Ayant renoncé à corriger ses points faibles, l’Eclipse Cross de Mitsubishi préfère soigner ses atouts.
Une place à défendre
Modèle (relativement) récent, mais menacé de marginalisation face aux nouveaux Kia Seltos, Mazda CX-30 et Volkswagen Taos, l’Eclipse Cross n’a d’autre objectif que d’exciter la curiosité avec sa généreuse garantie, son rouage intégral de série et son exotisme. Après tout, Mitsubishi, constructeur d’origine japonaise, ne jouit pas d’une aura aveuglante.
L’histoire de Mitsubishi est ponctuée de modèles audacieux, hors normes, parfois insolites. Certains ont été des voitures iconiques comme l’Evo et d’autres sont disparus assez rapidement. Qui a souvenir des Galant, Diamante et Endeavor ? L’Eclipse Cross pourrait s’ajouter à cette liste, étant donné le succès commercial plutôt moyen qu’il remporte jusqu’ici, mais certains connaisseurs verront ce modèle comme un manifeste de l’identité de Mitsubishi. La marque, faut-il le rappeler, a intégré l’Alliance Renault-Nissan en 2017, soit peu de temps avant la sortie de l’Eclipse Cross.
Concrètement, cela veut dire que les futurs produits de la marque aux trois diamants seront, en Amérique du Nord, essentiellement des Nissan (l’actuel Outlander en est un bel exemple) ou bien, sur le marché européen, des Renault. Peu importe la provenance, Mitsubishi promet d’y insérer son ADN.
Avec les moyens du bord
Faute de ressources financières, l’Eclipse Cross a été partiellement conçu avec les moyens du bord. Ainsi, la plateforme du précédent Outlander (l’actuel repose sur un châssis identique à celui du Rogue de Nissan) a servi de socle à l’Eclipse Cross. Un choix dicté par des critères de fiabilité, de malléabilité (implantation d’un système hybride rechargeable, hélas absent de nos contrées) et de coût de revient. Au cœur de cette architecture un peu vieillotte se retrouve cependant une mécanique dans l’air du temps : un quatre-cylindres de 1,5 L turbocompressé. Lequel, étonnamment, semble voué à une carrière sans lendemain.
Robuste jusqu’ici, cette motorisation, la seule offerte, pèche par une efficacité très moyenne (accélération, reprises et consommation) par rapport aux cylindrées concurrentes chez Nissan ou encore Honda. Qu’à cela ne tienne, ce 1,5 L tient son rang à vitesse de croisière. Les performances de ce moteur auraient sans doute été plus éclatantes (et moins bruyantes aussi) si la boîte automatique à variation continue (CVT) n’avait pas été du voyage.
Volant en main, l’Eclipse Cross est du genre sans souci. La direction offre un toucher de route plutôt imprécis et les amortisseurs, un tantinet mollassons, nuisent à la rigueur de la suspension en appui dans les courbes négociées à moyenne et haute vitesse. En revanche, la douceur de roulement de ce Mitsubishi contraste avec celui de nombreux rivaux, généralement plus raides. Le freinage, facile à doser, est adéquat, sans plus.
La pièce de résistance de ce modèle réside dans son mode d’entraînement à quatre roues motrices. Dans ce domaine, la firme japonaise s’est forgé un réel savoir-faire technique au fil de ses victoires au Paris-Dakar.
À l’instar de Subaru, le rouage à quatre roues motrices est offert de série sur l’ensemble de la gamme. Voilà un élément à considérer par rapport à la concurrence qui propose les quatre roues motrices en option. À tenir compte également, la qualité de ce rouage intégral, lequel incorpore trois modes (Normal, Neige, Rocaille). En outre, la garde au sol de l’Eclipse Cross l’autorise à circuler aisément dans les sentiers moins fréquentés, là où les lourds tout-terrains bourgeois, plus sophistiqués mais moins dégourdis, doivent renoncer.
Le choix à faire
Trois déclinaisons s’inscrivent au catalogue de l’Eclipse Cross, mais une seule trouve grâce à nos yeux : la SE S-AWC. Celle-ci apparaît la plus homogène, la plus équilibrée de toutes en raison de sa dotation de série et la plus concurrentielle en fonction du prix demandé. Elle permet d’avoir accès aux immenses (et très Mitsubishi) palettes pour sélectionner manuellement les rapports, et comporte un volant chauffant, des capteurs d’angles morts, l’alerte de circulation transversale arrière ainsi qu’une climatisation bizone.
Cela dit, peu importe la livrée, l’habitacle de l’Eclipse Cross se révèle spacieux, confortable et peu raffiné… Les revêtements « piano noir » et autres ornements mimant maladroitement l’acier ou l’aluminium ne sont que poudre aux yeux pour masquer le terne des plastiques. On trouvera également à redire sur ce clavier de touches scotchées contre la façade du tableau de bord, peu accessibles et peu lisibles à la nuit tombée. Quant aux occupants des places arrière, certains ne manqueront pas de chipoter sur les acrobaties parfois nécessaires pour y accéder ou pour s’extraire de la banquette en raison de l’arc que dessine le toit. Comme quoi le style n’épouse pas toujours la fonction.
Consultez le site de MitsubishiMitsubishi Eclipse Cross
Fourchette de prix : de 28 878 $ à 37 278 $
Visible dans les concessions : maintenant
Consommation : 9,3 L/100 km
On aime
- Fiabilité éprouvée
- Coffre gourmand
- Garantie généreuse
On aime moins
- Moteur souple, mais trop gourmand
- Présentation intérieure austère et datée
- Suspension oscillante
Notre verdict
Un potentiel inexploité.
Faites part de votre expérience
Dans le cadre d’un article à paraître, La Presse aimerait connaître votre expérience hivernale en tant que propriétaire d’un véhicule électrique. Merci de nous la faire partager.
Écrivez-nousFiche technique
Performances
Moteur
- L4 DACT 1,5 L turbocompressé
- 152 ch à 5500 tr/min
- 184 lb-pi de couple entre 2000 et 3500 tr/min
Performances
- Poids : de 1575 à 1590 kg
- Capacité de remorquage maximale : 907 kg (avec deux passagers, 680 kg avec cinq occupants)
- Garde au sol : 215 mm
Boîte de vitesses
- De série : automatique à variation continue (CVT)
- Optionnelle : aucune
- Mode d’entraînement : rouage intégral
Réservoir et essence
Pneus
- 225/55R18
Capacité du réservoir, essence recommandée
- 60 L
- Ordinaire
Dimensions
- Empattement : 2670 mm
- Longueur : 4547 mm — Hauteur : 1689 mm
- Largeur : 1806 mm (rétroviseurs extérieurs exclus)
Controverse autour d’une lunette
À ses débuts sur le marché, les gens qui le découvraient écarquillaient parfois les yeux. On peut comprendre pourquoi. L’Eclipse Cross arborait une double lunette arrière. Celle-ci évoquait des réminiscences précises à des propriétaires de Pontiac (Aztek), Mazda (MX-3), Honda (CRX et CR-Z) et même Maserati (Khamsin). Manifestement, cet élément de style, un temps original, a effarouché la clientèle et forcé Mitsubishi à revoir sa copie.
Seulement l’Outlander
Pas la peine d’insister. La déclinaison hybride rechargeable de l’Eclipse Cross (oui, elle existe) ne posera jamais ses roues au Canada. Du moins, pas avant le renouvellement complet du modèle actuel. En revanche, la direction de Mitsubishi mise sur la seconde mouture de l’Outlander PHEV pour séduire les électromobilistes. Attendue dans les prochaines semaines, cette dernière promet une autonomie électrique de 61 km à l’aide d’un accumulateur de plus grande capacité (20 kWh).