Phénomène réservé aux voitures sportives ou autres véhicules de luxe depuis plusieurs années, l'abandon du pneu de secours comme équipement de série prend plus d'ampleur chaque année, à la grande surprise des propriétaires d'une voiture neuve qui n'en sont pas toujours informés avant de prendre la route...

Une surprise à éviter

«J'ai acheté ma voiture sans qu'on me mentionne l'absence de pneu de secours. Je ne l'ai su qu'une fois sur la route, alors qu'un de mes pneus a crevé et que j'ai voulu le changer», dit Mario Lefebvre, dépité. Le propriétaire d'une Kia Rio a dû faire avec la cannette de scellant qui avait été fixée dans la cavité originalement conçue pour un pneu d'urgence compact. «C'est important de vérifier au moment d'acheter. Faites-vous une liste, car oui, devant sa future nouvelle auto, on est souvent émerveillés et on oublie de vérifier ces détails», recommande ce professionnel de la Rive-Sud, qui bosse lui-même au service à la clientèle dans le transport.

Photo fournie par Kia

Une question de consommation, vraiment?

Chez les constructeurs, la raison évoquée pour justifier l'absence de plus en plus fréquente du pneu de secours est le souci d'améliorer la consommation de carburant en réduisant le poids du véhicule. Comme un pneu plein format peut peser une quinzaine de kilos, sur un véhicule de plus de 1000 kg, c'est un gain modeste, voire imperceptible, note Jesse Caron, expert automobile chez CAA-Québec. «À la pompe, vous n'observerez pas de différence. Mais dans les tests en laboratoire auxquels les constructeurs doivent se soumettre, si ça réduit la consommation d'un dixième de litre aux 100 km, ça aide à respecter les normes gouvernementales.»



Photo fournie par Kia

Pour un prix plus bas

Comme le prix de cet accessoire oscille généralement entre 250 et 300 $, l'abandonner, ça permet d'offrir autre chose pour le même prix, ajoute M. Caron. «Les acheteurs vont préférer acheter un meilleur système de son, ou autre chose, plutôt que d'opter pour le pneu de secours.» Les constructeurs à l'affût des goûts de leur clientèle ont donc ajusté leur offre en conséquence. Ça ne signifie pas que les traces de l'existence du pneu de secours ont complètement disparu de ces véhicules. Par exemple, sous la caisse de la fourgonnette Grand Caravan, de Dodge, tout est en place pour y loger un cinquième pneu de plus petit format. Ne manque que ledit pneu, vendu en option, moyennant 295 $.

Photo fournie par Dodge

Comment voyager sans son pneu de secours

Les pneus à roulement à plat, dont les flancs ont été renforcés afin de supporter le véhicule en dépit d'une semelle abîmée, sont surtout présents sur les véhicules de luxe. C'est le cas chez BMW, entre autres. D'autres proposent une canne qu'on connecte à la valve à l'aide d'un tuyau flexible et qui injecte un scellant redonnant corps au pneumatique. Elle est parfois vendue en option, à la demande du client. Alors, aussi bien s'en informer au moment d'acheter son véhicule.

Photo fournie par BMW

L'assistance routière à la rescousse

Autre raison expliquant la disparition du pneu de secours: une assistance routière gratuite, 24 heures sur 24. «Ça demande peut-être un peu plus de patience, mais c'est moins risqué», résume Jesse Caron, de CAA-Québec. Chaque année en Amérique du Nord surviennent entre 700 et 800 collisions autoroutières mortelles où la victime était sortie de sa voiture, souvent pour remplacer un pneu crevé. Si, au moins, ça peut sauver des vies, aussi bien attendre l'assistance routière...

Photo fournie par Ford