Animé d'une indéfectible passion pour les belles d'autrefois, le Garage Dumulong s'est constitué au fil des années un véritable trésor qui compte quelque 700 véhicules d'époque. Le Garage Dumulong est ainsi devenu un incontournable pour les collectionneurs en quête de pièces rares. Découverte.

En pénétrant dans la cour de Fernand Dumulong, il n'y a aucun doute. Malgré la mince couche de neige fraîche tombée pendant la nuit, les calandres que l'on distingue çà et là sont celles de Cadillac des années 60, de Corvette des années 70 ou de pickups GMC des années 50.

Pour l'amour des vieilles mécaniques

« On a au-dessus de 600 à 700 véhicules d'époque dans la cour, nous explique l'homme de 76 ans qui ne fait absolument pas son âge. J'ai tout le temps été entouré par des vieux chars. J'ai une véritable passion pour les voitures antiques. C'est ça qui est ma vie. »

Fernand Dumulong a ouvert son garage en 1959 à Saint-Paul, près de Joliette. Les pièces qui étaient à l'époque des composants de voitures contemporaines sont maintenant celles de véhicules antiques.

« Aujourd'hui, la moitié de notre clientèle vient pour nos pièces de véhicules anciens, explique M. Dumulong. Ça fait 15, 20 ans que l'on affiche notre spécialité. On a surtout bâti notre notoriété par le bouche-à-oreille. »

Appuyé par son fils Daniel et son petit-fils Dave, Fernand Dumulong continue de faire des recherches actives, mais la moitié des véhicules d'époque qu'il reçoit provient d'habitués.

« On a des clients d'un peu partout, certains nous viennent de France et des États-Unis, nous dit M. Dumulong. On a des réguliers, mais on a aussi tous les jours du nouveau monde. »

Le Garage Dumulong est ainsi devenu l'un des seuls endroits en Amérique du Nord où l'on trouve une telle concentration de pièces de voitures anciennes. Ce qui ne figurait pas vraiment dans le plan de carrière de Fernand Dumulong.

« J'avais 19 ans. J'ai commencé en ramassant des vidanges, se rappelle-t-il modestement. Des jobs, il n'y en avait pas à la douzaine à l'époque à Joliette. Je suis venu à bout de manger deux fois par jour, après ça trois fois. Je me considère chanceux d'en être arrivé là, j'ai une bonne famille, de bons enfants. »

«J'ai tout le temps été entouré par des vieux chars.»

Fernand Dumulong. Collectionner les vieilleries garde jeune.

À quelques pas de la cour du Garage Dumulong se trouve un véritable petit musée. C'est dans ce hangar de 6000 pieds carrés que l'on trouve la collection personnelle de Fernand Dumulong.

« C'est mon petit musée à moi, je l'entretiens depuis plus de 30 ans», nous explique celui qui ne se considère pourtant pas comme un collectionneur.

«J'ai une quarantaine de voitures fonctionnelles, surtout des Cadillac, mes préférées.»

«Certains modèles valent certainement plus que d'autres, mais je ne veux pas le savoir ; ce sont toutes des autos que j'aime. »

« C'est mon petit musée à moi.»

Les voitures d'époque côtoient une foule d'objets hétéroclites, des enjoliveurs de roues aux pompes à essence. « Pour moi, tout ce que j'ai ici est un trésor, raconte Fernand Dumulong. C'est comme mes pintes d'huile ; elles ne valent rien, mais elles sont là parce que j'aime les voir là. Et je ne vends à peu près rien ; je suis un acheteur, pas un vendeur. C'est une maladie et ça ne se guérit pas ! »

Patrimoine sauvegardé

Sa maladie, Fernand Dumulong l'a transmise à ses proches, qui prennent la relève avec la même passion. Si le Garage Dumulong a toujours continué de vendre des pièces de voitures contemporaines, on songe maintenant à se concentrer sur les pièces anciennes. « Ça fait deux ou trois ans que l'on pense à faire des démarches pour développer ça, notamment par eBay, explique Daniel Dumulong. Plus de 30 % des appels que l'on reçoit chaque jour concernent des pièces antiques.

« Mais il faut bien calculer le risque, d'autant plus que les clients de pièces antiques ne sont pas pressés, analyse-t-il, lucide. Mais on sait qu'il y a de plus en plus de collectionneurs, qu'ils sont prêts à payer plus cher et qu'on a le monopole ou presque. »

Bien que l'on arrive à distinguer certaines tendances, le marché des voitures antiques est toutefois imprévisible. « On n'a pas de boule de cristal pour savoir ce qui est bon ou pas, enchaîne Fernand Dumulong. C'est surtout le volume et la diversité de notre offre qui nous permettent de rester pertinents. »

Bien alimentée par une relève allumée, la flamme du robuste septuagénaire est encore vive. « Je suis encore fier de trouver des autos. J'ai 76 ans, mais je vais continuer jusqu'à ce que je parte pour l'autre monde. Ce n'est pas l'ouvrage qui fait mourir ! »

Daniel Dumulong aborde la vente de pièces de voitures anciennes avec lucidité et patience.