Essai routier Hyundai Venue : perdre l’Accent

Hyundai Canada a annoncé en août 2020 l’abandon de sa voiture sous-compacte Accent. Cette décision, qui s’inscrivait dans une mouvance généralisée vers des véhicules plus hauts et plus gros, confirmait l’érosion de tout un segment et de l’abordabilité même des véhicules neufs. En guise de consolation, le constructeur coréen offre depuis le Venue, un multisegment sous-compact qui tente, avec sa jovialité, de justifier l’addition plus élevée.

Le design 

Vous aurez donc compris que ce Venue s’appuie sur la même plateforme que l’Accent, mais s’approprie un langage stylistique qui lui est propre. Nettement plus nord-américain dans sa facture à penchant utilitaire, il présente un combiné phares et feux de clignotants superposés et des diodes en trapèze pour ajouter une touche d’originalité en angles. Les proportions de la carrosserie sont tout de même intéressantes, assurant de côté un aspect bien ramassé permis par sa longueur à peine plus élevée que 4 m. Son capot, presque plat, ajoute un peu de carrure et ses glaces imposantes renvoient à l’image VUS sur la latérale. À l’arrière, on remarque un hayon à ouverture assez haute, complété par des feux de freinage carrés plutôt singuliers dissociés des feux de recul. Notons des propositions bicolores pour agrémenter la carrosserie, assurant un côté excentrique pertinent dans cette mer de véhicules souvent indifférenciés.

À bord 

Le Venue cache à peine son positionnement « bon marché » dans la confection de son habitacle. Aucune matière souple n’est en vue, hormis sur les appuie-bras des portières et central. On aime néanmoins la simplicité de l’agencement parfaitement symétrique de la planche de bord égayée par des buses aux pourtours coloriés. Les commandes physiques se placent naturellement sous la main et l’ensemble est placé plutôt bas pour éviter de gêner la visibilité vers l’avant. La position de conduite est haute, assurant encore là un ressenti de VUS. Les sièges – chauffants de série – sont de qualité acceptable, tout au plus, mais complètent à l’avant un dégagement pour les jambes et la tête fort convenable. À l’arrière, les genoux étoufferont quelque peu, conséquence d’un empattement à peine 25 mm plus long que celui d’une Mini Cooper à trois portières.

Sous le capot 

L’entrain – si on peut le qualifier ainsi – provient d’un quatre-cylindres atmosphérique ténu de 1,6 L étalant une maigre cavalerie de 121 ch et un couple maximal de 113 lb-pi. Plutôt bien agencé avec la transmission à variation continue de service, il paraît adéquat en contexte urbain. Ses faibles moyens deviennent plutôt gênants sur l’autoroute où il faut télégraphier chaque dépassement. Le niveau sonore de ce petit moulin est aussi inversement proportionnel à son volume plus le régime grimpe. Il a toutefois le mérite de limiter ses vibrations. Côté consommation de carburant, la moyenne estimée se situe à 7,5 L/100 km, ce qui est passablement élevé pour un véhicule uniquement offert avec les roues motrices avant. L’Accent consommait 6,7 L/100 km en moyenne avec ce même groupe propulseur.

Derrière le volant

Ce Venue a beau vouloir jouer les VUS en façade, il demeure un poids plume sous son plumage à 1200 kg Cette légèreté est plutôt apparente et la direction à démultiplication plutôt vive appuie une impression d’agilité plaisante. Cela dit, sa suspension à jambes de force à l’avant et à poutre de torsion à l’arrière présente un manque de raffinement qui se traduit par des mouvements de caisse constants, tant sur l’axe transversal que longitudinal. Le court empattement n’aide également pas à la stabilité à plus haute vitesse et la tenue de cap est souvent secouée par les vents latéraux. Bref, ce Venue ne transcende pas sa facture de 20 000 $ du côté du comportement routier et nous rappelle à quel point les VUS compacts sont passablement plus raffinés que ces multisegments citadins. Il faut toutefois accepter leur facture haussière.

Les technologies embarquées 

L’aspect technologique se résume à deux écrans numériques, qui assurent à la fois l’instrumentation et la navigation à travers l’interface multimédia. C’est le strict minimum sur le plan des fonctionnalités, alors qu’aucun GPS intégré n’est en vue, même dans la livrée la plus cossue. On enchâsse toutefois l’amarrage à Apple CarPlay et Android Auto de série et ce, de manière sans fil. Cela dit, aucune recharge par induction n’est proposée, ce qui rend la chose plutôt contre-intuitive. L’aspect sonore est assuré par une chaîne à quatre haut-parleurs plutôt frêle dans son rendu et qui ne peut être améliorée en option. Sur le plan de la sécurité, ce Venue ne peut être outillé du régulateur de vitesse adaptatif, mais dispose d’une assistance au maintien de la voie de série ainsi que de l’assistance au freinage d’urgence.

Le verdict 

Le Venue vaut essentiellement son existence à sa faible facture dont la fourchette s’amorce à 20 900 $. En ce sens, il est important de saluer l’initiative qui le place parmi les véhicules les plus abordables au pays. Il est évidemment imparfait dans son raffinement et la gourmandise de sa mécanique, mais aussi étonnamment pratique pour l’empreinte qu’il occupe tout en disposant d’un équipement de série fort acceptable. On ne peut taire non plus la généreuse garantie de Hyundai qui en fait une solution de rechange intéressante à bien des véhicules d’occasion. Il faut toutefois faire preuve de retenue devant la fiche d’options, les versions plus chères n’étant pas particulièrement intéressantes en raison d’un déficit évident de valeur ajoutée par rapport au prix. Est-ce en somme réellement mieux que l’Accent qu’il a remplacée ? Pas vraiment.