Mais, faute de grands moyens, le constructeur a vu la concurrence, plus opportuniste et plus riche, récolter les fruits de ce qu'il avait semé. Avec sa nouvelle génération de VUS, Suzuki entend récupérer ce qu'il considère comme son dû.

Mais, faute de grands moyens, le constructeur a vu la concurrence, plus opportuniste et plus riche, récolter les fruits de ce qu'il avait semé. Avec sa nouvelle génération de VUS, Suzuki entend récupérer ce qu'il considère comme son dû.

Affligé de performances et d'un confort très moyens, le Grand Vitara n'a pas su contenir la concurrence. Avec la nouvelle version de ce véhicule, Suzuki tente une nouvelle percée. Avec trois arguments de poids  : un look, un rapport prix-équipements attrayant et un comportement routier plus dynamique. À cela s'ajoutent une sécurité accrue (active et passive) et un habitacle plus invitant.

Cela dit, comme la plupart de ses concurrents, le Grand Vitara n'interdit pas le port de la jupe aux dames, puisqu'on accède aux baquets avec une relative facilité. Ça se gâte cependant pour les occupants des places arrière, qui doivent composer avec des portières étroites et des puits de roues qui, on le devine, salissent les vêtements. L'espace consacré aux jambes à l'arrière est correct, mais le dégagement pour les hanches et les épaules est un peu trop juste.

Complètement revampée elle aussi, la présentation intérieure se veut plus moderne, plus cossue et surtout mieux réalisée. La qualité de la fabrication fait plaisir à voir, et le choix des matériaux témoigne du souci accordé aux détails. Les rangements sont nombreux, le bloc d'instrumentation lisible et les principales commandes faciles d'accès. Le nouveau dessin des baquets procure plus de support aux cuisses et un confort général accru. Autre aspect positif  : le volume de chargement du Grand Vitara se révèle plus généreux que celui de la concurrence sud-coréenne, que la banquette soit rabattue ou non. On regrettera seulement que le hayon s'ouvre toujours à l'horizontale, ce qui est peu pratique dans les espaces restreints.

Un 4x4 de poche

Ouvrons ici une parenthèse pour parler boulons  : Suzuki innove en mariant une structure monocoque et un châssis à échelle traditionnel. Curieux mélange, mais qui, selon Suzuki, permet d'obtenir un comportement routier plus dynamique et plus confortable, sans pour autant sacrifier la robustesse que nécessite un véritable tout-terrain.

Soulevez le capot maintenant et dites bonjour au V6 2,7 litres de 185 chevaux. Nouveau  ? Oui et non, puisqu'il s'agit- à quelques innovations près- du même V6 que Suzuki commercialise depuis quelques années sous le capot de son XL-7. Voilà de quoi rassurer. Et alors, ce V6  ? Il va sans dire qu'il est performant, si on le compare à celui de deux de ses rivaux les plus connus, le Honda CRV et le X-Trail, mais il fait à peine mieux que celui du Sportage (ou du Tucson), d'une cylindrée équivalente. Pis encore, ce six-cylindres pèche par un niveau sonore élevé, surtout lorsqu'on accélère, et d'une solide soif de carburant.

Suzuki propose, sur le modèle de base, une boîte manuelle à cinq rapports. Elle est non seulement plus souple, mais son levier est plus facile à guider. L'option, c'est la boîte automatique à cinq rapports (offerte contre supplément), dont la gestion informatisée rend le moteur un peu plus économe d'essence.

Peu importe la livrée retenue, tous les Grand Vitara sont dotés d'un rouage intégral permanent. Cependant, seule la version JLX Cuir propose une boîte de transfert, actionnée par une molette, qui permet non seulement de verrouiller le différentiel central, mais aussi d'engager une plage de rapports courts et longs. Cela dit, tout au long de cet essai, le Grand Vitara s'est montré d'une très grande agilité sur des parcours accidentés où ses rivaux ne pourraient vraisemblablement pas s'aventurer sans y laisser leurs organes vitaux. Cela ne rend pas ce Suzuki invincible pour autant, et un examen de ses dessous laisse voir une protection minimale du système d'échappement et de la quincaillerie chargée de distribuer la puissance aux roues.

Les qualités hors route des utilitaires Suzuki n'ont jamais été mises en doute. Cependant, sur chaussée asphaltée, une randonnée d'une centaine de kilomètres pouvait constituer une véritable torture pour certains conducteurs  : la cabine était bruyante, on aurait dit que la suspension était en bois, et j'en passe. Le Grand Vitara nouveau nous fait cependant oublier presque tout cela. D'une part, il est maintenant possible d'entretenir une conversation sans avoir à hausser le ton; d'autre part, sa suspension, plus souple, propose un compromis plus équitable entre tenue de route et confort. Les suspensions trépident encore un peu, mais ne désunissent pas comme autrefois sur les revêtements dégradés, ce qui ajoute à la précision de conduite.

Quant à la direction, certains la jugeront un peu aseptisée du point de vue des sensations, mais elle se révèle néanmoins précise et son assistance est correctement dosée. Tant mieux puisque par grands vents, plusieurs corrections au volant sont nécessaires pour maintenir le cap. Parlant de cap, mentionnons la présence d'un dispositif de stabilité électronique dont les limites sont si éloignées qu'il se trouve rarement sollicité. Quant au freinage, il est enfin assuré par deux paires de disques auxquels se greffe un ABS efficace et peu chatouilleux.