Une voiture ne doit pas seulement remplir efficacement sa fonction. Elle doit aussi susciter l’envie. Et la Mustang cabriolet donne envie.
Il suffit de presser un simple bouton : le réceptacle, logé juste devant le coffre, se lève, puis la toile se tend à la verticale avant de se replier comme un accordéon et de disparaître dans la cavité qui se refermera avec un léger « clic ».
Pendant ce court laps de temps, un rapide tour du propriétaire. Rien n’a véritablement changé depuis la refonte de ce modèle. La position de conduite est agréable et le soutien proposé par les sièges (avant) est adéquat. En revanche, on trouve à redire sur la qualité quelconque de certains plastiques et commutateurs bon marché. Quant aux places arrière – ou ce qui en tient lieu –, elles s’inscrivent toujours dans le domaine du symbolique.
Qu’à cela ne tienne, la Mustang a fait l’objet de certaines évolutions. Sans surprise, celles-ci touchent principalement le système d’infodivertissement, même si celui-ci demeure à certains égards à la remorque de plusieurs de ses concurrents en matière de rapidité et de convivialité.
Beau son
Pour le reste, la Mustang cabriolet ne démérite pas face à sa rivale naturelle, la Camaro de Chevrolet, et offre un coffre étonnamment spacieux et modulable, des rangements pratiques et plusieurs accessoires recherchés par les consommateurs, dont des sièges réfrigérants. Le confort acoustique, même décapoté, est agréable, pour peu que l’on observe les limites de vitesse imposées sur notre territoire.
Outre le plaisir de la traversée et la caresse du vent, un cabriolet Mustang vaut aussi pour l’allégresse acoustique que déclenchent les vocalises du V8, mais aussi de la version « performances » du 2,3 litres (330 chevaux), tous deux à la sonorité très travaillée. Et ça s’entend, surtout sous les tunnels d’autoroute, où la réverbération du moteur donne presque la chair de poule.
Cet étalage de performances paraît cependant un peu vain. Le charme du cabriolet, à vrai dire, est assez étranger aux montées en régime fulgurantes.
Dès lors, le quatre-cylindres de série (310 chevaux) ne manque pas de caractère non plus, même si son tempérament n’est pas à proprement parler volcanique.
Quatre-cylindres gourmand
Le plus gênant touche les niveaux de consommation fort élevés de ce quatre-cylindres, surtout lorsqu’il s’amalgame à la boîte manuelle offerte de série. Cette dernière se double d’un système qui réalise automatiquement un double débrayage éclair afin de trouver le régime idéal au moment d’enclencher un rapport. De quoi faire passer le conducteur pour un maestro du talon-pointe.
Un art réservé aux virtuoses, mais condamné par le déclin de la culture automobile à essence et la généralisation de la boîte automatique. Cette dernière qui, dans le cas présent, compte 10 rapports, optimise la consommation et convient plutôt bien à la conduite tout en souplesse qui sied à un cabriolet.
Malgré ses proportions, cette Mustang se conduit avec facilité, en ville comme sur les routes en lacets.
Sur la route des vacances, cette Mustang découvrable témoigne d’un comportement routier rigoureux, voire pétulant, même si le train avant cherche à prendre une trajectoire plus large que souhaité dans les virages serrés abordés avec trop d’optimisme.
Dans ce domaine et pour bénéficier d’un comportement plus neutre encore, la présence de la suspension pilotée (Magnetic Ride) apparaît ici comme un incontournable. Ce dispositif assure non seulement un meilleur équilibre dans les changements de trajectoire, mais défroisse les imperfections de la chaussée avec un peu plus d’aisance.
Hélas, les possibilités de personnalisation ne sont pas infinies sur la version cabriolet. Contrairement au coupé, la version « plein air » de la Mustang se voit privée de l’option « Ensemble tenue améliorée », histoire de mieux affiler les qualités dynamiques du châssis. Dès lors, la direction offre un ressenti correct quant au travail des roues avant, mais n’offre toutefois pas la rapidité de certaines de ses rivales ni un freinage aussi progressif et endurant.
Pourquoi lui faire de tels reproches ? Cette voiture est taillée pour la balade, et à cet exercice, elle est autrement plus habile et amusante qu’un VUS.
Retour vers le futur
Pour entretenir la flamme de ses inconditionnels (et de ses collectionneurs), la Mustang dépoussière, à l’occasion, certaines appellations de son passé. La prochaine en liste : la Mach 1. Cette déclinaison apparue pour la première fois en 1969 s’intégrera au catalogue de la Mustang à compter du printemps 2021. Son prix (non communiqué) et ses prestations la positionneront sous les actuelles GT350 et GT500, mais au-dessus de la Bullitt. Cette seconde réinterprétation moderne de la Mach 1 sera strictement offerte en configuration coupé.
Erreur sur la personne
On le sait à présent : la première Mustang vendue le fut à l’Américaine Gaile Wise (au centre sur la photo). Un cabriolet de couleur turquoise dont la valeur actuelle dépasse les 350 000 $ US. Madame Wise en est toujours la propriétaire. Une belle histoire, mais celle-ci en cache une autre, très répandue sur les réseaux sociaux. Stanley Tucker, un Canadien, a acheté « sa » Mustang un jour avant Mme Wise, soit le 14 avril 1964. Alors pourquoi Mme Wise serait-elle la première ? Simplement parce que la Mustang acquise par M. Tucker était un « échantillon ». Ou pour reprendre une expression familière dans le milieu automobile, un modèle de préproduction. Conséquemment, ce modèle devait strictement servir à la promotion et en aucun cas être vendu. Il le fut tout de même. M. Tucker a mis deux ans avant d’accepter l’offre de la société Ford de lui rendre cette unité, aujourd’hui visible au musée de l’entreprise à Dearborn, au Michigan.
On aime
Prix attractif
Suspension pilotée offerte en option (Magnetic Ride)
Polyvalence certaine (sièges à l’arrière et volume du coffre)
On aime moins
Consommation du moteur de 2,3 litres, qui incite pratiquement à considérer le 5 litres
Suspension de base trépidante
Détails de présentation gâchés
Notre verdict
Un cabriolet qui ne fait pas le printemps, mais apporte une réjouissante touche d’excentricité.
FICHE TECNIQUE
Moteur L4 DACT 2,3 litres turbocompressé
310 chevaux à 5500 tr/min
350 lb-pi à 3000 tr/min
Moteur L4 DACT 2,3 litres turbocompressé (HO)
330 chevaux à 6000 tr/min
350 lb-pi à 3000 tr/min
Moteur V8 DACT 5 litres
460 chevaux à 5500 tr/min
420 lb-pi à 4600 tr/min
Performances
Rapport poids/puissance : 6 135 kg/ch (2,3 litres), 4,49 kg/ch (5 litres)
Accélération : 6,5 secondes (2,3 litres), 4,8 secondes (5 litres)
Vitesse de pointe : 195 km/h (2,3 litres), 249 km/h (2,3 litres HO et 5 litres)
Boîte de vitesse
De série : manuelle 6 rapports
Optionnelle : automatique 10 rapports
Mode d’entraînement
Propulsion (roues arrière motrices)
Capacité du réservoir et essence recommandée
58 litres (2,3 litres), 60 litres (5 litres)
Super (recommandée pour les performances optimales)
Consommation
10,6 L/100 km (2,3 litres)
13,4 L/100 km (5 litres)
Dimensions
Empattement : 2720 mm
Longueur : 4789 mm
Hauteur : 1394 mm
Largeur : 1916 mm (*)
(* rétroviseurs repliés)
Pneus
235/55R17 235/50R18 255/40R19