Lancé sur le marché nord-américain en 1996, le «Recreational Active Vehicle» de Toyota a fini par donner des idées à la concurrence. Pour preuve, celle-ci ne cesse de multiplier les lancements dans cette catégorie où les records de ventes ne tiennent jamais plus d'une année. Longtemps en tête du peloton, le RAV4 avait besoin d'une mise à jour pour reprendre son rang. Mais avant de rêver au sommet, Toyota doit d'abord, au Québec, se défaire du CX-5 de Mazda. Ce dernier, en moins d'un an d'existence, a séduit pratiquement autant de clients que le RAV4.

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Le changement le plus manifeste concerne la ligne, qui s'inspire du nouveau style Toyota. Les lignes sont soignées, et l'allure générale se «virilise». Il a ce qu'il faut de chrome pour faire plus chic et bénéficie de quelques coups de biseau pour donner du punch à ses surfaces latérales. Les propriétaires de générations antérieures ne manqueront pas de relever la présence d'un hayon à ouverture classique, c'est-à-dire verticale. Personne ne va s'en plaindre. Le battant latéral autrefois offert était si peu pratique.

Plus mature, le RAV4 ne ressemble plus tout à fait à un jouet. Le CX-5, si. Ses quatre grosses roues - dont le diamètre peut atteindre 19 pouces - fichées aux extrémités d'une carrosserie un peu ronde. Pourtant souriante, la calandre, désespérément noire, manque de relief. Une affaire de goût, sans doute.

Le CX-5 est légèrement plus compact que le RAV4. Il est plus court et plus étroit, mais repose toutefois sur un empattement légèrement plus long de 40 millimètres. Cela n'a guère de répercussion sur le volume intérieur toutefois, les deux offrent sensiblement les mêmes dégagements à la tête, aux épaules et aux jambes.

Dans sa version Limited, la plus chère, le RAV4 en met plein la vue. Plus en tout cas que les versions d'entrée et de milieu de gamme à la décoration plus sobre, plus plastique. La présentation y est plus soignée que celle du CX-5. Agréable à regarder, le tableau de bord de la Toyota est plus valorisant et les insertions en faux aluminium ne choquent pas le regard, bien au contraire. En revanche, son ergonomie est perfectible. Les commandes sont éparpillées et parfois difficilement accessibles sans quitter la route des yeux. La disposition des commandes à bord du CX-5 est nettement plus claire.

Au chapitre des espaces de rangement, le RAV4 est plus astucieux que son rival et offre un coffre plus volumineux en raison notamment de puits de roue légèrement moins protubérants. En revanche, le Mazda offre une meilleure modularité en raison de la configuration de sa banquette, que l'on peut rabattre en trois sections (40-20-40) et non deux (60-40) comme la Toyota.

Cylindrée identique, tempérament différent

Même si nos deux protagonistes sont ici dotés d'un dispositif à quatre roues motrices, l'un comme l'autre ne rentreront jamais d'un sentier tachés de boue, surtout avec leurs pneus «standards». Toutefois, ils s'accommodent plutôt bien des chaussées enneigées et glissantes. Le CX-5 plus que le RAV4, dont les aides à la conduite se déclenchent beaucoup trop rapidement, lui faisant ainsi perdre tout son rythme. Certains automobilistes apprécieront ces intrusions répétées et parfois inopportunes du contrôle de stabilité électronique. D'autres, comme l'auteur de ces lignes, préféreront le côté joueur du CX-5, qui offre plus de lattitude (et d'agrément) à celui ou celle qui se trouve derrière le volant.

Sur papier, RAV4 et CX-5 adoptent des mécaniques équivalentes. Tous deux bénéficient en effet d'un quatre cylindres 2,5 litres. Comme en font foi nos tableaux, celui de Mazda affiche cependant plus de puissance, plus de couple et un meilleur rendement énergétique. Le CX-5 ne manque pas de tonus et n'en est que plus plaisant à conduire. Moins vif, le RAV4 présente un léger creux à bas régime, mais une fois lancée, sa mécanique se montre plus pétillante.

Il importe ici de rappeler que Mazda propose toujours le - souffreteux, mais économique - 2 litres sur sa livrée GX. Ce même constructeur annoncera également sous peu la commercialisation d'un CX-5 animé d'un moteur turbo diesel (mise en marché prévue au printemps 2014). De son côté, Toyota se limite au 2,5 litres, mais une version électrique et une autre hybride sont, chuchote-t-on, en cours de gestation.

À la suite de sa refonte, Toyota assure que le RAV4 est plus dynamique. Une affirmation difficile à soutenir en prenant le volant. La sècheresse des éléments suspenseurs étonne. Celle-ci permet sans doute de virer à plat ou encore de minimiser les mouvements de caisse, mais le confort s'en ressent terriblement. La moindre ondulation de la chaussée fait bondir cette Toyota. Dans ce domaine, le CX-5 fait beaucoup mieux. Sans lisser pour autant toutes les imperfections du revêtement, la Mazda assure un meilleur confort de roulement sans pour autant compromettre le dynamisme de la conduite. À ce sujet, le CX-5 se laisse plus aisément guider grâce à une direction à l'assistance bien dosée et tourne plus court dans les espaces de stationnement. Bref, le Mazda est autrement plus agile et vif pour que l'on éprouve un réel plaisir à le mener. Dommage, comme chez la Toyota d'ailleurs, que la sélection manuelle des rapports de boîte ne puisse s'effectuer au volant.

Au final, le CX-5 remporte ce duel. On lui pardonnera ses petites maladresses comme sa présentation intérieure tristounette, mais il ne faudrait pas qu'elles perdurent, car le rayon des multisegments compacts évolue très vite. Quant au RAV4, ses inconditionnels apprécieront l'évolution de ce modèle et sa plus grande sophistication. Toutefois, sous plusieurs rapports, la concurrence fait mieux. Pour retrouver sa place au sommet, la RAV4 devra surtout compter sur les principaux atouts de la marque: forte valeur résiduelle, promesse de durabilité et redoutable force commerciale (concessionnaires, promotions, conditions de financement).

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1er prix : Mazda CX-5

Prix : 22 995 $ à 35 045 $

Frais de transport et préparation : 1895 $

Garantie de base : 3 ans/80 000 km

Consommation réelle : 10,7 L/100 km

Pour en savoir plus : www.mazda.ca

Moteur (essence) : L4 DACT 2,5 litres

Puissance : 184 ch à 5700 tr/min

Couple : 185 lb-pi à 4000 tr/min (AWD)

Poids : 1604 kg

Rapport poids-puissance : 8,71 kg/ch

Mode Intégral

Transmission de série : semi-automatique 6 rapports

Transmission optionnelle : aucune

Direction/Diamètre de braquage (m) Crémaillère/11,2

Freins av-arr : disque/disque

Pneus (av-arr) : 225/65R17

Capacité du réservoir/Essence recommandée : 58 litres/Ordinaire

SkyActiv

Premier véhicule de la marque à intégrer l'ensemble des technologies SkyActiv (réduction du poids, augmentation du rendement du moteur et de la boîte de vitesse), le CX-5 parvient à conserver le côté «vroom-vroom» qui a longtemps été son fonds de commerce.

Boîte manuelle

Mazda est l'un des rares constructeurs à offrir une boîte manuelle dans la catégorie. Celle-ci cependant n'est proposée que sur la version à roues motrices animée d'un moteur 2 litres.

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2e prix : Toyota RAV4

Prix : 23 790 $ à 31 700 $

Coût de transport et de préparation : 1690 $

Garantie de base : 3 ans/60 000 km

Consommation réelle : 11,2 L/100 km

Pour en savoir plus : www.toyota.ca

Moteur (essence) : L4 DACT 2,5 litres

Puissance : 176 ch à 6000 tr/min

Couple : 172 lb-pi à 4100 tr/min

Poids : 1620 kg

Rapport poids-puissance : 9,20 kg/ch

Mode Intégral

Transmission de série : semi-automatique 6 rapports

Transmission optionnelle : aucune

Direction/Diamètre de braquage (m) Crémaillère/12

Freins av-arr : disque/disque

Pneus (av-arr) : 225/65R17

Capacité du réservoir/Essence recommandée : 60 litres/Ordinaire

Boîte automatique

En plus d'un hayon qui s'ouvre enfin dans le «bon sens», le RAV4 épouse désormais une boîte plus moderne. Celle-ci compte maintenant 6 rapports (au lieu de 4) et permet de réduire la consommation de carburant.

Moteur

Le RAV4 abandonne le V6 et retient uniquement les services d'un quatre cylindres 2,5 litres. Une version électrique et une autre hybride sont à prévoir dans un avenir prochain.