Aux États-Unis, où l'essence demeure la reine de tous les carburants, les constructeurs automobiles ont pris du retard par rapport à leurs rivaux européens et asiatiques dans la filière du gaz naturel comprimé.

Cela pourrait changer. Sans tambour ni trompettes, GM a lancé aux États-Unis en 2010 une version au gaz naturel comprimé (CNG) de ses deux fourgonnettes GMC Savana et Chevrolet Express des séries 2500 et 3500. Ces véhicules commerciaux intéressent surtout les exploitants de grands parcs automobiles, mais les propriétaires de petites entreprises peuvent aussi en commander dans les concessionnaires Chevrolet des États-Unis.

GM dit avoir déjà vendu 16 000 de ces véhicules en version CNG aux États-Unis et a annoncé ce matin la vente de 101 Chevrolet Express Cargo 2500 à la grande firme de télécommunications AT&T.

L'Express et le Savanna ne sont pas faits pour la longue distance. Ils sont dotés de trois réservoirs à haute pression logés sous le châssis, qui assurent une autonomie de 320 km. On peut ajouter un quatrième réservoir en option, qui augmente l'autonomie à 480 km.

Ils ne sont pas disponibles au Canada.

Le pétrole monte, le gaz baisse: conditions gagnantes?

En théorie, les véhicules au gaz devraient devenir de plus en plus intéressants, à mesure qu'augmentent les prix de l'essence et du diesel. Surtout que les prix du gaz naturel ont une tendance à la baisse depuis que l'exploitation du gaz de schiste augmente l'offre sur le marché nord-américain.

Mais les véhicules au CNG coûtent plus cher que les versions traditionnelles. Ainsi, le prix de détail suggéré du fabricant du GMC Savana 2500 ordinaire est de 26 960 $ US, mais il faut ajouter presque 16 000 $ de plus pour la version au GNC, a dit à La Presse Gary Mason, porte-parole de GM pour les ventes aux entreprises. Un programme fédéral compensait environ la moitié de ce supplément jusqu'au 31 décembre 2010, mais le financement n'a pas été renouvelé et il n'est pas certain qu'il le sera. De nombreux États offrent toutefois des incitatifs.

En Europe, où Fiat, Volkswagen, Mercedes-Benz et Camions Renault offrent des véhicules au CNG, des subventions appuient l'industrie. Par ailleurs, le prix du gaz naturel a été plus stable en Europe qu'en Amérique du Nord.

Les véhicules au CNG sont plus chers, mais rouler au gaz naturel est moins cher et 25% moins polluant qu'à l'essence. Depuis huit ans sans interruption, la Honda Civic GX au gaz naturel a mérité le titre de «Voiture verte de l'année» décerné par l'American Council for an Energy-Efficient Economy. À noter que la GX a reçu la meilleure cote même comparée avec la Nissan Leaf tout électrique et la Chevrolet Volt à autonomie prolongée.

Le champion du gaz naturel: Civic GX

D'ailleurs, aux États-Unis, Honda est le principal joueur sur le marché naissant des voitures au CNG, avec sa Civic GX, assemblée à Greensburg, en Indiana. La GX est le plus souvent achetée par des exploitants de grands parcs automobiles. Mais elle est déjà en vente aux particuliers dans l'État de New York, en Californie, en Utah et en Oklahoma. L'offre aux particuliers devrait être étendue aux 46 autres États d'ici la fin de 2012.

Au Canada, seule l'industrie du camionnage interurbain s'intéresse au gaz naturel. Transports Robert développe en collaboration avec Gaz Métro une liaison Montréal-Québec au gaz naturel. À Ottawa, le lobby du gaz naturel tente de convaincre le fédéral de soutenir un projet de conversion des gros camions 18-roues au CNG. On ne pense pas encore aux véhicules personnels.

La Honda GX n'est pas à la veille d'être lancée au Canada: «On n'a pas de projet en ce sens pour le moment, a dit Richard Jacobs à La Presse. En fait, Shell a récemment fermé certains de ses postes de ravitaillement de gaz naturel ici à Toronto et il y en a très peu au Canada. Alors l'infrastructure demeure un gros enjeu ici.»

Tout le contraire de ce qui se passe aux États-Unis, où le nombre de ces stations est en hausse. On peut voir la relative facilité de trouver du gaz naturel (et d'autres carburants alternatifs) dans plusieurs États en faisant une recherche dans ce site internet du ministère de l'Énergie américain.