La Fédération internationale de l'automobile a fait de la sécurité routière une de ses grandes priorités des prochaines années afin de lutter «au même titre que la tuberculose, le sida ou la malaria contre ce fléau qui fait 1,3 million de morts et 50 millions de blessés par an».

«C'est un des axes prioritaires», souligne auprès de l'AFP Jean Todt, président de la FIA, en marge du Doha Goals, forum mondial du sport que la capitale du Qatar organise pendant trois jours, de lundi à mercredi.

Loin de la vitesse pure de la F1 ou des dérapages des pilotes de rallye, la FIA entend aussi agir efficacement auprès des conducteurs lambdas.

«Dans la FIA, il y a la partie sports, mais il y a aussi la partie mobilité, explique-t-il. La vocation de la FIA est aussi d'accompagner les millions d'automobilistes qui sont membres de nos clubs.»

«L'insécurité routière est un fléau au même titre que la tuberculose, le sida ou la malaria, si ce n'est que toutes ces maladies ont tendance à régresser alors que les accidents sur les routes ont tendance à augmenter.»

L'ancien patron de la Scuderia Ferrari entend profiter de l'exposition donnée par le Doha Goals pour faire entendre sa voix.

«Si des actions vigoureuses ne sont pas faites à tous les niveaux, il y aurait en 2020, pratiquement deux millions de morts et 80 millions de blessés.»

L'action de la FIA vise le monde entier, même si les situations sont très disparates selon les pays.

«Golden Rules»

«Dans les pays développés, compte-tenu de l'éducation, de l'application des lois avec les contrôles des réseaux routiers, de la technicité des voitures, c'est en baisse. Mais dans les pays en voie de développement qui correspondent à peu près 90% des cas, les accidents augmentent», note-t-il.

La FIA a donc lancé une campagne de sensibilisation en lien avec celle menée par les Nations unies et baptisée la «Décennie des Nations Unies de l'Action pour la Sécurité Routière». Les «Golden Rules» de la FIA présentent 10 objectifs, comme dix commandements que les automobilistes doivent respecter, avec par exemple le port de la ceinture pour tous ou la vérification de l'état des pneus.

«Nous avons la volonté de nous servir du sport professionnel, où des progrès sensationnels ont été faits en matière de sécurité. Nos champions comme Schumacher, Alonso, Vettel, Loeb sont aussi nos ambassadeurs pour la sécurité routière», souligne M. Todt.

Avec également une notion économique. «Chaque année, les accidents de la route coûtent à la société plus de 500 milliards de dollars, chiffre M. Todt. Il faut vraiment agir».

Progrès techniques

Concrètement, la FIA travaille avec les gouvernements, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ou encore la Banque mondiale pour que la sécurité routière fasse partie «des priorités des pays», en les adaptant aux réalités nationales. Évidemment, le message est plus difficile à faire passer dans certains pays. «C'est fondamentalement différent d'un pays à un autre, en particulier dans les pays où il y a de la corruption. De même, comment voulez-vous parler de ceinture de sécurité dans des pays où les voitures les plus récentes ont 30 ans d'âge et les plus vieilles 60?», reconnaît Jean Todt.

Les progrès techniques sont ainsi le meilleur allié de la sécurité, à l'image des systèmes de contrôle de stabilité électronique, qui aujourd'hui sont montés sur toutes les voitures en Europe, en Amérique du Nord et en Australie, et qui ont entraîné une baisse de 16% des accidents.

La FIA et l'ONU ont fixé un objectif ambitieux d'ici 2020: réduire sur la période 2011-2020 de 5 millions de morts et 50 millions de blessés le nombre total de victimes.

Photo AP

Jean Todt.