S'il fallait une preuve que le marché nord-américain de l'automobile est sens dessus dessous, considérez ceci: GM et Chrylser, qui sont en faillite, suscitent énormément d'intérêt de la part des consommateurs qui magasinent une auto; les constructeurs japonais offrent des rabais et incitatifs record; mais pas autant que... Mercedes, puisque c'est ce fabricant de voitures de luxe qui a consenti, en mai, les rabais les plus élevés.

C'est le monde à l'envers, constate l'excellente analyste Michelle Krebs, de AutoObserver, un magazine appartenant à la firme de cotation en ligne Edmunds.com.

Le magazine a tenté de quantifier l'état de chaos exceptionnel dans lequel se trouve le marché américain de l'auto. Les modèles de GM et deChrysler appelés à disparaître attirent les chasseurs d'aubaines, tandis que les autres constructeurs automobiles doivent faires des efforts jamais vu pour garder la tête hors de l'eau. «Tous les fabricants s'efforcent de trouver quelque chose qui marche», dit Jesse Toprak, directeur de la recherche sur l'industrie automobile chez Edmunds.com, cité par AutoObserver.

À la lumière des ventes mensuelles publiées récemment par toutes les compagnies, Edmunds.com a calculé le rabais moyen par véhicule consenti aux États-Unis en avril: 2946 $ (US, bien-sûr) au mois de mai. C'est 111 $ (3,6 %) de moins qu'en avril, ce qui reflète la petite embellie des ventes observées. Mais c'est quand meme 622 $ (26,8 %) de plus qu'en mai 2008 (avant la crise).

C'est particulièrement intéressant quand on regarde qui dépense cet argent.

Les constructeurs nord-américains, qui doivent depuis longtemps offrir des incitatifs pour vendre leurs produits, demeurent de gros joueurs, avec un incitatif moyen par véhicule de 3766 $ en mai. Mais ça baisse: c'était 3990 $ en avril.

Chez les constructeurs japonais, longtemps habitués à vendre leurs voitures sans rabais, on voit les incitatifs monter: d'avril à mai, l'incitatif moyen par véhicule japonais a augmenté de 171 $ pour atteindre 1907 $, un record à vie pour les firmes du Soleil levant. Parmi eux, Honda et Nissan ont consenti des rabais records.

Plus remarquable encore, les Européens ont augmenté leur incitatif moyen par véhicule de 214 $, pour atteindre 3823 $. Remarquable: ils dépassent maintenant les Américains.

Les Coréens ont réduit le leur de 533 $, à 2894 $ par véhicule vendu.

L'analyse par segment permet d'observer que les voitures sport de luxe (6865 $) et les gros VUS (4267 $) avaient les rabais le plus élevés. Pas de surprise là, pas plus qu'à l'autre bout du spectre : les sous-compactes (1096 $) et les compactes (2117 $) ont offert les rabais les moins élevés..

Mais c'est dans les extrêmes qu'on voit la tendance poussée à la limite: dans le segment des grosses VUS on a vu Mercedes-Benz décrocher le championnat des rabais, à 6069 $, plus encore que ceux des Hummer, 5902 $!

C'est la Scion qui a offert le moins, 225 malheureux dollars. Suivie de la Mini, à 582 $.

Edmunds.com a aussi compilé les incitatifs en pourcentage du prix de vente pour chaque marque et c'est là qu'on voit la vérité du marché pour ce qui est de Pontiac et de Saturn, deux marques que GM a décidé de laisser tomber. Pontiac a consenti 16,7 % de rabais, Saturn, 15,5 %.

Évidemment, ces pourcentages (et les chiffres en dollars dans les paragraphes précédents) sont les rabais consentis par les constructeurs. Un acheteur négociant serré pouvait faire encore mieux face à face avec le concessionnaire.

Par ailleurs, notez que Edmunds.com analyse le le prix des voitures aux Etats-Unis, pas au Canada. Règle générale, les tendances sont similaires, mais le marché canadien a des particularités qui empêchent d'utiliser aveuglément ici les calculs fait à partir des données américaines.

Pour lire l'article de AutoObserver et consulter un tableau détaillé des incitatifs des derniers trois mois aux États-Unis, cliquer ici.