L'été de la Formule 1 s'écoule tranquillement. D'autant plus tranquillement que la canicule qui écrase actuellement l'Europe semble inciter à la léthargie. Dans le paddock du circuit d'Hockenheim, hier, bercé par une température de 37 degrés à l'ombre, il ne se passait rien. Alors que le Grand Prix d'Allemagne constitue traditionnellement un moment-clé des transferts, un pivot autour duquel s'articulent bon nombre de contrats, cette année fait mentir la règle.

L'été de la Formule 1 s'écoule tranquillement. D'autant plus tranquillement que la canicule qui écrase actuellement l'Europe semble inciter à la léthargie. Dans le paddock du circuit d'Hockenheim, hier, bercé par une température de 37 degrés à l'ombre, il ne se passait rien. Alors que le Grand Prix d'Allemagne constitue traditionnellement un moment-clé des transferts, un pivot autour duquel s'articulent bon nombre de contrats, cette année fait mentir la règle.

Hier, Kimi Raikkonen, presque sous la torture, a fini par avouer qu'il avait choisi son écurie 2007, mais sans préciser laquelle. Michael Schumacher, questionné sur la rumeur qui le voyait chez BMW Sauber l'an prochain, s'est contenté de démentir le grotesque de la suggestion avant de repousser à Monza l'annonce de sa retraite sportive ou de sa décision de continuer chez Ferrari. Chez Renault, Flavio Briatore tente désespérément de convaincre Fernando Alonso de renoncer à son transfert chez McLaren, mais sans y parvenir.

En bref, aucune nouvelle à se mettre sous la dent. Pour Jacques Villeneuve, cette situation d'attente ne fait rien pour réduire l'impatience du Québécois. Ces derniers jours, le pilote BMW a contacté plusieurs directeurs d'écurie, mais pour l'instant, les offres ne se bousculent pas dans sa boîte aux lettres. « Rien de neuf, confirme Villeneuve. Rien n'a bougé depuis Magny-Cours. Je n'ai aucun contact sérieux. »

Comme Villeneuve le déplore, ce vide appelle le vide: « S'il y avait cinq écuries qui essayaient de me signer pour l'an prochain, ce serait réglé très vite. Mais là, c'est le calme plat, et c'est dommage. J'espère pouvoir rester chez BMW, parce qu'ici, pour l'instant, tout le monde est super-content de moi. »

Le problème du Québécois semble se résumer à une question de persuasion. « Cette année, tout le monde voit que je marche bien, alors je me dis que ça devrait aller... en 2004, quand je me suis retrouvé seul, c'était plus dur. Seul Frank Williams m'avait appelé. Je lui ai parlé, et il a décidé de suggérer à Peter Sauber de m'engager. Sans l'intervention de Frank, je n'aurais eu aucune chance. Mais cette année, je fais tous les contacts moi-même, et ce n'est pas très bon pour mon image. Par exemple, j'étais au dîner de gala pour fêter la légion d'honneur de Jean Alesi. J'étais assis à côté de Ron Dennis, et je lui ai parlé toute la soirée.... Mais en fait, ce n'est pas la bonne solution. Je connais les gens de manière trop personnelle, et ce n'est pas positif pour mon image. Ça diminue même ma valeur. »

Pour Villeneuve, ses succès passés n'aident en rien son avenir. « Le fait d'avoir été champion du monde ne me sert pas. Comme je n'ai plus rien gagné après, c'est même négatif. En plus, je ne sais pas comment me vendre. Pour se vendre, il faut mentir, et je ne sais pas mentir. Il y a dix ans, la réalité comptait davantage. Aujourd'hui, c'est l'image que les gens voient avant tout. Les patrons d'équipe ne parlent que des jeunes pilotes, ils veulent tous découvrir le nouvel Alonso, c'est décourageant. Surtout que je ne suis pas cher; ça, je ne devrais pas le dire, parce que ça baisse encore ma valeur! »

Après sa performance en demi-teinte de Magny-Cours, Villeneuve reste confiant à la veille de ce Grand Prix d'Allemagne. « En France, on a complètement raté la qualif, mais en course, c'était plutôt bon. J'étais le seul à avoir des pneus tendres, et ils ont tenu. Alors, pourquoi pas ici? »

Le Québécois ne semble pas convaincu de pouvoir signer une bonne prestation sur ce circuit qu'il n'affectionne pas particulièrement. « Je trouve ce tracé inutile! assène-t-il. Au point de vue pilotage, il est totalement inintéressant. Il y a à peine un virage qui en vaille la peine... »

Villeneuve parle sans conviction. À l'évidence, il est contrarié. S'il savait de quoi son avenir sera fait, il pourrait sans doute se concentrer davantage sur cette saison qui s'écoule très vite. Trop vite. Dans sept Grands Prix, le monde de la F1 s'arrêtera de tourner. Il sera alors très difficile de trouver un volant depuis son chalet perdu dans les montagnes suisses.