reconstruire un modèle comme une Ur-Quattro.

DANS LE CARNET

Transformation

Le groupe Volkswagen aimerait bien mettre de l'ordre dans son portefeuille de marques. Mais le constructeur allemand doit attendre que son rival italien, Fiat, se résolve à vendre sa filiale Alfa Romeo. Selon ce que Auto a appris, VW songe à transformer sa marque espagnole - Seat - en une filiale "low cost", ou si vous préférez à petits prix, et faire d'Alfa Romeo sa nouvelle antenne latine.

V6 en F1

Les dés sont jetés. Pour faire suite à notre billet d'il y a deux semaines, la Fédération internationale de l'automobile (FIA) a décidé que les futures monoplaces de Formule 1 seront mues par des moteurs six cylindres... Il s'agira toujours d'un 1,6-litre suralimenté par turbocompresseur, mais comptant deux cylindres de plus que ce qui avait été proposé à l'origine. La mise en service de ce nouveau type de moteur est prévue pour 2014.

Vacances?

Les vacances? Quelles vacances? Au cours des prochaines semaines, Nissan (Versa), Volkswagen (Beetle), Subaru (Impreza), Toyota (Prius V) et Mercedes (ML) présenteront à la presse spécialisée de nouvelles moutures de leurs modèles. À suivre dans nos pages et en ligne pendant vos vacances...

Photo AP

La Seat Leon.