C'est comme ça et pas autrement. Une petite auto se doit tôt ou tard d'exister en version sportive. Et la Focus de Ford n'y fait pas exception. Élevée sur le Vieux Continent, cette ST permet désormais au constructeur américain de pimenter sa gamme à peu de frais sur l'air de « regarde ce que je sais faire «.

En Amérique du Nord, les initiales ST, pour Sport Technologie, ne veulent rien dire aux communs des mortels. Le plan « One Ford «, stratégie globale mise en place par le directeur général Alan Mulally, veille à corriger cela. « Du temps où je travaillais chez Boeing, nous avions le même 737 pour l'Europe, l'Asie ou les États-Unis! Alors, pourquoi devrions-nous avoir une Ford différente pour chaque marché? «, demande-t-il.

Ce n'est pas la première fois que la Focus fait l'objet d'une transformation extrême. En Europe, surtout, où les initiales ST s'épinglent à bien des modèles.

Désormais, il en sera de même en Amérique du Nord où plusieurs produits, outre la Focus, porteront cette étiquette. La Fiesta ainsi que la prochaine Fusion se prêteront au jeu dans un avenir rapproché.

Quinze secondes à la fois

Pour nous changer de l'ordinaire, la ST greffe un turbocompresseur au quatre-cylindres 2 litres des Focus normales. Il est plus « rond « que volcanique, mais l'efficacité globale du châssis permet de tirer le meilleur profit de ses 252 chevaux.

À ce sujet, précisons que Ford rapporte une force de couple de 270 livres-pied. Ce qui est partiellement vrai. Cette valeur ne dure que 15 secondes, période au cours de laquelle le turbocompresseur souffle plus fort. Une fois ce temps écoulé, on bénéficie de 250 livres-pied.

Courts, les six rapports de la boîte de vitesses - la seule disponible - offrent de la vivacité à tous les régimes et permettent de compter sur une réserve de puissance suffisante pour qu'il ne soit pas nécessaire de la cravacher sans arrêt.

Personnellement, j'aurais préféré une course plus serrée et, idéalement, un levier juché un peu plus haut sur la console. Impossible? Alors, tronquez-moi cet accoudoir central gênant sur lequel se heurte constamment le coude en conduite sportive.

La cure de vitamines imposée à la Focus ST passe également par des combinés amortisseurs/ressorts plus fermes et un abaissement de la caisse. La Ford reste stable sur ses appuis et bien assise sur la route, mais naturellement cette efficacité se paie si la chaussée n'est pas aussi lisse qu'une table de billard. La voiture est alors moins confortable.

Afin de transmettre autant de puissance au sol sur une traction, Ford a mis au point des pivots découplés qui élargissent les voies. L'avantage est que le pneu travaille à plat et évite les remontées induites dans la direction. Bien sûr, il y a encore un léger effet de tiraillement dans le volant. C'est tant mieux. Cela aide à cerner les réactions du train avant en conduite sportive.

L'important à retenir est que cela ne gêne - ni ne déconcentre, le conducteur, comme c'est le cas à la conduite d'une Mazdaspeed3, par exemple. Sous de fortes accélérations, cette dernière nous procure cette fâcheuse impression d'échapper à notre contrôle. Pas la ST. Elle vous prévient subtilement et poursuit sa course dans la trajectoire désirée.

Précise et parfaitement dosée, la direction surprend par sa rapidité à réagir aux impulsions données au volant. Une certaine accoutumance est à prévoir tout comme au moment de la garer tellement les capacités de braquage sont faibles. Le freinage copieusement augmenté à l'avant supporte les pires traitements et participe même, en entrée de courbe, à inscrire le châssis d'une remarquable efficacité.

La discrétion a bien meilleur goût

Bien conçu et de très bonne facture, l'habitacle n'a pas subi beaucoup de modifications. On remarque tout de même des sièges plus enveloppants signés Recaro, le volant redessiné, le pédalier nickelé et, surtout, les trois manomètres supplémentaires plantés au sommet du tableau de bord. Tout le reste est repris de la Focus pour contenir les coûts. Fautes d'ergonomies incluses.

À l'extérieur, la nouvelle venue - uniquement offerte en cinq portes - n'offre que quelques discrets signes distinctifs. Les temps changent.

Autrefois, on aurait donné dans l'aileron géant ou les décalcomanies diverses. La ST a passé l'âge des bricolages. Elle s'en tient à des boucliers plus proéminents, une calandre à peine galbée, des jupettes latérales, des embouts d'échappement spécifiques et des roues de 18 pouces avec pneus taille basse.

Cette année, Ford Canada compte commercialiser 800 unités de ce bolide. Ce n'est pas considérable, mais il paraît que ces autos que peu de gens achètent en font vendre beaucoup d'autres.

Les frais de déplacement et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Ford USA.

ON AIME

> Direction rapide et précise

> Moteur vigoureux

> Rapport prix/agrément/performances

ON AIME MOINS

> Diamètre de braquage important

> Fautes d'ergonomie

> Couple fantastique pour 15 secondes

CE QU'IL FAUT RETENIR

> Prix : 29 995 $

> Transport et préparation : 1 365 $

> Garantie de base : 3 ans / 60 000 km

> Consommation obtenue lors de l'essai : 9,4 L/100 km

> Visible dans les concessions : Dans quelques semaines

> Pour en savoir plus :www.ford.ca

TECHNIQUE

> Moteur : L4 DACT 2 litres - Turbo

> Puissance (moteur essence) : 252 ch à 5 500 tr/mn

> Couple (moteur essence) : 270 lb-pi à 2 700 tr/mn

> Poids : 1470 kg (estimation)

> Rapport poids-puissance : 5,83 kg/ch

> Mode : Traction (roues avant motrices)

> Transmission (série) : Manuelle 6 rapports

> Transmission (optionnelle) : Aucune

> Direction / braquage : Crémaillère / 11,7 mètres

> Freins (av-arr) : Disque/disque

> Pneus : 235/40R18

> Capacité / type de carburant : 46,9 litres / Super