Il est faux de croire que des modèles d'entrée de gamme comme les Hyundai Accent et Nissan Micra s'adressent exclusivement à une clientèle aux moyens limités. Ils visent aussi les «désinvestis» de l'automobile: des clients qui disposent de ressources non négligeables, mais pour qui la voiture ne constitue pas une dépense prioritaire. Voilà un duel pour ceux et celles qui savent compter.

À force de suréquiper leurs modèles, les marques ont imposé aux consommateurs des prestations auxquelles ils n'aspiraient pas forcément. Conséquence: les constructeurs poussent les prix vers le haut, réduisant le cercle des acheteurs à une portion toujours plus restreinte de la population. Pour prendre la mesure de ce glissement élitiste, il suffit de jeter un regard sur les dernières nouveautés - une noria de voitures à déclinaison sportive ou d'utilitaires de format compact vendus plus de 30 000 $, mais peu de modèles de grande diffusion accessibles. Lorsque c'est tout le marché automobile qui s'embourgeoise alors que notre coin de pays, globalement, ne s'enrichit guère, il y a peut-être de quoi s'interroger.

Si le prix réel des voitures neuves n'a pas tellement augmenté (à équipements et prestations égaux), les firmes automobiles, conscientes que leurs profits dépendent des modèles les plus rentables, investissent en priorité dans les segments très rémunérateurs des modèles dits «de niche» (petits coupés, 4 X 4 de ville, breaks profilés) sans trop se soucier de rajeunir les versions d'accès à la gamme.

Le risque de perdre en chemin une clientèle populaire ou aux revenus simplement moyens n'a pas échappé à plusieurs constructeurs, qui tentent de prendre contact avec les jeunes (de plus en plus désintéressés par la chose automobile) et ces consommateurs à la recherche d'un moyen de transport «fiable et pas trop cher» pour aller du point A au point B. Hyundai et Nissan - il y a d'autres marques aussi - avancent des propositions pour rouler sans trop dépenser. Des deux, naturellement, la Micra est celle qui marque le plus les esprits en s'affichant pour moins de 10 000 $ (frais de transport et de préparation non inclus).

Les Hyundai Accent et Nissan Micra n'échappent pas à cette spirale inflationniste pour autant, sous prétexte de permettre aux clients de personnaliser leur achat ou tout simplement pour satisfaire ses goûts de «luxe». Par conséquent, il existe parfois un écart plus ou moins important entre le prix annoncé et le montant réel de la transaction, une fois les options sélectionnées. D'où l'importance d'analyser les caractéristiques offertes, les conditions de financement, les taux d'intérêt, sans oublier le service après-vente du concessionnaire. Rien ne doit être négligé.

Triste, mais encore?

Prises en étau entre la nécessité de tenir les prix et de respecter les coûteuses contraintes techniques imposées par les normes en matière de sécurité passive ou de respect de l'environnement, les voitures petites ou modestes font parfois figure de parent pauvre.

Prenez d'abord l'Accent. À son catalogue ne figurent que trois teintes extérieures, contre sept pour la Nissan. Pour l'intérieur, Nissan et Hyundai se trouvent sur un pied d'égalité: c'est noir ou c'est noir. La décoration intérieure de la Hyundai apparaît plus recherchée que celle de la Micra. La texture des matériaux essentiellement, mais dans un cas comme dans l'autre, la qualité d'assemblage est soignée en dépit de la présence de nombreux plastiques durs.

Dans les deux voitures, on se réjouit de la simplicité des commandes. On ne tâtonne pas, tout est bien indiqué et tombe (au sens figuré) sous la main. Plutôt chiche, l'Accent GL est dotée d'une colonne de direction inclinable et non télescopique, comme c'est le cas des versions plus chères. Qu'à cela ne tienne, cela n'entrave pas réellement la recherche d'une position de conduite agréable.

Les glaces à manivelle font sourire, les rétroviseurs à réglages manuels aussi, tout comme l'absence de verrouillage à distance. En revanche, on rigole un peu moins de l'absence d'un régulateur de vitesse et d'un climatiseur. Chez Nissan, ces derniers sont offerts, à la condition de munir la Micra S d'une boîte automatique. Le prix bondit alors de 9995 $ à 13 298 $... Hyundai propose également la climatisation à bord de l'Accent L, mais celle-ci entraîne un supplément de 2065,95 $, ce qui fait grimper la facture à 15 664,95 $ avant taxes. Aussi bien se procurer la version GL à 16 249 $.

En dépit de ses dimensions extérieures plus modestes, la Micra se tire bien d'affaire sur le plan de l'habitabilité en raison de sa hauteur plus élevée. À bord, on s'y assoit «plus carré» sans doute, mais cela permet un meilleur dégagement pour la tête et plus d'espace pour les jambes à l'arrière dans la Micra que dans l'Accent. Cette dernière se révèle cependant globalement plus confortable en raison d'une banquette plus large. Les deux véhicules doivent toutefois être considérés comme des voitures à quatre passagers.

Voitures minimalistes, on n'y retrouve pas certains éléments de sécurité actifs comme les capteurs d'angles morts ou la caméra de recul, quoique celle-ci soit proposée dans les versions plus coûteuses. À défaut de bénéficier de ces aides à la conduite, soulignons que la visibilité périphérique est supérieure à bord de la Micra que de l'Accent. La lunette arrière plutôt étroite de cette dernière et l'encombrement des appuie-tête ne facilitent pas les manoeuvres, et on regrette également que les rétroviseurs extérieurs ne soient pas plus grands. En outre, considérant la vocation citadine de ces véhicules, on s'étonne de l'absence, même en option, de baguettes latérales de protection.

Du point de vue utilitaire, l'Accent tire profit de ses dimensions et propose un coffre beaucoup plus volumineux, que les dossiers de la banquette soient repliés ou pas.

Ville ou route

Aussi bien le reconnaître tout de suite, la Micra n'en beurre pas épais sur le plan technique. Le constructeur mise essentiellement sur des solutions éprouvées, gage de fiabilité pour certains consommateurs, susceptibles de contenir les frais d'entretien. On pense par exemple à la présence de tambours à l'arrière.

L'Accent, de son côté, en met plein la vue avec une mécanique dotée de l'injection directe, promesse d'une économie de carburant supérieure, et d'une boîte manuelle comptant six rapports au lieu de cinq. En revanche, on s'étonne de constater que la sud-coréenne chausse ici une monte pneumatique de 14 pouces. Une dimension un peu vieillotte qui, dans l'état actuel des choses, limite grandement le choix des consommateurs quand vient le moment de les remplacer ou de trouver des pneus d'hiver.

Le quatre-cylindres de 1,6 litre de l'Accent produit 138 chevaux, contre seulement 109 pour la Micra. La différence est de taille et, pourtant, elle n'apparaît pas aussi évidente au volant. La boîte manuelle de la Nissan tire plus court, le moteur atteint sa pleine puissance à des régimes de rotation légèrement moins élevés et, surtout, la Micra est plus légère. Tous ces éléments combinés permettent de niveler un peu les performances. En revanche, là où la Nissan peine à faire aussi bien que la Hyundai, c'est sur le plan de la consommation.

La présence d'une boîte à six rapports, qui permet d'abaisser le niveau sonore, et l'empattement plus généreux de l'Accent en font une routière plus confortable sur les voies rapides et les longs trajets. La suspension de la sud-coréenne souffre cependant d'un amortissement faiblard - débattement plutôt faible - et de ressorts trop souples qui ont pour effet de faire «pomper» la caisse sur une chaussée endommagée. La direction communique également sur l'état du revêtement.

La Micra offre une expérience différente. Plus courte, plus ferme de suspensions, la japonaise se révèle plus vive, plus amusante, mais essentiellement en milieu urbain. Parfaitement adaptée à un usage urbain, la direction apparaît trop légère pour un parcours autoroutier. En outre, la Micra s'avère plus sensible aux vents latéraux que l'Accent. En revanche, l'insonorisation représente tout de même une agréable surprise, contrairement à l'Accent, dont les puits de roue sont insuffisamment calfeutrés.

Si on limite le choix aux versions les plus dépouillées de ces deux modèles (Micra S et Accent L), la Nissan mérite de se retrouver dans votre entrée de garage en raison de son comportement plus joyeux, de son petit prix et son rapport habitabilité/encombrement. En revanche, l'Accent L s'avère une voiture plus complète, plus fonctionnelle et pas tellement plus coûteuse à acquérir. Sa garantie plus généreuse permet d'étaler sans souci les mensualités sur une période de 60 mois, elle consomme moins et, sur plusieurs aspects, apparaît plus valorisante, pour peu que cela vous importe. Mais le plus difficile reste à faire. C'est de trouver ces modèles bon marché...

L'auteur tient à remercier Louis-Alain Richard pour sa participation à l'organisation de ce duel.

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Même catégorie, vraiment?

Accent et Micra évoluent dans la même catégorie, mais cela est difficilement perceptible à l'oeil.  La Hyundai semble beaucoup plus imposante que la Nissan. Il ne s'agit pas d'une illusion d'optique. La sud-coréenne est plus longue, plus large que sa rivale japonaise. Cette dernière est, en revanche, plus haute et moins chère. En apparence.

Le coût d'une Micra de base est 9998 $. À ce montant, il faut ajouter les incontournables frais de transport et de préparation. Donc, le prix réel est de 11 448 $. Et il y a les taxes, les redevances et les frais de dossier et hop, la Micra vient de franchir le cap des 13 000 $. Encore pas mal pour un véhicule neuf. En fin de compte, sans rien ajouter à cette Micra S à boîte manuelle, la mensualité s'élève à 255 $ (taxes incluses) sur 60 mois pour en faire l'achat. Le taux d'intérêt en vigueur était de 5,99% au moment d'écrire ces lignes.

Le prix de départ avant taxes d'une Accent L, à boîte manuelle toujours, est de 13 599 $. En additionnant tous les frais nécessaires à son achat sur la même période que la Nissan, la Hyundai exige - le taux d'intérêt en vigueur au moment de la recherche était de 0% - un débours mensuel de 279,26 $.

On se retrouve donc avec un écart de 24,26 $ par mois, ou de 1455,60 $ pour la durée du prêt, à l'avantage de la Nissan qui, rappelons-le, bénéficie d'une garantie complète de 36 mois, contre 60 pour sa rivale. Une garantie prolongée avec ça? Dans ce cas, l'avantage bascule du côté de la Hyundai...

En clair, on peut faire dire ce que l'on veut aux chiffres? Sans doute, mais encore faut-il avoir les bons en main, établir le mode de financement (achat ou location, les conditions varient) et demeurer à l'affût des promotions qui, on le devine, seront nombreuses au cours des prochaines semaines.