Alors que les petits ateliers de mécanique auto tirent de plus en plus la langue, le Comité sectoriel de main d'oeuvre des services automobiles est en mode séduction auprès des jeunes.

Depuis un mois, ce dernier tente de promouvoir les métiers liés à la mécanique par le biais d'un site internet lancé à cet effet. Son adresse est plus qu'évocatrice: www.besoindunmecano.com. Le message est clair.

«Il y a un manque de main d'oeuvre. Le problème majeur, c'est le maintien des élèves dans les programmes. Les jeunes n'ont pas la bonne information sur ce que sont les métiers de la mécanique aujourd'hui», commente Danielle Le Chasseur, directrice du Comité sectoriel de main d'oeuvre des services automobiles.

Le site s'appuie sur des portraits de jeunes «dynamiques» qui se sont investis dans les différents secteurs d'activités de la mécanique. Car le portail ne s'attarde pas seulement à l'automobile. L'industrie maritime, ferroviaire, ou encore le transport sont présentés. Le but avoué est de «changer l'image de la mécanique».

Si la fréquentation du site semble appréciable, il reste à savoir si cela va se traduire par des engagements dans la réalité.

Dans sa dernière Étude sectorielle de l'industrie des services automobiles, récemment rendue public, le comité déplore que ce secteur d'activité peine à trouver des travailleurs qualifiés. Selon le document, un élève sur deux inscrit à un programme d'études professionnelles dans les services automobiles ne termine pas ses études.

«Les sept programmes de formation menant à un diplôme d'études professionnelles présentent chacun un niveau de difficultés variables qui influe certes sur le taux de réussite. Mais il reste, globalement, que la proportion d'étudiants qui terminent réellement leurs études sur le lot d'inscrits demeure en deçà des espérances», lit-on dans ce rapport qui juge la situation «préoccupante».

Quand bien même les élèves termineraient leurs études de mécanique, nombre d'entre eux se tourneraient finalement vers un tout autre secteur d'activité sur le marché du travail.

«Alors que l'industrie des services automobiles traverse une pénurie avérée de main d'oeuvre, il est également inquiétant de constater que parmi les étudiants qui obtiennent leur diplôme, un nombre important de diplômés s'orientent vers des secteurs non directement liés aux services automobiles, signale l'étude. D'autre part, un nombre non négligeable d'étudiants décident de réorienter leur choix de formation en cours de route quand ce n'est pas leur choix de carrière.»

Les progrès technologiques et la fiabilité croissante des véhicules ont un effet pervers sur la réussite scolaire. Ils représentent en fait le principal obstacle à la persévérance dans les études. «Travailler sur un véhicule, pour les jeunes, c'est un fantasme. Mais la formation, c'est aussi de la théorie sur l'électronique, l'informatique, l'électricité plus avancée. C'est complexe pour eux. Et c'est là qu'il y a un décrochage», explique Danielle Le Chasseur qui ajoute que les jeunes ont dorénavant plus de choix en matière d'orientation professionnelle. Sans compter que les salaires, en mécanique auto par exemple, ne sont pas toujours attrayants.

Pourtant, dans l'industrie des services automobiles, le taux de chômage moyen oscille entre 3% et 5%, selon que l'on travaille en mécanique pour automobiles, véhicules légers, véhicules lourds routiers, en carrosserie, à la vente de pièces et accessoires, ou encore en service-conseil. Pour l'ensemble des nouveaux diplômés, ce taux de chômage moyen est de 7,3%.