Le Porsche Cayenne nous aura appris une chose : lorsqu’elles sont utilisées à bon escient, les implacables forces du marché permettent de faire survivre les icônes. C’est un peu ce qu’Aston Martin cherche à faire avec le DBX. Le constructeur anglais, maintenant présidé par le Montréalais Lawrence Stroll, veut devenir rentable, et son premier VUS longtemps retardé est le noyau central de sa stratégie, au risque d’horripiler les traditionalistes de cette grande marque de luxe. Nous en avons pris le volant.

Le design

PHOTO FOURNIE PAR ASTON MARTIN

Le DBX étale une allure longiligne accentuée par la présence d’un becquet arrière fonctionnel en bec de canard, un élément emprunté à la Vantage.

C’est au designer anglais Marek Reichman qu’a incombé la délicate tâche d’insuffler l’âme d’Aston Martin dans un VUS. Car, une Aston Martin, comme les plus belles compositions d’arts visuels, s’apprécie par les yeux. Mais d’abord, jetons les bases. Si on le compare à un BMW X5, le DBX est plus long de 10 cm, mais moins haut de 6 cm. Il étale donc une allure longiligne accentuée par la présence d’un becquet arrière fonctionnel en bec de canard, un élément emprunté à la Vantage. La présence de ce dernier est d’ailleurs prononcée par un trait de diodes. L’avant fait résolument Aston Martin avec cette calandre fétiche au constructeur en forme d’ovale à deux côtés concaves. Pour conserver la pureté des galbes des formes latérales, le designer a choisi d’employer des poignées rabattables. Sans verser dans le faste grandiloquent, comme un Bentley Bentayga par exemple, ce DBX dose fort bien sa posture, imposant une présence indéniable, trapue et costaude. Pour un VUS, c’est remarquable.

À bord

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Les multiples perforations, surpiqûres et embossages dans le travail des cuirs suscitent la fascination.

On peut certes analyser de manière simpliste le DBX comme étant un simple produit de grand luxe qui cherche à tirer profit d’une mode, mais l’habitacle du VUS nous rappelle qu’il transcende réellement cette idée. Enrichi par le parfum envoûtant des cuirs, le plaisir visuel se nourrit des détails de la réalisation. Les multiples perforations, surpiqûres et embossages dans le travail des cuirs suscitent la fascination, tout comme la grande symétrie dans le dessin de la planche de bord qui apaise l’œil. C’est vraiment un bel espace, un objet précieux. Contrairement aux autres modèles d’Aston Martin, le DBX sacrifie toutefois peu sur le plan pratique. Les places avant et arrière sont spacieuses et épaulées par des sièges bien sculptés qui procurent un bon équilibre entre soutien et confort, à défaut d’offrir énormément de réglages. Il y a aussi un espace de chargement arrière fort convenable (640 L) complété par des rangements avant assez volumineux et placés aux endroits stratégiques. Bref, il y a peu de notes discordantes ici.

Sous le capot

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Sous les multiples plaques de plastique se cache un V8 de 4 L biturbo préparé par AMG, la division performance de Mercedes-Benz.

L’étroit partenariat entre Mercedes-Benz et Aston Martin n’est pas entièrement visible lorsqu’on lève le long capot de ce DBX, mais il est bien présent. Sous les multiples plaques de plastique se cache un V8 de 4 L biturbo préparé par AMG, la division performance du constructeur allemand. Il produit dans cette configuration 542 ch et son couple se situe à 516 lb-pi, livrés de manière continue de 2200 à 5000 tr/min. Au-delà du fait qu’on aurait évidemment souhaité une motorisation maison, ce V8 est sans conteste une pièce de choix pour assurer l’entrain du DBX tout en soignant son raffinement. Il y a aussi son grondement sourd qui s’éclaircit et s’amplifie lorsqu’on sélectionne les modes Sport. La compagne de danse dans son cas est une transmission automatique à 9 rapports également fournie par Mercedes. Moins prompte dans ses sélections que la boîte ZF employée dans la DB11, elle demeure toutefois bien agencée au caractère du DBX.

Derrière le volant

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La suspension pneumatique excelle dans son contrôle des oscillations de concert avec les barres antiroulis actives, ce qui confère un excellent confort.

Avec ses accélérations vives, mais pas aussi exceptionnelles que celles de certains VUS sportifs (0-100 km/h en 4,5 s), le DBX adopte une approche différente, qu’on peut sans doute qualifier de grand tourisme. Son châssis, conçu expressément pour cette mission par Aston Martin, contrôle extrêmement bien les mouvements de caisse, qui demeurent toutefois correctement relâchés, pour donner un tempérament bien adapté à une conduite sur route. La suspension pneumatique excelle dans son contrôle des oscillations de concert avec les barres antiroulis actives, ce qui confère un excellent confort, mais aussi une certaine grâce dans les mouvements. Certes, tout n’est pas parfait. Malgré l’immensité de son système de freinage, sa calibration pourrait donner un ressenti plus confiant, alors que la pédale s’enfonce et est secouée par les pulsations du système ABS. Il y a aussi l’insonorisation du train roulant qui gagnerait à être relevée. Hormis cela, ce DBX est incomparable dans son registre et c’est ce qu’il fallait.

Les technologies embarquées

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L’impossibilité de pouvoir naviguer tactilement, malgré la présence d’un écran de 10,2 po très près du poste de conduite, irrite le conducteur.

À l’instar des autres modèles proposés par Aston Martin, le DBX fait usage d’un système multimédia fourni par Mercedes-Benz de génération précédente. Cela s’accompagne hélas de certains éléments irritants, dont l’impossibilité de pouvoir naviguer tactilement, malgré la présence d’un écran de 10,2 po très près du poste de conduite. On doit utiliser une molette ou un pavé tactile. Apple CarPlay y est enchâssé, mais uniquement avec fil et Android Auto n’est pas proposé, ce qui limite la flexibilité du système. Les transitions sont en outre moins rapides que chez la concurrence et la personnalisation des menus est limitée. Cela dit, on aime le fait de pouvoir bénéficier de commandes de chauffage/climatisation séparées du système multimédia. Mais, en somme, tout comme les autres modèles de la marque, on n’achète pas ce DBX foncièrement pour son aspect technologique, qui n’est pas au niveau de celui des rivaux, hormis sur le plan de la sonorité de la chaîne audio, qui produit une agréable richesse sonore.

Le verdict

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Il faut aborder le DBX tout comme les Vantage et DB11 : comme le fruit d’un savoir-faire exceptionnel dans sa confection, allant de l’assemblage jusqu’à la sélection de matières nobles.

Au risque de déplaire aux puristes d’Aston Martin, sans doute encore séduits par l’image d’un Sean Connery fringant au volant de sa DB5 argent, la proposition d’un VUS par la marque anglaise était inévitable. Les marques rivales ont toutes fait le saut, appâtées par les juteuses marges de profit promises. Cela dit, la démarche du légendaire constructeur est sérieuse et a fait naître un produit fort intéressant, à défaut d’être entièrement de son temps, comme en témoigne l’usage d’un V8 unique et d’un système multimédia daté. Il faut aborder le DBX tout comme les Vantage et DB11 : comme le fruit d’un savoir-faire exceptionnel dans sa confection, allant de l’assemblage jusqu’à la sélection de matières nobles. Ajoutez à cela une individualité dans son comportement qui le rend fort plaisant et on revient à l’essence même d’Aston Martin, à savoir le grand tourisme. Une mission — en partie — accomplie.

Merci au concessionnaire montréalais Moteurs Décarie pour l’organisation de la logistique de cet essai routier. L’entreprise célèbre cette année ses 75 ans d’existence.

Carnet de notes

Bientôt une version hybride rechargeable

Sans être le VUS le plus gourmand, le V8 du DBX demeure assez assoiffé. Le PDG d’Aston Martin a annoncé en avril qu’une version enfichable est en route pour diminuer sa consommation et augmenter ses performances.

Oui, il peut tracter des charges lourdes

Malgré son positionnement sportif, le DBX peut tracter une charge pouvant atteindre jusqu’à 2700 kg, un chiffre impressionnant et supérieur d’environ 300 kg à celui d’un Ford Explorer.

Bien transmettre le couple au sol

Pour assurer son équilibre, le DBX redistribue son couple de manière pratiquement égale entre les essieux avant et arrière en conduite normale (47 %/53 %). Il peut, à certains moments, transmettre jusqu’à 100 % du couple au différentiel arrière à glissement limité pour un comportement qui s’approche de celui d’une voiture sport.

La suspension pneumatique à la rescousse

En plus de soigner son confort, la suspension pneumatique du DBX peut augmenter sa garde au sol normale (19 cm) jusqu’à 23,5 cm, ce qui est supérieur à celle d’un Chevrolet Tahoe (sans suspension pneumatique).

Personnalisation infinie

Le prix du DBX est en partie justifié par son assemblage à la main permettant un haut degré de personnalisation. De la couleur primaire de l’habitacle à celle des surpiqûres en passant par la moquette ou les ceintures de sécurité, tout est personnalisable.

Fiche technique

Modèle à l’essai : Aston Martin DBX
Moteur : V8 DACT 4 L biturbo
Puissance : 542 ch à 6500 tr/min
Couple : 516 lb-pi de 2200 à 5500 tr/min
Transmission : automatique à 9 rapports avec mode manuel
Architecture motrice : moteur longitudinal avant, transmission intégrale
Consommation (ÉnerGuide) : 15,2 L/100 km (super)
Prix (avec options) : 238 680 $ (prix de base de 203 500 $)
Concurrents : Bentley Bentayga, Lamborghini Urus
Du nouveau en 2021 ? Nouveau modèle

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