L'équipementier canadien Magna International pourrait devoir bonifier son offre à General Motors au risque de voir le holding belge RHJ International lui couper l'herbe sous le pied et racheter Opel, la filiale européenne de GM.

Le holding belge RHJ International SA a indiqué être en négociations avec GM en vue d'acquérir la majorité des actions d'Opel. Les négociations auraient été amorcées depuis plusieurs semaines et seraient à un stade avancé.

 

RHJ est un holding qui investit à long terme dans des firmes actives dans toutes sortes de secteurs et détient déjà la majorité des actions de deux sous-traitants automobiles, le belge Honsel International Technologies et le japonais Asahi Tec. RHJ a aussi une participation minoritaire dans le japonais U-Shin.

 

RHJ a souvent été nommée comme repreneur éventuel mais a attendu à lundi pour confirmer son intérêt pour Opel parce qu'elle ne se sentait auparavant pas suffisamment proche de son objectif pour le rendre public, a dit un cadre de la compagnie, Arnaud Denis : « Nous avons le sentiment d'avoir atteint un stade avancé des négociations et qu'il convient maintenant de confirmer ces discussions ».

 

RJH n'a pas précisé quel pourcentage d'Opel il tente d'acquérir (le quotidien Financial Times rapporte que la cible est de 51 % à 55 %) ni sur quels enjeux précis les négociations portent. Mais l'annonce de RJH survient alors que le fabricant canadien de pièces et de systèmes automobiles Magna International et la banque russe Sberbank poursuivent leurs propres négociations avec GM dans le but de racheter Opel.

 

Une entente de principe sans engagement contractuel avait été conclue en mai, ce qui donnait Magna comme favori pour reprendre Opel en acquérrant 65 % des actions de la firme. Il est difficile de dire si cela a changé à la suite de l'annonce de RJH. Magna espérait signer une entente définitive le 15 juillet et a l'appui des syndicats européens et des gouvernements provinciaux allemands où sont situées les usines Opel.

 

Embûches et garanties

 

Mais les négociations entre Magna et GM ont fait apparaître des embûches, notamment au sujet de la propriété intellectuelle de la technologie d'Opel, rapporte Automotive News Europe. Magna est un sous-traitant pour de nombreux constructeurs automobiles en Amérique du Nord et en Europe et GM ne veut pas que sa technologie se retrouve chez ses concurrents.

 

RHJ demanderait aussi moins de garanties financières du gouvernement allemand que Magna. Selon le quotidien allemand Bild am Sonntag, RHJ demanderait 3,8 milliards d'euros de garanties publiques, moins que les 4,5 milliards d'euros demandés par Magna. Toutefois, l'agence Reuters cite une source anonyme proche des négociations selon qui le plan de rachat d'Opel par RHJ supprimerait 10 000 emplois.

 

Malgré l'entente de principe signée entre GM et Magna en mai, le gouvernement fédéral allemand a toujours affirmé que les enchères restaient ouvertes et a encouragé plusieurs candidats potentiels à présenter des offres, notamment pour maintenir la pression sur Magna. Le gouvernement allemand est un interlocuteur obligé dans la négociation, puisqu'il a allongé 1,5 milliards d'euros en financement temporaire en attendant que GM vende Opel.

La semaine dernière, GM a confirmé que la firme chinoise BAIC avait déposé une offre détaillée pour Opel et Vauxhall.

 

La nouvelle proposition de RHJ n'est pas bien accueillie par les autorités provinciales allemandes : « Magna reste la meilleure solution; en second choix, ce serait Fiat », a déclaré le ministre de l'Économie du Land (province) de Thuringe, Jürgen Reinholz. Il dit croire qu'un contrat final entre Magna et Opel peut être signé ce mois-ci.

Le porte-parole de RJH a refusé de donner le prix de son offre pour Opel. Il n'a pas voulu non plus en préciser les conséquences en matière d'emploi, que ce soit en Allemagne, pour le site belge d'Anvers ou pour la filiale britannique Vauxhall.

 

Le porte-parole de RHJ a toutefois précisé que le groupe disposerait d'une trésorerie de près de 440 millions d'euros une fois cédée une petite participation dans la banque égyptienne Commercial International Bank, ce qui devrait être fait d'ici 10 jours.

 

Sources : Agence France Presse, Associated Press, Reuters, Automotive News Europe, Financial Times