Malgré la crise financière, les pressions politiques, le coût élevé du pétrole et la très dense circulation sur les routes, l'automobile roule toujours et fait toujours rêver. Pour preuve, jeudi soir, la plus importante manifestation automobile de la planète prévoyait une hausse de fréquentation de 12%. Si la tendance se maintient, le Mondial pourrait enregistrer plus de 1,5 million d'entrées d'ici à sa clôture le week-end prochain.

L'automobile fait toujours rêver. Il suffisait de voir la foule, nombreuse et intéressée, le jour de l'ouverture, porte de Versailles, pour être convaincu qu'en dépit des sombres nuages qui planent au-dessus de son capot, l'automobile demeure objet de convoitise, n'en déplaise à ses détracteurs, qui ont fait retentir leurs klaxons.

Même l'opération anti-automobile lancée par Greenpeace dans les minutes qui ont suivi l'ouverture du salon n'a pas eu l'effet recherché. Les organisateurs n'auraient pu trouver pire endroit pour hisser leur banderole - sur laquelle on voyait la planète écrasée par une roue de voiture - que le mur derrière lequel on exhibait la très prometteuse Chevrolet Volt, qui marque une rupture quasi totale avec l'automobile telle que nous la connaissons aujourd'hui. Si le message et le moment choisi par Greenpeace n'étaient pas les mieux inspirés, il y a néanmoins péril en la demeure. Il faut sensibiliser la population et dénoncer l'hypocrisie de l'industrie.

 

Dans un environnement qu'elle domine entièrement, l'industrie automobile avait naturellement beau jeu pour faire étalage de sa sensibilité et de ses efforts pour préserver la planète. De Honda à Volvo en passant par Peugeot et Renault, chaque constructeur veillait à véhiculer le message qu'il était plus vert que le voisin. L'est-il réellement? Pas si sûr, mais à quoi bon, les visiteurs rencontrés au Mondial s'en fichent éperdument. Et c'est sans doute ce qui fait rager le plus des organisations comme Greenpeace. Non sans raison. En effet, le message de cette association ne traduisait pas une volonté de faire réaliser au public le nombre exact de grammes d'émissions polluantes de leur véhicule au kilomètre. Non, le message était plutôt l'impatience à l'égard de cette industrie qui profite de chacune de ses grand-messes pour multiplier des annonces qui mettront des années à se concrétiser, si elles se concrétisent bien entendu. En fait, chaque salon ressemble étrangement à une campagne électorale: on promet beaucoup de choses, mais on en réalise peu.

Bref, Greenpeace paraphrase en quelque sorte Yvon Deschamps: «On veut pas le savoir, on veut le voir.» On peut écarquiller grands les yeux devant la Volt et ses promesses, mais si GM la commercialise à un tarif prohibitif ou à très faible dose, où est l'intérêt? Pour preuve, suffit de voir chez GM toujours la disponibilité extrêmement limitée de son offre hybride dans le segment des gros utilitaires. Toute la presse a salué cette initiative, de même que les performances de ces véhicules, mais l'offre est éparse sinon inexistante. Et ce ne sont pas que les hybrides de GM qui sont fantomatiques. Les autres le sont aussi. Que ceux ou celles qui n'ont pas attendu plusieurs semaines, voire plusieurs mois avant de poser leurs fesses dans ces véhicules verts lèvent la main.

Dans ce contexte, l'impatience de Greenpeace s'explique. En revanche, au Mondial, le visiteur n'est pas dupe. Il a seulement besoin de réfléchir, un peu. Au message de Greenpeace peut-être, au bonus-malus de l'État sans doute, mais surtout aux centaines de travailleurs de l'automobile postés devant la muraille qui ceinture le parc des expositions, où se déroule l'événement, qui distribuent des tracts dans lesquels ils expriment leurs craintes de perdre leurs emplois*. Au bénéfice de quelle cause doit-on poser un geste?

Dans les allées du Mondial

Mondial. L'expression est assez pompeuse déjà, mais les organisateurs, avec la complicité des constructeurs, en ont rajouté une couche cette année en annonçant 90 primeurs. C'est énorme. Et c'est faux! En effet, parmi les avant-premières mondiales, mentionnons la sellerie de cuir de la Jeep Compass Overland ou encore l'alterno-démarreur qui équipe une édition limitée de la Fiat 500. On a déjà vu plus spectaculaire.

* En France, un emploi sur 10 dépend directement ou indirectement de l'industrie automobile.