Les jeux vidéo de course automobile sont nombreux, mais certains sont si sophistiqués que les amateurs parlent carrément de simulateurs. C'est à croire qu'on peut passer de la console à la piste de course sans aucun effort. Réaliste?

Le mois dernier, Mercedes-Benz a lancé un défi à six fous de la course: battre l'ex-pilote de Formule 1 David Coulthard et sa SLS AMG. Ses rivaux du dimanche devaient l'affronter sur la piste. Mais en version virtuelle, aux commandes de leur console de jeu PlayStation 3.

À première vue, cette épreuve peut laisser croire que les jeux de course sont plus près que jamais de la vraie course automobile. Ce n'est pas faux: les Gran Turismo et autres Forza Motorsport insistent sur la reproduction minutieuse de tous les détails, allant du tableau de bord des véhicules qui y sont reproduits aux caprices des circuits disponibles. Une édition limitée de Forza Motorsport 4 sur Xbox 360, offerte cet été, offrait aux joueurs de conduire la BMW m52012 «en primeur» ...

À l'aide d'une caméra web, certains jeux vont jusqu'à reproduire à l'écran les mouvements de la tête du joueur, ajustant l'angle de vision en conséquence. Pour une poignée de dollars, on peut s'équiper d'un volant et d'un pédalier, si ce n'est d'un cockpit complet, avec siège de course et levier de boîte de vitesses.

En fait, il ne manque qu'un porte-gobelet, mais comme ces outils de pilotage s'installent tout près du sofa, on n'a qu'à approcher un peu plus la table à café...

Alors, les 1031 véhicules qu'on peut essayer dans Gran Turismo 5, sur PlayStation 3 sont-ils si près de la réalité qu'on puisse passer d'un à l'autre tout en conservant le même niveau de performance?

Réalité vs virtuel

On s'en approche toujours un peu plus, mais on n'y est pas encore, constate Frank Kirchhoff, directeur général et instructeur chez Mecaglisse, une école de pilotage située à Notre-Dame-de-la-Merci, dans Lanaudière.

«Je vois souvent des jeunes qui pensent pouvoir nous surprendre, après avoir complété un jeu vidéo, mais c'est généralement eux qui sont surpris. D'ailleurs, les vrais simulateurs n'ont rien à voir avec les jeux de console», dit le pilote, qui s'avoue par ailleurs peu aguerri pour la course virtuelle.

«Sur une console, il manque certaines sensations importantes: tu ne sais pas quand ta voiture dérape ou quand les roues bloquent, poursuit-il. C'est super bien pour apprendre la configuration d'un circuit donné, mais toutes les forces en présence dans une vraie course ne sont pas au rendez-vous.»

Au volant d'une m5, face à la longue bande noire asphaltée qu'est une piste de course, même le pilote est différent: par sûr que l'appréhension se compare à celle que suscite un écran de télé. Même en 3D. Le poids de l'accélération, le crissement des pneus, les forces latérales qui se font sentir en virage sont effectivement des sensations exclusives au monde physique.

Ce sont autant d'outils qu'utilisent les pilotes professionnels pour se diriger sur le circuit. C'est comme un sixième sens qui les aide à repérer les limites de leur bolide. C'est un atout précieux qui peut difficilement être reproduit par un environnement virtuel, conclut M. Kirchhoff.

Ça n'empêche pas les créateurs de jeu vidéo d'en rajouter toujours un peu plus. S'ils ne peuvent pas insister sur l'aspect physique de la course, ils peuvent au moins miser sur l'aspect esthétique de la chose, en proposant des véhicules, des circuits et des environnements toujours mieux léchés et dernier cri.

Les fabricants d'automobiles, eux, ont bien saisi cette tendance. Ça explique pourquoi ils seront de plus en plus nombreux à présenter leurs véhicules en grande primeur dans ces mondes virtuels. Jusqu'à ce qu'un de ces joueurs vienne souffler le championnat à un ex-pilote de F1...

La BMW M5 2012...

... et sa copie virtuelle du jeu Forza Motorsports 4.