La remise aux normes des 11 millions de voitures diesel de Volkswagen équipées d'un moteur truqué, qui devrait débuter en janvier et prendra «des mois», selon la direction du groupe, constituera pour le constructeur une tâche techniquement très complexe.

> Quel est le problème?

Volkswagen a installé sur ses moteurs diesel de type EA189 un logiciel qui calibre les systèmes d'épuration des gaz d'échappement de certains véhicules de telle sorte que ceux-ci fonctionnent différemment pendant les phases de tests et les conditions réelles de circulation. Pendant celles-ci, les émissions d'oxydes d'azote (NOx), polluants atmosphériques toxiques, sont nettement plus élevées que pendant les tests.

Deux types de véhicules sont concernés. D'une part, les voitures équipées d'un catalyseur RCS (réduction catalytique sélective), qui réduit fortement les émissions de NOx par l'injection, dans le conduit d'échappement, d'un mélange d'eau et d'urée synthétique.

D'autre part, des modèles équipés de catalyseurs-accumulateurs, sont également dans le collimateur de l'agence environnementale fédérale américaine EPA. Ces catalyseurs, sortes de «pièges à NOx», fonctionnent au moyen d'un revêtement de matériaux (alcalin, oxyde de terre rare) qui fixent les gaz toxiques par une réaction chimique.

> Comment marche le le logiciel truqueur?

Dans le cas des catalyseurs RCS, les autorités américaines soupçonnent le logiciel de ne pas injecter suffisamment d'agent réducteur à base d'urée pendant les conditions normales de circulation, ce qui a pour effet de diminuer l'épuration des gaz.

Pour les moteurs équipés de catalyseurs-accumulateurs, l'effet du logiciel truqueur n'est pas encore totalement élucidé. Les catalyseurs-accumulateurs ont une capacité d'accumulation limitée et doivent se «régénérer» à intervalles réguliers, selon un processus automatiquement géré par l'unité de contrôle du moteur. Il est possible que le logiciel agisse sur cette unité de contrôle et perturbe la régénération.

> Comment Volkswagen va-t-il procéder?

Pour certains véhicules, une simple mise à jour informatique devrait suffire, sur d'autres il faudra installer de nouveaux injecteurs ou catalyseurs.

L'injecteur est un dispositif indispensable du moteur à combustion et joue un rôle important dans la formation des gaz d'échappement. Les systèmes modernes et performants peuvent réduire significativement, voire stopper, la production d'oxydes d'azote.

Différentes possibilités s'offriront aux ingénieurs de Volkswagen, mais ils devront prendre en compte un certain nombre de contraintes, notamment les coûts, le temps de main d'oeuvre, la disponibilité des pièces de rechange ou tout simplement la place disponible dans le véhicule.

«Ce ne sont pas trois solutions qu'il nous faut mais des milliers», a reconnu mercredi dans la presse allemande le nouveau patron de Volkswagen, Matthias Müller.

Le ministère allemand des Transports a confirmé vendredi que trois types de motorisation étaient concernés: 2 litres, 1,6L et 1,2L. Selon le ministère, Volkswagen envisage pour les moteurs 2L une solution purement informatique. Pour les 1,6 L, une intervention mécanique sur le moteur lui-même supplémentaire pourrait être nécessaire.

3,6 millions de véhicules avec un moteur 1,6 litre sont concernés en Europe.

> La puissance des moteurs sera-t-elle affectée?

M. Müller a indiqué que la remise aux normes des moteurs ne diminuerait pas leur puissance, tout en concédant que la vitesse maximale de certains véhicules serait probablement réduite de «trois à cinq km/h».

Volkswagen devra envisager de dédommager ses clients, dans les cas où la réparation du moteur rend le véhicule moins performant, a déclaré jeudi le président de Volkswagen USA, Michael Horn, devant le Congrès américain.

> Quel délai sera nécessaire?

Le ministre allemand des Transports Alexander Dobrindt a annoncé mercredi avoir reçu le courrier dans lequel Volkswagen détaille les modalités du rappel de ses véhicules en Allemagne. L'examen de ce document par l'autorité compétente KBA «se poursuit», a indiqué vendredi un porte-parole du ministère, et prendra «quelques jours».

Le rappel des véhicules commencera en janvier 2016 et les réparations seront terminées en fin d'année prochaine, a dit M. Müller cette semaine. Il semblerait toutefois que cet horizon ne concerne que l'Europe.

M. Horn a mentionné un délai d'«un à deux ans au minimum» pour remettre aux normes les 430 000 véhicules affectés par la tricherie aux États-Unis. Il a indiqué que chaque véhicule devrait passer de cinq à dix heures à l'atelier.