Mitsubishi, marque japonaise au passé plutôt tumultueux, s’apprête à jouer ce qui ressemble fort à un va-tout. Du destin de cet Outlander de quatrième génération dépend très largement celui de Mitsubishi dans certaines parties du globe.

Une touche bien personnelle

Premier modèle entièrement réalisé en partenariat avec l’Alliance Renault-Nissan, l’Outlander n’en est pas moins d’inspiration très Mitsubishi. Le constructeur japonais joue sa petite musique à lui pour mieux affirmer la singularité de ce modèle aujourd’hui plus coûteux à acquérir.

PHOTO FOURNIE PAR MITSUBISHI MOTORS

La face avant du Mitsubishi Outlander en impose avec son « bouclier » caractéristique et son capot proéminent.

Il suffit de considérer cet Outlander tout neuf comme essentiel pour s’en convaincre : Mitsubishi est sorti de sa période post-traumatique. Après des années d’errance technique et esthétique, la firme a mené à bien son travail de résilience.

Ce n’est pas encore le Mitsubishi innovant des années 1980 et 1990, mais ce n’est plus la marque introvertie et ennuyeuse des années 2000, affaiblie par l’échec de ses unions avec d’autres constructeurs ou les scandales dans lesquels elle s’est trouvée impliquée. Intégré depuis à l’Alliance Renault-Nissan (2016), Mitsubishi reprend son souffle et retrouve peu à peu ses moyens en renouvelant sa gamme actuelle avec des modèles initialement conçus par ses alliés.

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Les insertions de chrome lui donnent visuellement une certaine stature.

Touche singulière

On le sait, l’Outlander ne part pas d’une feuille blanche puisqu’il est conçu sur la même plateforme que le Rogue de Nissan. Ce cousinage, que ne trahissent que quelques détails apparents (la forme du pommeau de vitesse en est un parmi d’autres), lui fait bénéficier des compétences de la marque coalisée. À noter qu’en Europe, Mitsubishi transformera à partir de 2023 deux produits Renault (Clio et Captur) à son image.

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Quelques détails apparents du Mitsubishi Outlander, la forme du pommeau de vitesse notamment, montrent son affiliation avec le Rogue de Nissan.

Soucieuses de préserver leur identité, les deux marques ne partagent pas tout. Nissan, par exemple, conserve pour le Rogue les droits sur ses sièges « zéro gravité », tandis que Mitsubishi tient en réserve certains attributs associés à son rouage à quatre roues motrices. Celui-ci intègre de nombreux capteurs destinés à gérer au mieux la répartition de la puissance entre les trains roulants selon les conditions de la chaussée, tout en améliorant la stabilité.

L’architecture (nom de code CMF-CD) est la même, mais les ingénieurs de Mitsubishi ont veillé à revoir certains réglages pour offrir une expérience (légèrement) différente. La plus notable, sans doute, a trait à la direction. Celle-ci, sans faire preuve d’une lourdeur déraisonnable, transmet à travers le volant le sentiment d’être solidement arrimé aux roues et contraste avec la légèreté des autres VUS de la catégorie. Cette constance se reflète également du côté des trains roulants.

Plus fermement suspendu qu’un Rogue, l’Outlander fait preuve d’une stabilité lénitive et d’un équilibre rassurant, peu importe les conditions de la chaussée. Certains trouveront à redire sur l’âpreté, à faible allure, des éléments suspenseurs sur les routes cahoteuses.

L’ardente volonté de « Mitsubishiser » l’Outlander se heurte à des limites que l’on ne tarde pas à mesurer. Ainsi, pour son lancement, l’Outlander offre un éventail de moteurs plutôt restreint. Seule proposition, le quatre-cylindres de 2,5 L de Nissan (Mitsubishi préfère dire « issu de l’Alliance »). Que ce soit à bord du Rogue ou de l’Outlander, cette motorisation ne fait pas forte impression : trop juste en performances et un peu sonore dès qu’on la sollicite un tant soit peu.

À ce chapitre, on s’étonne que Mitsubishi n’ait pas songé à coiffer ce moteur d’une cache en plastique. Celle-ci aurait permis d’assourdir – ne serait-ce que de quelques décibels – la douleur que lui inflige la boîte à variation continue (CVT). Cette dernière, la seule offerte, donne, il est vrai, un rendement plus soyeux que celle qui équipait autrefois l’Outlander. Cela dit, elle manque toujours de fluidité et de réactivité, surtout lors des manœuvres de dépassement. Mentionnons la possibilité d’engager manuellement les rapports en utilisant des palettes au volant, mais celles-ci – hélas – ne sont plus aussi démesurées – et nickelées – qu’autrefois. Bonjour, la standardisation.

La direction canadienne ne confirme rien au sujet de la seconde génération de l’Outlander PHEV. Rassurez-vous, celle-ci existe et, selon nos informations, elle fera son entrée dans les salles d’exposition de la marque au cours du deuxième trimestre de 2022. Pour l’heure, cette technologie est offerte, non sans avoir fait l’objet d’une mise à niveau de l’ancien modèle toujours en vente. Quant au V6 de 3 L, il est parti pour de bon en emportant avec lui la capacité de remorquage (1588 kg) qui faisait son charme. Avec le 2,5 L, le nouvel Outlander limite à 907 kg son volume de charge.

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Par rapport à l’ancien modèle, on bénéficie d’une surface de chargement plus vaste, plus cubique aussi.

Plus d’espace à l’avant, au milieu, mais pas à l’arrière

Pour en faire un Outlander, Mitsubishi ne s’est pas contenté d’y apposer son logo. Les portières, le pavillon et le pare-brise sont les seuls éléments extérieurs partagés par les deux véhicules. La marque aux trois diamants s’est fendue d’optiques spécifiques à l’avant comme à l’arrière, mais aussi d’une calandre et d’un hayon inédits. La face avant en impose avec son « bouclier » caractéristique et son capot proéminent, ainsi que des insertions de chrome qui lui donnent visuellement une certaine stature. Cela manque peut-être de spontanéité ou de discrétion, mais pas de caractère.

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En raison de ses dimensions extérieures plus généreuses, l’Outlander nous fait profiter de places avant et dans la rangée médiane plus spacieuses.

La présentation intérieure comporte également son lot de fantaisie.

Sans revenir à l’époque des blocs d’instrumentation scintillants et colorés inspirés du quartier Shinjuku de Tokyo, les stylistes ont su créer des compteurs atypiques comme cet original tachymètre horizontal.

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Les garnissages bicolores sont réservés naturellement aux déclinaisons haut de gamme.

Un peu déroutant à lire au début, mais tout de même rafraîchissant à regarder. Tout comme les garnissages bicolores (réservés naturellement aux déclinaisons haut de gamme) ou encore les plastiques mimant l’aluminium bouchonné recouvrant certaines commandes, par exemple. Il s’agit sans doute là de l’avancée la plus remarquable de ce modèle : la valorisation de l’habitacle.

Fidèles à la tradition (ils sont apparus dès la deuxième génération), les deux baquets de secours permettent théoriquement de faire monter sept personnes à bord. N’en croyez rien. Ces deux « strapontins », aussi confortables qu’un banc de parc, méritent d’être enterrés sous le plancher. Ce faisant, par rapport à l’ancien modèle, on bénéficie d’une surface de chargement plus vaste, plus cubique aussi. En outre, en raison de ses dimensions extérieures plus généreuses, l’Outlander nous fait profiter de places avant et dans la rangée médiane plus spacieuses.

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Les deux baquets de secours permettent théoriquement de faire monter sept personnes à bord. N’en croyez rien.

Prévenant, consensuel, se présentant plutôt bien et correctement équipé, l’Outlander devrait tenir son rang face à des concurrents qui s’appellent Hyundai Santa Fe, Volkswagen Tiguan et même Nissan Rogue. On peut regretter toutefois qu’il manque de synchronisme en ne proposant pas immédiatement la version PHEV (hybride rechargeable) qui représentait jusqu’ici le fer de lance de cette marque.

> Consultez le site de Mitsubishi Canada

Fourchette de prix

De 31 998 $ à 41 678 $

Visible dans les concessions

Maintenant

On aime

Comportement sûr et robuste
Configuration sept places (mais celles-ci ne sont pas très accueillantes)
Présentation intérieure originale

On aime moins

Boîte CVT entêtée
Capacité de remorquage réduite
Confort acoustique perfectible

Notre verdict

L’union fait la force

Faites part de votre expérience

La Presse publiera prochainement l’essai des véhicules suivants : BMW M3/M4, Genesis G80, Honda Civic, Hyundai Tucson, Infiniti QX50 et Jeep Wrangler. Si vous possédez l’un de ces véhicules, nous aimerions bien vous lire.

Fiche technique

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Mitsubishi Outlander 2022

Moteur

L4 DACT 2,5 L atmosphérique

181 ch à 6000 tr/min

181 lb-pi de couple à 3600 tr/min

Performances

Poids : 1690 kg (ES, SE, LE), 1750 kg (GT)

Rapport poids-puissance : 9,33 kg/ch (ES, SE, LE), 9,66 kg/ch (GT)

Capacité de remorquage maximale : 907 kg

Boîte de vitesses

De série : automatique à variation continue (CVT)

Optionnelle : aucune

Mode d’entraînement : rouage intégral (4 roues motrices)

Pneus

235/60R18 (ES, SE)

255/45R20 (LE, SEL, GT)

Capacité du réservoir et essence recommandée

55 L

Ordinaire

Consommation

9,1 L/100 km

Dimensions

Empattement : 2706 mm, longueur : 4710 mm, hauteur : 1745 mm1, largeur : 2144 mm2

1 Avec pneus de 18 po.
Avec les pneus de 20 po : 1748 mm.

2 En incluant les rétroviseurs extérieurs.

Au fond

Les voilà, les sièges de la troisième rangée. Surmontés d’étranges appuie-tête – il est nécessaire de les retirer et de les remiser chaque fois que l’on bascule les dossiers –, ces sièges se destinent à des enfants en bas âge suffisamment flexibles pour les atteindre. Cette configuration est proposée sur l’ensemble de la gamme.

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Mitsubishi Outlander 2022

Pareils ou pas pareils

Ne tournons pas autour du pot, le Rogue de Nissan (notre photo) et le nouvel Outlander ont beaucoup en commun, mais ils diffèrent sur plusieurs aspects. Si l’empattement est le même, le Mitsubishi est plus long, plus haut et plus large que le Nissan. Cela se traduit dans les deux premières rangées de sièges par un dégagement à bord de l’Outlander supérieur à celui du Rogue.

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Nissan Rogue

L’avis de nos lecteurs

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Mitsubishi Outlander 2022

Une bonne affaire

Nous avons parcouru jusqu’ici 38 000 km au volant de notre Outlander 2018. Nous l’avons aimé pour les raisons suivantes : 28 900 $ pour un sept passagers, une garantie de 10 ans et 8 pneus sur jantes. Nous tenons à avoir un véhicule sept passagers pour accueillir occasionnellement nos cinq enfants et leurs amis. La fiabilité est également importante. Pour avoir un équivalent chez la concurrence, il fallait débourser au minimum 10 000 $ de plus. Au moment de notre décision, le seul véritable concurrent de l’Outlander était, à nos yeux, le Kia Sorento. Celui-ci était nettement moins confortable que l’Outlander. Confortable et silencieux, notre Outlander bénéficie d’un rouage à quatre roues motrices d’une efficacité supérieure à celle de notre ancien Subaru Forester. Vrai, le quatre-cylindres ne donne aucune sensation sportive, mais il me semble illusoire d’associer sport et camion. Au chapitre de la consommation, j’ai obtenu 6,5 L/100 km sur autoroute et 10 L/100 km en ville. Nous avons acheté ce véhicule pour le garder longtemps et avoir la paix. La garantie de 10 ans nous assure cette tranquillité d’esprit.

Charles R.

De petits éléments irritants seulement

Propriétaire d’un Outlander PHEV, je suis très satisfait et songe à le garder 10 ans, jusqu’à l’expiration de la garantie. Je roule 16 000 km par année. Je consomme environ 30 L d’essence par mois (un peu plus en hiver). J’utilise le chargeur fourni avec le PHEV sur une prise dédiée. Le coût est minime en électricité. Ma prime d’assurance auto a presque triplé comparativement à celle de ma Cadillac 2014. Le service est excellent. Pour jumeler un cellulaire avec le système Android, mieux vaut consulter la liste de compatibilité de Mitsubishi. J’ai été dans l’obligation de changer mon téléphone portable pour un Google Pixel 4a.

Claude A.

Deux, mais pas trois

Nous avons deux Outlander à la maison (2011 et 2016). Le plus âgé est doté du V6, l’autre, du quatre-cylindres. Nous sommes très satisfaits de la qualité du service après-vente et de la fiabilité de nos deux véhicules. Nous préférons la version V6 pour sa souplesse et pour ses capacités de remorquage. En outre, le V6 consomme à peine une cuillerée à soupe d’essence de plus que le quatre-cylindres. Nous avons songé à remplacer le 2011 lors du renouvellement du modèle, mais nous avons été amèrement déçus d’apprendre que celui-ci n’est offert qu’avec un moteur de 2,5 L incapable de tracter une charge aussi lourde que celle que peut tirer notre 2011. Nous songeons maintenant à nous procurer un Cherokee de Jeep.

Éric B.