On assiste peut-être à un événement notoire dans l'histoire de l'automobile: le lancement d'un véhicule tout électrique de série. En décembre, Nissan commercialisera aux États-Unis sa Leaf, attendue dans un an sur le marché canadien. Le constructeur nippon souhaite ardemment qu'on la considère comme un véhicule ordinaire. La Leaf, une voiture comme les autres? Premières impressions.

Naturellement, on monte à bord de la Leaf comme on le ferait dans n'importe quelle voiture, à ceci près que le premier geste diffère grandement. Pour mettre le contact, il suffit d'appuyer sur un bouton au tableau de bord. Un carillon de petites cloches se fait entendre pour indiquer au conducteur qu'il peut appliquer le pied sur le frein et déplacer le levier de vitesse, au plancher, en position D. Au premier coup d'oeil, on note que la batterie est «pleine», comme indiqué au tableau de bord - curieusement, l'icône demeure une pompe à essence. Au fur et à mesure que la voiture roulera, le tableau de bord indiquera quelle distance on peut encore parcourir avant que la batterie ne soit à plat. En plus de l'indicateur de vitesse, un petit arbre (!) indique au conducteur jusqu'à quel point il économise du «carburant» et combien il contribue à protéger l'environnement.

Ayant pris connaissance de ces caractéristiques, il ne reste plus qu'à appuyer sur l'accélérateur comme on le ferait pour tout autre véhicule. Sans faire de bruit, la Leaf accélère vivement. Le moteur a du couple à très basse vitesse. On ne sent aucun passage de vitesses (il n'y a pas de boîte de vitesse) et tout ce qu'on entend, c'est le bruit des pneus à basse résistance de roulement. Les accélérations sont vives, mais il faut se contenir si on veut économiser la réserve d'énergie de la batterie.

Prendre l'autoroute se fait sans peine, mais les reprises ne sont pas des plus excitantes. Le freinage, qui régénère en partie la batterie, est un peu délicat mais efficace. Il faut reconnaître que Nissan a réussi. La Leaf se comporte comme une voiture ordinaire. On sent, cependant, que l'auto est lourde - elle pèse presque 1600 kg (!). Avec un centre de gravité plutôt bas et un équilibre des masses de 50/50, la Leaf affiche un excellent comportement routier. Et Nissan a veillé à éliminer une bonne partie des bruits aérodynamiques de la carrosserie. Le design des phares, par exemple, est destiné à éliminer le bruit du vent autour des rétroviseurs.

Aucun gaz

Contrairement à la Volt de GM, la Leaf n'a aucun élément mécanique traditionnel pour appuyer sa configuration électrique. Cette auto à cinq passagers est donc un véhicule qui, rappelons-le, ne produit absolument aucun gaz ou autre émission nocive. Ses batteries laminées au lithium-ion lui confèrent une autonomie moyenne de 160 km (selon l'utilisation) et une vitesse maximale d'environ 140 km/h. Le moteur électrique placé à l'avant de l'auto (et qui ressemble à un moteur ordinaire quatre cylindres) produit alors 80 kW (environ 107 chevaux) et 206 lb-pi de couple.

La fiabilité de la batterie pourrait inquiéter bien des consommateurs. N'ayez crainte: elle est composée de quatre cellules laminées et de 48 modules, elle est garantie huit ans ou 160 000 km. Nissan soutient qu'elle aurait une espérance de vie utile de 10 ans. Cet ensemble de batteries de quelque 250 kg serait plus sûr que jamais, ne créant que très peu de chaleur, d'après le directeur de la planification des produits de la marque au Canada, Ian Forsyth.

Nissan a testé le véhicule en Finlande en plein hiver. Une fois branché pour être rechargé, son ensemble technique demeure à 20 ºC. À une température de -10 ºC, la batterie aurait une autonomie d'au moins 100 km avec le chauffage au maximum, assure le constructeur.

Même après quelques heures passées au volant de la Leaf, il restait encore à notre voiture d'essai 44 km au compteur. Et nous avions roulé plus longtemps que la moyenne des automobilistes durant toute une journée.

En ville comme sur autoroute, la Leaf se conduit tout simplement comme une voiture ordinaire qui aurait un moteur quatre cylindres avec boîte automatique, mais qui serait extrêmement silencieuse - caractéristique très distinctive des véhicules électriques, comme chacun sait. Les accélérations initiales sont étonnantes et les reprises honnêtes. L'instrumentation est simple à lire et le comportement routier très prévisible. L'autonomie de la batterie en situation urbaine correspond assez bien aux prévisions du constructeur. Mais il faudra attendre encore quelques mois avant d'en vérifier le comportement chez nous.

Les frais de déplacement et d'hébergement pour ce reportage ont été payés par Nissan Canada.