Si l'on fait exception de la Smart et des petites familiales de Classe B, les Mercedes-Benz sont considérées comme des voitures de gens fortunés. Il existe cependant un segment de la clientèle de la marque allemande qui échappe à cette définition et que l'on doit considérer comme les plus riches que riches. Contre toute attente, ces gens-là ne sont pas ceux qui roulent en SLS, en SLR ou en Classe S 65, mais bien des conducteurs du modèle sans doute le plus effacé de la gamme Mercedes-Benz, la familiale de Classe E ou, si vous aimez mieux, le bon vieux «station wagon». «Eh oui, c'est notre clientèle la mieux nantie ou si vous aimez mieux celle qui a les revenus familiaux les plus élevés qui fait l'acquisition de cette voiture» de dire un responsable de la marque qui préfère garder l'anonymat.

Très prisée en Europe, boudée en Amérique, la familiale, aussi connue sous l'appellation de «break» ou «estate car» est une espèce rare sur nos marchés. Peu de constructeurs se penchent vraiment sur un type de véhicule dont l'esthétique ingrate le rend difficile à aimer. Pourtant, chez Mercedes, une gamme n'est jamais complète sans la présence d'une familiale. C'est ainsi qu'après la berline, le coupé et le cabriolet, la Classe E vient d'accueillir en ses rangs une familiale déclinée en une seule version, la E350 4MATIC  à traction intégrale proposée avec une seule motorisation, soit un V6 de 3,5 litres et 268 chevaux couplée à une transmission automatique à 7 rapports. Première déception: l'absence de l'excellent turbodiesel Blue TEC que Mercedes offre dans la berline de même classe et dans ses véhicules utilitaires.

Un moteur peinard à l'occasion

Avec quatre roues motrices, la présence d'une 3e banquette permettant de transporter 7 personnes (5 adultes et 2 enfants) et un espace dévolu aux bagages de 1950 litres, voilà une Mercedes qui assurera à ses conducteurs, adeptes de plein air, de passer un hiver sans soucis. Sur la route, au volant de la E350, autant son moteur V6 se montre tout à fait convenable dans le coupé et même dans la berline, il devient un brin lymphatique sous le capot de la familiale qui accuse un surpoids de 85 kg par rapport à la berline. Chaque esquive oblige à plaquer l'accélérateur au plancher pour rétrograder, ce qui, bien sûr,  précipite la consommation au sommet de sa courbe. Autrement, en conduite tranquille sur autoroute, on peut s'attendre à une dépense de 9 litres aux 100 km contre une moyenne d'ensemble de 12 litres aux 100 km. Sauf au moment des reprises, le moteur V6 est l'auteur de performances satisfaisantes comme l'exprime un chrono de 7,8 secondes entre 0 et 100 km/h.

Malgré une répartition du poids moins favorable que la berline, le comportement routier ne perd rien de sa rectitude.  Stable en tout temps, solide comme le roc et d'un confort indéniable, la E 350 familiale est sans doute le meilleur véhicule du genre sur le marché.

La voiture peut aussi compter sur une interminable liste d'accessoires visant à améliorer la sécurité, tant active que passive. La seule réserve sous ce rapport s'applique à la ceinture de sécurité à rattrapage de jeu qui se plaque contre le pilier B et refuse de se détendre avant plusieurs secondes pour faciliter son bouclage.

Le prix de cette Mercedes (66 900$) aura sans doute pour conséquence de réfréner l'ardeur des automobilistes en quête d'une voiture semblable, mais pour la clientèle du constructeur germanique, il s'affiche comme une véritable aubaine.