Le président du géant japonais Toyota, Akio Toyoda, a ouvert mardi à la presse les portes de l'usine où est fabriquée la Mirai, sa voiture à pile à hydrogène lancée à la mi-décembre au Japon, avant les États-Unis et l'Europe à l'automne.

Une cérémonie officielle s'est tenue à l'usine Motomachi, située dans le fief du constructeur Toyota City, dans la région de Nagoya, en présence des représentants des autorités locales, pour célébrer ce que le groupe présente comme un «tournant dans l'industrie automobile».

Pour le moment, Toyota a une capacité annuelle d'assemblage de seulement 700 Mirai, au rythme modeste de trois voitures par jour.

Mais face à la forte demande de la part d'entreprises et d'administrations (1500 commandes avait déjà été reçues à la mi-janvier), malgré le prix très élevé de 7,23 millions de yens (environ 76 000 dollars CAN, taxe comprise), il a décidé d'augmenter la cadence pour passer à environ 2000 en 2016 et 3000 en 2017.

Le numéro un mondial a largement dépassé ses prévisions initiales énoncées à la mi-novembre: il espérait alors écouler 400 exemplaires au Japon d'ici à fin 2015.

«Nous sommes ravis de l'intérêt qu'a suscité la Mirai», qui a vu le jour après plus de 20 ans d'épineuses recherches, a déclaré M. Toyoda, tout en s'excusant des importants délais de livraison du fait de cet engouement. «C'est un premier petit pas vers la réalisation d'une "société de l'hydrogène", ce qui est particulièrement important pour le Japon, une nation pauvre en ressources».

«La route est longue et ne sera pas aisée», a cependant reconnu le dirigeant du groupe, qui avait annoncé début janvier la mise à disposition gratuite de milliers de brevets liés à l'utilisation de piles à combustible à base d'hydrogène, avec l'espoir d'accélérer le développement de cette technologie.

Toyota prévoit de commercialiser le véhicule à compter de septembre 2015 aux États-Unis (où il tablait à l'origine sur 3000 unités d'ici à la fin de 2017) et en Europe (où il visait 50 à 100 commandes annuellement via le Royaume-Uni, l'Allemagne et le Danemark dans un premier temps).

La Mirai («Futur» en japonais), qui peut parcourir 650 kilomètres avec un seul plein effectué en trois minutes, fonctionne sur le principe de l'électrolyse inversée: de l'électricité est générée en faisant passer dans un circuit des électrons extirpés d'atomes d'hydrogène. Ces derniers se combinent ensuite avec l'oxygène de l'air pour former de l'eau, seule substance rejetée par le véhicule.

Toyota avait choisi d'organiser cet événément cinq ans jour pour jour après l'audition de son PDG par le Congrès américain après une série noire de rappels, une crise qui a profondément marqué le groupe. «Pour nous, cette date marque un nouveau départ», a souligné Akio Toyoda.