Réincarnation d'un mythe d'hier et star d'aujourd'hui, la SLR se réclame autant de la SLR de 1955 que de la McLaren de Hakkinen.

Réincarnation d'un mythe d'hier et star d'aujourd'hui, la SLR se réclame autant de la SLR de 1955 que de la McLaren de Hakkinen.

Avance conique sur double aileron, la proue, façon monoplace de F1, saute aux yeux. Elle est d'ailleurs assemblée dans les ateliers de McLaren à Woking en Angleterre. Les quatre phares ronds qui l'encadrent évoquent pour leur part la SLR des années 50, tout comme les barrettes d'ouïes latérales sous lesquelles les sorties d'échappement émergent. À défaut d'être «papillon», les portes sont en élytre, comme sur une Lamborghini Murciélago. Ce n'est toutefois pas cette dernière que la SLR vise, mais plutôt une autre diva italienne: la 575 Maranello qui, force est de l'admettre, commence à dater sur le plan technique, malgré les attentions dont elle fait l'objet depuis sa mise en service.

Le châssis est conçu comme une coque de F1 avec des zones à déformation contrôlée en aluminium autour d'une cellule en matériaux composites. Il est 40 % moins lourd qu'en acier. Les éléments suspenseurs sont également en aluminium. Même l'habitacle privilégie les matériaux high-tech : carbone, aluminium, polycarbonate, pour que l'équipement luxueux ne nuise pas (trop) à la légèreté – car la SLR n'est pas un monstre de légèreté.

On soulève le cran de sécurité, on presse sur le bouton engine start monté sur le levier de vitesse (on croirait actionner un lance-missile) et le moteur suralimenté par compresseur est lancé. Le moteur est signé au sens propre (l'ouvrier chargé de son assemblage y pose sa griffe) et au sens figuré (par l'antenne sportive de Mercedes: AMG). Dérivé du moteur de la Classe S, ce V8 est monté à l'avant, comme sur la 575, et transmet plus de 600 chevaux aux roues arrière par l'entremise… d'une boîte automatique à cinq rapports. Snif! Peut-être en est-il mieux ainsi pour garder les deux mains sur le volant (pas très joli d'ailleurs).

Par chance, pour les amateurs de sport, cette boîte de vitesses, la seule capable dit-on d'encaisser le couple-moteur sans s'émietter, permet de passer manuellement les rapports grâce aux palettes montées sur le volant. Comme sur une F1. Même l'aileron prend l'air lorsque la voiture atteint 95 km/h. Fait à noter, cet aileron prend encore plus d'altitude pour jouer le rôle d'aérofrein lors des freinages appuyés. Par ailleurs, le coffre est assez grand pour accueillir un sac de golf.

Hormis le dessin raté du volant, on ne peut pas dire que l'habitacle de la SLR vous chavire l'eau du ventre. C'est propre, bien fini, mais plusieurs commandes proviennent du dépôt de pièces de Mercedes, comme le commutateur des phares, les commandes de la climatisation et même le détestable et inélégant levier permettant d'actionner le régulateur de vitesse. En revanche, l'habitacle n'est pas aussi étriqué qu'il n'en a l'air (contrairement à celui de ses rivales); par conséquent, pas besoin d'avoir la taille d'un pilote de F1 pour s'y sentir à l'aise.

Il n'est pas surprenant que les concepteurs de cette Formule 1 de la route, capable d'atteindre une vitesse de pointe de 334 km/h, n'aient pas lésiné sur la qualité du freinage. Jugez-en: les disques sont en céramique, et encaissent deux fois plus de chaleur que ceux en fonte. Les étriers avant comptent huit pistons pour actionner les étriers, et le dispositif SBC élaboré par Mercedes figure bien entendu de série. On trouve bien sûr des options au catalogue. Quoi, nous sommes chez Mercedes! Par chance, la SLR débarque avec l'essentiel: chaque voiture est équipée de phares bi-xénon, d'un volant multifonctions, d'un climatiseur (pratique pour chasser les grosses chaleurs que sa conduite cause) et d'un changeur de disques compacts.

Pour obtenir le privilège de poser ses fesses sur une SLR, il faut non seulement être riche (mais vous le saviez déjà) mais aussi patient, puisque les livraisons s'effectuent au compte-gouttes (3500 exemplaires seront produits). Exclusive, ça oui. Inaccessible? Bien sûr que non… Pour preuve, on murmure qu'au Québec, l'un des futurs propriétaires est allé jusqu'à s'offrir une Maybach en prime.