Pour qu'une publicité soit efficace, elle doit connecter dans l'esprit du consommateur une émotion et un produit. En matière de sécurité automobile, les pouvoirs publics ont une chose à «vendre», la prudence. Et l'émotion qui se branche le plus directement à la prudence, c'est la peur de mourir ou d'être infirme. Ou de tuer ou rendre infirme quelqu'un.

Les publicités des campagnes de sécurité routière touchent cette émotion primordiale et sont de plus en plus directes, un peu partout dans le monde.

Dans un article mis en ligne plus tôt aujourd'hui, notre collègue (et motocycliste) Pierre-Marc Durivage a présenté la nouvelle publicité de la SAAQ en matière de sécurité pour les motocyclistes. La publicité insiste sur le partage de la responsabilité entre automobilistes et motocyclistes, spécifiquement lors des virages à gauche. Cette pub est inspirée d'une publicité anglaise (qui a été imitée dans de nombreux pays, dont les États-Unis). La pub anglaise s'inscrivait dans une vaste campagne de publicité intitulée «Think!», qui touchait tous les risques inhérents à la vie moderne. Voici la pub originale anglaise. Évidemment, comme les anglais roulent à gauche, le cas de figure est sur le virage à droite, quand il faut traverser la voie opposée.

La version américaine reprend le meme thème. Notez que ces pubs s'adressent seulement aux automobilistes, à qui elles donnent une consigne claire: on regarde trois fois. Dans la version québécoise, cette consigne est plus générale: «Regardez mieux, il y a peut-être une moto...», mais on exhorte les motocyclistes à rouler lentement.

Les Australiens exploitent aussi l'humour et le tabou de la nudité pour faire passer le message aux automobilistes: «qu'est-ce qu'on doit faire pour que vous nous regardiez mieux?».

 

Et il y a aussi cette publicité américaine, formidable avec cet accent du Sud, faite sur le ton du reproche: «Vous ne m'avez pas vu, parce que...». À noter que même les pubs de sécurité routière vivent sous la dictature de la beauté : ils ont l'air d'avoir inséré une jeune et jolie actrice/top-modèle parmi les bikers. Si la demoiselle roule vraiment à moto, tant mieux. Mais sinon, c'est comme avouer que la vie des blousons noirs n'est pas assez importante et qu'il fallait mettre une jolie demoiselle pour qu'on se souvienne d'eux.

 

Mais les pubs directes visent pour la plupart les motocyclistes et leurs responsabilités à eux. Cette publicité française a remporté un prix à Cannes, sur le thème de «Juste un peu trop...».

 

En Angleterre, la campagne Think! a mis ce petit air de rock avec des gens qui parlent mais qu'on entend pas. En lisant sur les lèvres, on voit que certains d'entre eux disent: «you're going to crash» («Tu vas te planter»).

 

Parlant de rock, voici une autre pub anglaise, très positive, avec sa musique, qui jure avec toutes les autres : elle incite à la prudence, mais tout en donnant le goût de rouler. Elle fait penser au message de Transport Québec, qu'on voit sur les écriteaux, le long de nos routes: «La route vous parle, écoutez-la». Mais la pub If Only dit justement, avec un clin d'oeil, que ce serait plus facile «si seulement» la route parlait aussi précisément que sur cette route imaginaire. Conclusion : fais attention, l'ami.

 

Et il y a aussi cette publicité silencieuse diffusée par les pompiers-ambulanciers hongrois, pour les motards qui aiment trop la vitesse.

Et cette pub australienne, classique, qui confronte les motocyclistes à leurs responsabilités.