Essai routier Acura TLX Type S : l’anti-nostalgique

Pour bien des aficionados d’Acura, l’âge d’or de la marque s’est vécu au courant des années 1990. Les Integra Type R et NSX menées par leurs châssis joueurs et leurs ardentes mécaniques atmosphériques habitaient alors leurs rêves. Avec le retour récent de l’étiquette Type S apposée sur certaines de ses créations, la marque de luxe de Honda tente d’encapsuler cette nostalgie et ainsi regagner le cœur des passionnés perdus en route. La TLX Type S n’est toutefois pas un exercice grandement passéiste.

Le design 

Cette Type S tire profit des proportions joliment équilibrées de la TLX renouvelée en 2021. Malgré sa plateforme à moteur transversal, le capot avant est passablement long et légèrement plongeant, ce qui suggère un certain dynamisme au premier contact. La calandre noire pentagonale diamantée et surmontée des phares assure un ton juste assez dramatique. Le plan latéral est aussi bien intéressant avec une portion arrière légèrement surélevée aux ailes plus charnues qui couvrent une voie plus large de 15 mm. L’arrière complète le gâteau pas trop sucré avec quatre pots d’échappement et un discret diffuseur noir lustré, en continuité avec les becquets avant et arrière. Un choix de couleurs plus variées aurait sans doute été de mise pour mettre en valeur ce joli ensemble, qui est plus évocateur et cohésif que bien des berlines récentes.

À bord 

Ici, c’est de l’Acura pur jus qui mène la conception. Une impression de solidité émane donc de l’assemblage et des matériaux choisis qui sont essentiellement souples aux surfaces où les doigts se posent régulièrement. La disposition des commandes est excellente, surtout au niveau de la nacelle centrale, surélevée pour rendre leur usage moins distrayant. Le noir de la planche de bord se marie élégamment avec la sellerie rouge des sièges pour rendre l’ambiance pas trop chargée. L’aspect pratique de cette TLX Type S est néanmoins restreint par ses places arrière nettement plus étriquées que celles... d’une Honda Civic. Le coffre arrière de seulement 384 L de volume est aussi limité en expansion en raison d’un renfort structurel en « X » placé derrière les dossiers rabattables.

Sous le capot 

Le capot se soulève pour découvrir un V6 de 3 L turbocompressé. D’une puissance de 355 ch et d’un couple de 354 lb-pi (de 1400 à 5000 tr/min), il symbolise une philosophie de conception plus conservatrice. Ainsi, son compte-tours, qui culmine autour de 6200 tr/min, expose le fait que cette motorisation s’appuie en grande partie sur sa large plage de couple. En ce sens, il fait très bien le travail, voire trop bien. Il donne une impression quelque peu générique dans cette plate efficacité. La pédale d’accélération paraît également démesurément sensible par moments. La sonorité rauque pas trop appuyée du moteur est toutefois plaisante. La transmission à 10 rapports assure une certaine constance, mais le mode manuel n’est pas très prenant et ses sélections ne sont pas toujours à point à basse vitesse dans les modes sportifs.

Derrière le volant

La TLX Type S doit accompagner ses promesses sportives d’éléments tangibles pour combler son déficit de notoriété. Les bases sont prometteuses : suspension avant à double triangulation, rouage intégral envoyant jusqu’à 70 % du couple à l’arrière et gros étriers Brembo à l’avant (quatre pistons). Un enchaînement rapide confirme cette belle tenue avec une direction légère et vive en plus d’être bien texturée en virage lorsque la voiture s’appuie. Cette TLX ne pivotera jamais comme une berline à plateforme à propulsion. La sortie de courbe se fait sans artifice : elle se cramponne avec ardeur et grande stabilité. Malgré sa mécanique en partie devant l’essieu avant, le museau ne se fait pas trop lourdaud non plus, même en freinage appuyé, puissant et impeccablement distribué au demeurant. Contrairement à certaines berlines sportives, cette TLX procure par ailleurs un confort exemplaire avec ses amortisseurs adaptatifs.

Les technologies embarquées

Malgré l’ajout d’un écran plus grand pour 2024 (12,3 po), cette TLX souffre encore et toujours d’un manque flagrant de fluidité dans sa navigation. Le coupable : un pavé tactile qui sert d’outil de navigation en mimant l’écran multimédia. En résumé, il faut placer son doigt sur le pavé comme si l’on employait directement l’écran tactile. Cela devient rapidement une source de distraction. De plus, le mode de fonctionnement change lorsqu’on migre vers Apple CarPlay, devenant semblable à celui d’un téléphone intelligent. Bien dommage, car la structure des menus est bonne, et Acura emploie des touches physiques pour certaines commandes, dont le volume et le choix des modes de conduite. L’instrumentation numérique — une nouveauté — est lisible et bien configurable. La chaîne audio ELS Studio brille aussi par sa profondeur.

Le verdict 

Jouissant d’un côté dynamique appuyé sur son solide train avant et son excellente direction, cette TLX Type S fait bonne impression. Elle n’est toutefois pas le scalpel sans concession qu’Acura cherche à nous vendre, mais plutôt une berline polyvalente qui pimente le quotidien à bon dosage. Son rouage intégral ajoute donc un filet de sécurité avec sa configuration plutôt conservatrice bien plus qu’il transcende cette plateforme à traction. Sa mécanique, bien que très souple, ne déchaîne pas les passions et ses places arrière et son coffre exigus limitent quelque peu sa praticité. En contrepartie, cette voiture donne l’impression d’un produit de grande qualité offert à un prix nettement plus abordable que celui de ses concurrentes. Pas très nostalgique en somme dans sa posture, cette TLX Type S, ce qui n’est pas un problème en soi, sauf peut-être pour les amateurs d’un Acura plus enraciné dans son passé.