« Tout le monde a l'air de vouloir faire le saut ces temps-ci... » Patrick Carpentier voit bien qu'il n'est pas le seul à lorgner du côté du NASCAR en vue de la saison prochaine. Alex Tagliani a entrepris des démarches similaires aux siennes et voilà que les rumeurs d'un transfert de Jacques Villeneuve en stock car se multiplient.

« Tout le monde a l'air de vouloir faire le saut ces temps-ci... » Patrick Carpentier voit bien qu'il n'est pas le seul à lorgner du côté du NASCAR en vue de la saison prochaine. Alex Tagliani a entrepris des démarches similaires aux siennes et voilà que les rumeurs d'un transfert de Jacques Villeneuve en stock car se multiplient.

« Je ne suis pas certain que Jacques va aimer ça, avance le pilote originaire de Joliette. De ce que j'ai vu en NASCAR, les pilotes sont avec les amateurs sans arrêt, y compris dans les puits. Ce n'est pas comme en F1, où les pilotes sont coupés des fans. C'est aussi beaucoup de voyages et d'obligations médiatiques... »

À savoir si un champion du monde de F1 que plusieurs Américains pourraient considérer comme un Français risque d'être regardé de travers en NASCAR, Carpentier reconnaît que c'est une « forte possibilité ».

« Un champion de la série monoplace la plus prestigieuse au monde qui débarque en NASCAR... c'est sûr qu'ils vont vouloir lui montrer comment ça marche », a reconnu Carpentier, qui fêtera ses 35 ans la semaine prochaine.

« Il faut que tu sois accepté et que tu fasses d'abord tes classes. On l'a vu avec Paul Tracy (en série Busch): à chaque fois qu'il entrait dans le top 10, ils le sortaient de piste. »

Faire ses classes

Carpentier ne s'attend pas à ce que ce soit nécessairement plus facile pour lui, mais contrairement à un Juan Pablo Montoya, qui obtiendra de facto un volant en Coupe Nextel, il fera un devoir d'humilité avant de se frotter aux meilleurs. Carpentier effectuera des essais à la fin du mois, au Kentucky, avec une équipe dont il préfère encore taire l'identité. Les résultats de ces essais pourraient lui valoir un volant en série Busch ou, de façon plus réaliste, en ARCA, une organisation de stock car indépendante du NASCAR.

« L'ARCA est un peu l'équivalent stock car de la Formule Atlantique. Je risque donc de commencer avec les jeunes, au bas de l'échelle... »

Sauf que son embauche en ARCA, et surtout en série Busch, est liée « à 80 % » à la présentation d'une épreuve à Montréal.

« On a décidé de repousser nos essais après la course de Champ Car à Montréal, lorsqu'on sera plus à même de savoir s'il y aura bel et bien une course NASCAR à Montréal », explique le vétéran pilote.

Carpentier estime néanmoins qu'il place ses pions de la bonne façon. Les contacts qu'il a créés au New Hampshire, le mois dernier, lui donne bon espoir de décrocher un volant en série Busch en 2007.

« L'équipe pour laquelle je ferai des essais est vraiment intéressée et elle ne demande pas beaucoup de budget, fait-il valoir. Elle a accepté de travailler avec nous du point de vue des commanditaires et des contacts. L'équipe a déjà ses propres commanditaires et je devrais en amener qu'une petite partie.»

« Or, j'ai le soutien de Mecachrome depuis l'époque où j'étais en Indy. Ils ont délaissé les voitures de type " formule " et, aujourd'hui, ils fabriquent les moteurs pour la série de camions Craftsman ainsi que plusieurs pièces utilisées en Coupe Nextel. Ils veulent d'ailleurs s'impliquer de plus en plus en Nextel.

« De plus, j'ai obtenu la citoyenneté américaine la semaine dernière, ajoute Carpentier. La double citoyenneté peut me rendre attrayant auprès d'un plus grand nombre de commanditaires. »

En choisissant de faire ses gammes dans un calibre inférieur, Carpentier aura le temps de s'ajuster à une cadence que Montoya ou Villeneuve risquent de trouver éprouvante.

« Je me suis assis avec le vétéran Joe Nemechek, qui m'a dit que certains pilotes de NASCAR faisaient en une seule année autant de courses que j'ai pu en faire en 10 ans, s'exclame Carpentier. Des gars comme Tony Stewart tournent beaucoup.»

« Et puis, il n'y a pas beaucoup d'essais avant les qualifications des courses. L'adaptation pour un pilote qui arrive d'une autre catégorie n'est donc pas évidente de ce point de vue-là. »

L'ancien pilote Darrell Waltrip, aujourd'hui analyste au réseau Fox, rappelait récemment combien l'ajustement d'une monoplace à une stock car ne se faisait pas sans heurts.

« Ces pilotes-là utilisent tellement l'intimidation, comme lorsqu'ils te cognent avec le pare-chocs et te poussent de chaque côté, décrivait-il à un journaliste de Cox News Service. Ça prend du temps pour s'y habituer. La première fois que ça t'arrive alors que tu prends une courbe à 180 milles à l'heure, c'est toute une expérience. Le genre d'expérience que tu n'as probablement jamais eue et que ne voudras pas ravoir pour un certain temps.»

« Je ne sais pas comment on peut sauter d'un baquet d'Indy Car ou de F1 et piloter l'une de nos machines, qui sont les voitures les plus difficiles au monde à conduire. »