BILLET Toyota a encore un oeil dans le rétroviseur

Laissons de côté les chiffres. On peut leur faire dire à peu près n'importe quoi. Retenons plutôt l'essentiel: Toyota a connu une mauvaise année, pour employer un euphémisme. Une très mauvaise année. Mais le numéro 1 mondial s'en remettra, comme plusieurs de ses concurrents l'ont d'ailleurs fait par le passé. Il faudra du temps. Beaucoup de temps avant de restaurer la confiance des consommateurs à l'égard de cette marque (NDLR: les autres marques du groupe, Lexus et Scion, ont à peine été endommagées) longtemps considérée comme LE modèle à suivre dans l'industrie.

Voilà essentiellement pourquoi cela fait aussi mal aujourd'hui. Toyota tombe de haut. De très haut. Et les répercussions sont beaucoup plus grandes, d'où l'impression que le problème fait l'objet d'une trop grande attention dans les médias. Sans doute, mais sans vouloir défendre l'insatiable - et naturel - besoin d'information des médias, Toyota a-t-il autre chose à nous servir que des excuses et des promesses?

Comprenons-nous bien, la présence d'Akio Toyoda au dernier salon de Detroit était essentielle. La mise en scène à laquelle il s'est prêté l'était un peu moins. Pour rappel, le numéro 1 du groupe s'est pointé sur scène avec une petite boulette de riz à la main pour rappeler que les Toyota seront désormais fabriquées comme cet onigiri (boulette de riz maison, très populaire au Japon): «Nous allons, comme les mamans japonaises qui les confectionnent, mettre tout notre coeur et notre âme dans nos voitures.» Ne sortez pas vos mouchoirs tout de suite.

Dans la foulée, M. Toyoda a procédé au dévoilement d'une nouvelle gamme de produits Prius, donc à motorisation hybride (mi-essence, mi-électrique). Maintenant, sortez vos mouchoirs. Ce n'était pas la meilleure idée. Aux États-Unis, les ventes de véhicules hybrides stagnent. Et à moins que le prix de l'essence au pays de Barack Obama n'augmente de façon exponentielle (au moment de notre passage, le gallon d'essence se vendait 3,14$) au cours des prochains mois, la croissance de ce type de motorisation demeurera limitée. D'autant plus que les fantastiques progrès enregistrés avec les moteurs à essence conventionnels dépassent l'entendement.

À Detroit, Toyota a raté une belle occasion de marquer les esprits avec une offre renouvelée. Les subtiles modifications apportées à la Corolla paraissent beaucoup trop timides devant la horde de compactes toutes neuves qui débarquent sur le marché cette année. Idem pour la Matrix ou encore la Yaris qui, hier encore, était la reine des minivoitures. Et qu'en est-il de ce coupé sport conçu avec Subaru? Detroit n'est-il pas l'endroit tout désigné pour le présenter, même si cela n'était qu'une ébauche? La gamme Toyota vieillit et le nerf de la guerre dans cette industrie demeure le produit.

M. Toyoda le reconnaît publiquement, ses produits doivent être plus sexy et correspondre davantage aux attentes des clients. Cela reste à voir.

LANCEMENT

Une fin de mois qui s'annonce chargée pour l'équipe de L'Auto qui participera au lancement de cinq nouveaux modèles dans la même semaine. Parmi celles-ci, on trouve la Fiat 500, la Ford Focus, mais aussi la GTR de Nissan. À lire dans nos pages au cours des prochaines semaines.