(Bowmanville, Ontario) Le renouvellement de la Série 4 de BMW relève d’un pari : les coupés sportifs, assez mis à mal ces dernières années, peuvent-ils retrouver un auditoire ?

On s’en doutait un peu, l’acquisition d’un coupé relève du coup de cœur, non d’une nécessité. Dès lors, le dynamisme du marché de ces modèles que l’on appelait autrefois « les coupés 2 portes » dépend de la présence de nouveautés. Hélas, face à l’insatiable (et parfois incompréhensible) appétit des consommateurs à l’égard des VUS, la dernière mouture de la Série 4 apparaît malheureusement comme l’une des dernières représentantes d’un genre promis à l’extinction.


PHOTO LUCAS SCARFONE, FOURNIE PAR BMW CANADA

Rivale déclarée des Audi A5, Infiniti Q60, Lexus RC, mais aussi des Mercedes Classe C Coupe, cette nouvelle mouture revendique un statut de « 2 + 2 ».

L’évidence ne peut plus être niée : la biodiversité automobile se trouve menacée. Les fourgonnettes se font rares, alors que cabriolets et coupés connaissent un déclin accéléré. Même les familiales sont devenues pratiquement introuvables. Alors, pour tenter de donner le change, certaines marques ont développé des cocktails en mode « utilitaires », à base de mélange des genres.

Elles ont conçu — avec peu de succès — des utilitaires découvrables et des VUS coupés comme les Audi Q8, Volkswagen Atlas Cross Sport ou encore Porsche Cayenne Coupe pour ne nommer que ces trois-là.

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Cette BMW installe le conducteur et le passager avant dans des sièges assurant un maintien parfait.

Aujourd’hui, la présence des coupés n’aurait pas été possible si les constructeurs ne s’étaient pas dotés d’une organisation industrielle extrêmement souple. Cela leur permet de produire à moindre coût des carrosseries multiples à partir d’une seule et même plate-forme. Le coupé, parce qu’il ignore la plupart des contraintes fonctionnelles de l’automobile, permet aux stylistes de donner le meilleur d’eux-mêmes et de prendre plus de libertés. Blason de la maison, ils doivent séduire ceux qui sont susceptibles de l’acheter, mais tous les propriétaires d’une voiture de la marque doivent se sentir culturellement fiers d’une telle réalisation.

Une expérience différente

Plus encore que la mouture précédente, cette seconde génération de la Série 4 prend certaines distances face à la Série 3 dans le but d’offrir une expérience de conduite différente. Pour s’en convaincre, la Série 4 est plus basse de 57 mm, bénéficie de voies arrière élargies de 23 mm et d’un centre de gravité abaissé de 21 mm par rapport à la Série 3.

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Cette BMW est bien élevée et agréable à conduire en toute saison grâce à un rouage intégral parfaitement affûté.

Cette différenciation se voit aussi clairement de l’extérieur. La puissante mais controversée face avant de cette Série 4 reprend, en les accentuant à l’extrême, les signes distinctifs du museau BMW.

Le profil s’allonge en goutte d’eau et le couvercle du coffre, encadré de deux très beaux feux arrière carmin, est sculpté tout en muscles. Les grandes roues rejetées aux quatre coins et les surfaces vitrées très réduites ajoutent à l’impression d’énergie contenue.

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La Série 4 est plus basse de 57 mm, bénéficie de voies arrière élargies de 23 mm et d’un centre de gravité abaissé de 21 mm par rapport à la Série 3.

Rivale déclarée des Audi A5, Infiniti Q60, Lexus RC, mais aussi des Mercedes Classe C Coupe, cette nouvelle mouture revendique un statut de « 2 + 2 », c’est-à-dire de voiture pouvant transporter dans des conditions correctes quatre personnes. Elle installe le conducteur et le passager avant dans des sièges assurant un maintien parfait. L’habitacle, largement inspiré de la berline de la Série 3, est exempt de fautes de goût et se compose de matériaux de fort bonne facture.

Aux places arrière, l’espace disponible en largeur semble plutôt correct, mais l’élégante chute de reins de ce coupé réduit le volume sous pavillon.

PHOTO LUCAS SCARFONE, FOURNIE PAR BMW CANADA

Aux places arrière, l’espace disponible en largeur semble plutôt correct, mais l’élégante chute de reins de ce coupé réduit le volume sous pavillon.

Quiconque dépasse le mètre soixante-seize est condamné à se tasser et, comme les sièges sont bas et les vitres minuscules, l’impression de confinement devient vite pesante. Le coffre, en revanche, offre un volume de chargement dans la bonne moyenne dans la catégorie.

Une différence appréciable

Avec une pareille allure (et des suspensions aussi fermement ajustées), la Série 4 retient les services de mécaniques à fort tempérament. En entrée de gamme, on retrouve un 2 litres un peu trop lisse, mais qui remplit parfaitement sa mission. L’esthète considérera, avec raison, que le six-cylindres en ligne est le plus conforme à la grande tradition du Grand Tourisme, mais celui-ci entraîne un débours additionnel de quelques 10 000 $. Une somme appréciable, même si celle-ci s’assortit de la présence de plusieurs équipements additionnels.

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La Série 4 retient les services de mécaniques à fort tempérament. En entrée de gamme, on retrouve un 2 litres un peu trop lisse, mais qui remplit parfaitement sa mission. L’esthète considérera, avec raison, que le six-cylindres en ligne est le plus conforme à la grande tradition du Grand Tourisme.

Le moteur 3 litres remarquablement vivant est celui avec lequel BMW met le mieux en valeur l’équilibre de son châssis et la réactivité de sa direction. Étagée juste comme il le faut, la boîte claque ses huit rapports comme un fouet et dispose de la poigne suffisante pour donner de l’aisance à cette voiture.

Souple et vif en reprises, le moteur offre de belles accélérations, mais contient son appétit et délivre une sonorité agréablement travaillée.

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La puissante mais controversée face avant de cette Série 4 reprend, en les accentuant à l’extrême, les signes distinctifs du museau BMW.

Avant d’aller plus loin, il importe de souligner qu’à ce six-cylindres se greffe un alternodémarreur de 8 kW alimenté en 48 Volts. Cette microhybridation du propulseur participe, à l’aide d’autres « artifices » comme la coupure automatique à l’arrêt par exemple, à réduire la consommation d’essence.

Sur la route, cette Série 4 offre, en dépit de son poids, une étonnante sensation de légèreté tout en affichant un comportement routier très rigoureux. On lui reconnaît également une qualité d’amortissement remarquable — pour peu que la chaussée soit correctement revêtue et le châssis ne soit pas réglé en mode Sport ou Sport + — et un freinage solide, même lorsque durement sollicité. Bref, une BMW bien élevée et agréable à conduire en toute saison grâce à un rouage intégral parfaitement affûté.

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Au moteur six-cylindres se greffe un alternodémarreur de 8 kW alimenté en 48 Volts.

La Série 4 donne du talent, même à ceux et celles qui n’en ont pas. Voilà sans doute ce que les amateurs de conduite lui reprocheront le plus : d’être plus Grand Tourisme (GT) que sportif. Sans doute est-ce plus dans l’air du temps ? Après tout, le segment du coupé appartient à ce que l’on pourrait appeler le marché de la nostalgie. Celui-ci se compose d’automobilistes qui, dans le passé, ont eu des coupés et ne sont plus en quête de performance, mais de l’attitude sportive qu’ils dégagent.

Le coupé n’est plus une « voiture de jeune ». Les moins de 40 ans n’ont généralement guère les moyens de s’offrir une voiture de ce prix ni vraiment l’envie de se l’offrir en raison de son absence de sens pratique.

Mais, à la réflexion, l’essentiel n’est pas de savoir qui achète ou conduit un coupé. Le plus important est que ces voitures continuent de combattre la banalité quotidienne des VUS.

Courant d’air

PHOTO FABIAN KIRCHBAUER, FOURNIE PAR BMW AG

BMW Série 4 cabriolet

Les concepteurs de la Série 4 profitent de cette refonte pour coiffer d’une toile la version cabriolet. Personne ne s’en plaindra. Plus légère et surtout moins complexe que le toit dur escamotable qui la surmontait depuis 2007, cette toile permet d’abaisser le centre de gravité tout en augmentant le volume du coffre. Ce dernier se prolonge jusqu’aux places arrière — chose impossible par le passé en raison de toute la quincaillerie requise pour mouvoir ce toit dur — pour assurer le transport de longs objets comme des skis. La grille tarifaire de ce modèle à ciel ouvert sera connue dans quelques semaines.

Toujours plus

PHOTO WWW.DANIEL-KRAUS.COM, FOURNIE PAR BMW AG

BMW M4 « compétition »

Sans surprise, BMW coiffe la gamme de la Série 4 d’une version M (Motorsport). Celle-ci, compte sur un moteur 3 litres suralimenté par deux turbocompresseurs et délivre 473 chevaux et 406 livres-pied de couple aux seules roues arrière par l’entremise d’une boîte manuelle. L’offre apparaît alléchante, mais BMW ajoute un supplément d’âme avec le groupe « compétition » qui fait culminer la puissance à 503 chevaux et 479 livres-pied de couple. Une mécanique qui s’associe uniquement à une transmission automatique à 8 rapports. Un rouage intégral sera proposé dans les prochains mois. BMW fixe à 85 100 $ le prix de départ de ce modèle.

L’avis des propriétaires

Les problèmes commencent

Je conduis une BMW 435xdrive depuis mars 2014. La voiture m’a apporté beaucoup de satisfaction à deux bémols près : la direction surassistée et les pneus performances à roulage à plat (run flat) qui crèvent tout le temps et coûtent littéralement une fortune. C’est certain que les rues de Montréal sont difficiles pour de pareils pneus, mais j’ai aussi eu une crevaison sur l’autoroute.

Ma voiture est payée depuis longtemps et je ne me décide pas entre la conserver et la changer. Malheureusement, la nouvelle mouture de la Série 4 ne vient plus avec la transmission manuelle. Je voudrais bien garder la mienne, mais les problèmes commencent, j’ai 129 000 km au compteur. L’été dernier, les freins ont été refaits et, aujourd’hui, au moment où je vous écris, elle est au garage pour remplacer l’alternateur. Le prix de cette réparation est exorbitant.

— Normand C.

Un fidèle

Au cours des dernières années, j’ai eu trois BMW de Série 4. Deux cabriolets (428xi 2014 et 440xi 2017) et actuellement une M4 CS 2019. Ces voitures se sont révélées fiables et très agréables à conduire. Ce sont des voitures destinées à des gens sans enfants (coupé), car moins pratiques.

La version à moteur 4 cylindres (2 litres) est correcte à condition de ne jamais avoir conduit les autres à 6 cylindres, beaucoup plus performantes.

Quant à elle, la M4 est beaucoup plus nichée (suspension ferme, propulsion, puissance hors norme), ce qui la rend moins pratique, mais tellement enivrante à conduire.

— P. Lapointe

Faites part de votre expérience

La Presse publiera prochainement l’essai des véhicules suivants : Genesis G80, Hyundai Elantra, Kia Optima (K5), Land Rover Defender, Lexus IS, Mazda 3, Mercedes CLA, Mini Cooper et Countryman, Toyota Sienna. Si vous possédez l’un de ces véhicules, nous aimerions bien vous lire.

Fiche technique

Moteur
(430i) L4 DACT 2 litres turbocompressé ; 255 chevaux entre 5000 et 6500 tr/min ; 295 lb-pi entre 1550 et 4400 tr/min
(440i) L6 DACT 3 litres turbocompressé (hybridation légère) ; 382 chevaux à 5800 et 6500 tr/min ; 369 lb-pi entre 1800 et 5000 tr/min
Performances Poids : 1682 kg (430i), 1804 kg (440i)
Rapport poids/puissance : 6,59 kg/ch (430i), 4,72 kg/ch (440i)
Accélération (0-100 km/h) : 5,8 sec. (430i), 4,8 sec. (440i)

Boîte de vitesses

De série : automatique 8 rapports
Optionnelle : aucune
Mode d’entraînement : intégral (4 roues motrices

Pneus

225/45R18 (430i) 225/40R19 – 255/35R1/9 (440i)

Capacité du réservoir et essence recommandée

59 litres
Super

Consommation

9,6 L/100 km (440i

Dimensions

Empattement : 2850 mm ; longueur : 4773 mm (1) ; hauteur : 1392 mm (2) ; largeur : 2080 mm (1) 4775 mm (440i) (2) 1387 mm (430i)