Suivre la mode
Que la mode des coupés ait fait des émules n’a rien de surprenant. Qu’Infiniti soit tenté de suivre cette mouvance ne l’est pas davantage. La marque japonaise se devait de contribuer au nouvel enthousiasme révélé par le succès remporté par ses rivaux germaniques en donnant naissance au QX55.
Les formes tendues du QX55, sa calandre grillagée qui retombe très bas, ses projecteurs écarquillés, son volume imposant à l’avant mais qui s’allège en fuyant vers l’arrière ne peuvent nous laisser de marbre. Le QX55 accroche tout de suite le regard.
Impressionnant sur le plan esthétique, le QX55 n’en comporte pas moins quelques sérieuses servitudes imputables à sa forme élancée. À l’arrière, la ligne de chute prononcée du pavillon du QX55 oblige les grands gabarits à voyager en rentrant la tête dans les épaules et ne facilite pas l’accès à bord. Qu’à cela ne tienne, le QX55 soutient non seulement très bien la comparaison avec ses rivaux directs, mais il parvient même, dans certains cas, à les surpasser. C’est le cas aussi du volume du coffre, qui, bien qu’inférieur à celui du QX50, demeure plus « utilitaire » que celui de ses principaux concurrents.
En revanche, le QX55 n’autorise pas qu’on lui colle une charge au dos, contrairement au QX50, capable, lui, de tirer un poids de 1361 kg (3000 lb). Pourquoi ? La réponse ne coule pas de source : « Nous pensons que la clientèle de ce véhicule ne profiterait pas de cette fonctionnalité », précise un porte-parole de la marque. Avant d’ajouter : « Il y a l’option d’utiliser un “lifestyle hitch” pour installer un support à vélo, par exemple. »
Le QX55 se décline en trois versions : Luxe, Essential et Sensory. Le modèle d’entrée de gamme (Luxe) apparaît comme celui offrant le meilleur rapport prix/équipements.
M’as-tu-vu
Infiniti ranime avec virtuosité la flamme du souvenir du FX, mais s’en méfie également au plus haut point. D’ailleurs, le constructeur s’attache habilement à délimiter précisément le périmètre de la nostalgie. Le QX55 n’est pas un variant du FX, mais plutôt une source d’inspiration.
Petit rappel, le FX était un véhicule puissant, avec le V8 surtout, déposé sur une architecture conçue originalement pour entraîner les roues arrière (un rouage intégral était offert). Le QX55 est l’inverse de cela. Il a été conçu sur la plateforme du QX50 (une traction à la base) et est mû par une mécanique quatre cylindres turbocompressée. Un moteur d’une sophistication étonnante avec son dispositif à taux de compression variable, mais, hélas, bien mal servi par une boîte automatique à variation continue. Celle-ci s’étrangle aux sollicitations de l’accélérateur. En raison de cette boîte, difficile de juger du réel potentiel de ce moteur plutôt grognon lorsqu’il est sollicité.
Dans sa configuration actuelle, cette mécanique ne parvient pas à remplir toutes ses promesses. C’est-à-dire, plus de puissance et une meilleure économie de carburant.
Dans un cas comme dans l’autre, la concurrence fait aussi bien, sinon mieux, en offrant plus de souplesse et un timbre de voix plus harmonieux.
Un bémol
Conçu sur la base d’un QX50 (voir nos autres onglets), le QX55 n’engendre pas de sensation de pesanteur excessive en dépit de la présence de pneumatiques de 20 po (de série). Sa direction manque de ressenti ; le rayon de braquage est compatible avec un usage urbain, mais ce VUS coupé ne se conduit pas comme une BMW X4. Ses suspensions molles en détente et assez dures en compression n’en font pas une sportive virevoltante, loin de là. Sa tenue de route est irréprochable, certes, mais les sensations de conduite que l’on éprouve à son volant sont, somme toute, très classiques, voire décevantes, par rapport à la sportivité suggérée par les lignes extérieures. En clair, ce véhicule manque de tempérament et n’est pas du genre à laisser de la gomme sur le bitume à chaque démarrage.
Bien qu’il affirme viser tous les utilitaires qui se prennent pour des coupés, Infiniti cible principalement ses concurrents japonais. C’est avant tout à la clientèle de ces derniers que ce joli utilitaire adresse ses clins d’œil. Ce faisant, il permet également à Infiniti de se doter, à peu de frais, d’un modèle ludique et dans l’air du temps.
Fourchette de prix
De 51 995 $ à 60 998 $
Visible dans les concessions
Maintenant
On aime
Silhouette saisissante
Finition valorisante
Confort de roulement
On aime moins
Groupe motopropulseur à revoir
Direction artificielle
Incapacité de tracter une charge
Notre verdict
Du style, mais encore...
Faites part de votre expérience
La Presse publiera prochainement l’essai des véhicules suivants : BMW M3/M4, Genesis G80, Honda Civic, Kia Sedona (Carnival), Hyundai Tucson/Santa Fe et Jeep Wrangler. Si vous possédez l’un de ces véhicules, nous aimerions bien vous lire.
Fiche technique
Moteur
L4 DACT 2 L turbocompressé
268 ch à 5600 tr/min
280 lb-pi de couple entre 4400 et 4800 tr/min
Performances
Poids : 1821 kg
Rapport poids-puissance : 6,79 kg/ch
Capacité de remorquage maximale : non recommandé
Boîte de vitesses
De série : automatique à variation continue (CVT)
Optionnelle : aucune
Mode d’entraînement : rouage intégral (4 roues motrices)
Pneus
255/45R20
Capacité du réservoir et essence recommandée
60,5 L
Super
Consommation
9,6 L/100 km
Dimensions
Empattement : 2799 mm, longueur : 4732 mm
Hauteur : 1621 mm
Largeur : 1902 mm (excluant les rétroviseurs extérieurs)
L’inspiration
Présenté sous une forme conceptuelle au salon automobile de Detroit en 2001, le FX descend dans la rue deux ans plus tard. Surnommé le « guépard bionique », ce véhicule soulevait son capot à un V6 de 3,5 L ou un V8 de 4,5 L. Une deuxième génération a été lancée en 2009. Le V6 a été conservé, mais la cylindrée du V8 a, pour sa part, été portée à 5 L. La production du FX a été interrompue en 2013. Le FX reposait sur une architecture similaire à celle de la Nissan Z.
Le gros bon sens
Le QX55 est joli à regarder, mais il coûte plus que le QX50 (à partir de 45 495 $) et se révèle moins fonctionnel. À peine plus lourd, le QX50 réalise les mêmes performances que le QX55, mais offre une capacité utilitaire plus grande, un meilleur dégagement aux places arrière et, surtout, une capacité de tracter une charge. Une prouesse que le QX55 est incapable de réaliser. On aime le QX55, mais on choisit le QX50 ?