Le marché européen de l'automobile ne verra pas de reprise avant 2011, mais en Amérique du Nord, l'embellie pourrait survenir dès la fin de 2009.

C'est ce qu'a déclaré le président du constructeur automobile Renault-Nissan, Carlos Ghosn, dans une entrevue publiée en Europe dans le International Herald Tribune.

« Je ne vois pas (de reprise) en Europe avant 2011 ; 2010 sera semblable à 2009, avec des hauts et des bas », a-t-il dit.

Les programmes de prime à la casse introduits en Allemagne, en France, en Angleterre et dans plusieurs autres pays d'Europe permettent aux constructeurs européens de produire un peu plus en attendant une reprise espérée de l'économie, mais ils sont une arme à double tranchant, dit M. Ghosn. « Ces incitatifs nous ont donné un peu d'air et, évidemment, nous sommes inquiets de ce qui arrivera à leur terme, a-t-il dit. On s'inquiète parce qu'on sait que la fin de ces programmes aura un impact négatif. Nous espérons que l'économie aura repris d'ici là, ce qui adoucirait l'impact. »

 

Primes à la casse : arme à deux tranchants

 

Mais arrêter ces programmes pourrait être plus difficile que les lancer. L'Allemagne a déjà prolongé le sien et les constructeurs français veulent que la France continue de financer le sien au-delà de l'échéance prévue pour la fin de 2009.

Ces programmes reportent à 2010 une partie du risque de 2009 et ils ne peuvent pas être interrompus sans conséquence, dit David Arnold, analyste financier au bureau londonien du Crédit Suisse.

Par contraste, le programme de prime à la casse américain, qui fait lentement son chemin au congrès américain, est beaucoup plus compliqué et restreint que ses équivalents européens. Il a des volets environnementaux qui obligent l'achat de véhicules consommant moins d'essence. Donnons un exemple extrême : un consommateur ne peut échanger sa Civic 1990 contre un Yukon 2009. Son bilan energétique doit être meilleur pour qu'il puisse toucher sa prime à la casse.

Au sujet des perspectives mondiales du secteur automobile, M. Ghosn a exprimé des propos beaucoup moins optimistes que certains commentaires récents saluant le nouveau tandem Fiat-Chrysler, la nouvelle GM, le rachat de Saab et le mariage annoncé entre le canadien Magna, l'allemand Opel et le russe GAZ.

Le patron de Renault et de Nissan s'est dit sceptique au sujet de la survie à long terme de la totalité de tous ces constructeurs automobiles, anciens et nouveaux : « Je ne pense pas que ce film-là est fini, qu'on a vu tous les chapitres » À la fin de la crise actuelle, a ajouté M. Ghosn, « je ne pense pas qu'il y aura plus de joueurs dans ce secteur qu'avant ».

 

Sources : International Herald Tribune, Reuters.