Nous avons mis à l'essai plusieurs sièges pour enfant, expliquer l'importance de faire le bon choix de sièges en fonction de l'âge des enfants, mais il faut aussi s'assurer de bien les utiliser.

Érick Abraham, ingénieur associé de recherche, travaille au sein de l'équipe de sécurité routière à l'École polytechnique de Montréal, qui fait des expertises d'accidents notamment pour le compte de Transport Canada et de la Société de l'assurance automobile du Québec. Ce qu'il nous apprend est inquiétant : chaque année, entre 15 et 20 enfants sont hospitalisés au seul hôpital Sainte-Justine de Montréal après avoir subi des blessures graves parce qu'ils étaient mal attachés dans leurs sièges.

La bonne façon d'attacher un bébé lorsqu'il fait face vers l'arrière est de faire passer les sangles aux épaules ou un peu en dessous en s'assurant qu'elles sont bien à plat. La pince de poitrine doit quant à elle être au centre du thorax. Et on ne doit pas avoir peur de serrer. «On doit s'assurer que l'on puisse passer un seul doigt sous le harnais à la hauteur de la clavicule, explique M. Abraham. Certains parents hésitent, mais on peut facilement habituer les enfants à être serrés. Si les pilotes de course ont su profiter des progrès effectués en matière de sécurité pour sortir indemnes d'accident graves, il faut faire la même chose pour les enfants.» Si les sangles sont trop lâches ou que la pince de poitrine est trop basse, le bébé risque d'être éjecté en cas de collision.

Il faut également résister à retourner son enfant vers l'avant même si ses jambes sont repliées contre le dossier du siège arrière. «Transport Canada ne m'a pas informé d'une recrudescence de blessures aux jambes à cause de ça, soutient Érick Abraham. De toute façon, vaut mieux des blessures mineures aux jambes que des traumatismes graves à la tête.»

Quand l'enfant est assez grand et lourd pour passer en position vers l'avant, les courroies doivent passer au niveau des épaules ou un peu au-dessus. Les règles demeurent les mêmes quant à la position de la pince de poitrine.

Vient ensuite le siège rehausseur de phase 3, qui doit être utilisé le plus longtemps possible avec le harnais en cinq points, lequel doit être attaché de la même façon que dans un siège de phase 2. Quand l'enfant est trop grand pour profiter du harnais, on continue à utiliser le siège rehausseur, avec ou sans dossier, mais avec la ceinture en baudrier du véhicule.

«La principale fonction du rehausseur est de permettre à la ceinture sous-abdominale de passer au niveau des hanches, explique M. Abraham. Quand un enfant est trop petit, il a naturellement tendance à se laisser glisser pour que ses genoux puissent plier à l'extrémité du coussin, avec comme résultat que la ceinture remonte au niveau de l'abdomen. S'il y a une collision, la ceinture ne passe plus sur la partie solide du corps, mais bien sur le ventre. Les organes sont comprimés et cela peut causer des blessures internes très importantes.» La ceinture en baudrier peut elle aussi glisser de l'épaule de l'enfant, dont le corps peut alors se replier violemment vers l'avant en cas d'impact frontal.

Zones grises

Enfin, il faut s'assurer que les sièges sont solidement fixés à la voiture, que ce soit à l'aide des crochets d'ancrage universels ou de la ceinture, sans oublier la sangle de retenue supérieure, dont l'utilisation est parfois négligée, selon Érick Abraham.

Pour ce faire, il vaut mieux essayer le siège dans sa voiture avant d'en faire l'achat. Dans certains cas, des voitures n'offrent pas de crochets d'ancrage pour la position centrale de la banquette arrière, de même que les crochets de la sangle de retenue supérieure peuvent être mal placés - empêchant un serrage adéquat ou s'étirant au milieu de l'espace cargo, par exemple. «Il existe des normes pour les sièges d'enfant, de même que pour la forme et la résistance des crochets d'ancrage des véhicules, mais rien n'assure la compatibilité entre les deux», explique M. Abraham.

Une autre «zone grise» relevée par M. Abraham est l'absence d'opérations policières plus répressives. «On le voit lors de nos cliniques de formation, les gens que l'on voit sont ceux qui sont déjà sensibilisés. Ceux qui sont négligents ne viennent pas, se désole-t-il. Les policiers font des opérations pour vérifier si les automobilistes portent leurs ceintures. Pourquoi ne font-ils pas la même chose pour les sièges d'enfants?»