Le rapprochement entre General Motors et PSA Peugeot Citroën, qui doit permettre d'améliorer les performances des constructeurs, fait en revanche soigneusement l'impasse sur un sujet délicat, la surcapacité de production en Europe, où tous deux sont en difficulté.

«L'alliance proposée n'apporte aucune solution concernant le problème fondamental des surcapacités sur le marché européen», confirme l'agence de notation Fitch dans une note.

Mise en commun des achats de produits et de services, partage de plateformes (c'est-à-dire la fabrication de toute la partie «non visible» de la voiture), ainsi que des modules et des composants, coopération dans les domaines de la logistique et du transport sont au menu de ce rapprochement entre l'américain et le français. Ces mesures doivent leur permettre d'économiser deux milliards de dollars par an d'ici cinq ans.

Mais, «cet accord ne traite pas des questions de surcapacité, il y a des surcapacités en Europe et chaque constructeur doit traiter la question des surcapacités», a insisté le président du directoire de PSA Philippe Varin mercredi soir, lors de la présentation de ce nouveau partenariat.

M. Varin ne cesse de marteler depuis des mois que les usines ne tournent pas à plein en Europe et évalue le surplus à 20%. PSA est d'autant plus concerné par le problème que ces surcapacités touchent surtout les segments des très petites et des petites voitures (dit segments A et B), sa spécialité.

Usines menacées

Ce discours alimente les inquiétudes concernant le sort d'Aulnay-sous-Bois, site historique de la marque Citroën au nord de Paris, menacé selon un document de travail interne à PSA révélé l'an dernier par les syndicats mais déclaré caduc par la direction du groupe.

La situation n'est guère plus brillante du côté de General Motors. L'allemand Opel, passé dans le giron de GM en 1929 et longtemps habitué aux succès, est devenu avec ses deux marques Opel et Vauxhall au Royaume-Uni, le talon d'Achille du constructeur de Detroit. GM a perdu près de 600 millions de dollars en Europe en 2011 et juge ce résultat «inacceptable».

Pour Bertrand Rakoto, analyste chez Polk, les difficultés sont déjà identifiées aussi bien chez PSA que chez Opel et leur travail en commun ne changera pas cette donne, hormis sur les coûts de développement des futures plateformes.

 

Côté PSA, les sites les plus menacés sont ceux d'Aulnay, mais aussi celui de Madrid en Espagne, qui connaît actuellement un chômage important.

Côté Opel, des informations de presse avaient fait état début février d'une possible fermeture du site de Bochum (ouest de l'Allemagne, 3100 salariés) et Ellesmere Port (côte ouest du Royaume-Uni, 2100 salariés) qui produit la déclinaison locale d'Opel, Vauxhall.

Des informations immédiatement démenties par la direction du constructeur. Jusqu'en 2014, Opel est lié par un pacte excluant toute fermeture d'usine ou licenciement économique mais les syndicats restent inquiets pour la suite.

Les organisations syndicales de PSA espèrent en savoir un peu plus lors d'un comité stratégique européen qui doit se tenir sous une quinzaine de jours. Le syndicat CFTC s'inquiète notamment des conséquences de la création d'une coentreprise pour les équipes des achats. «Je ne vois pas comment on peut le faire sans tailler dans les effectifs», estime le délégué syndical central Franck Don.

«Cela aura un impact sur les sous-traitants», confirme l'analyste Bertrand Rakoto.

Photo AFP

On évalue le surplus de production à 20% en Europe, un problème qui touche surtout les segments des sous-compactes et des compactes, la spécialité de Peugeot.