Alors que l'industrie automobile nord-américaine peine à sortir de la récession, le boom de la bagnole se poursuit en Chine et ça paraît dans la demande de pétrole de l'Empire du Milieu.

Le blogue français Moteur Nature observe que la consommation de pétrole a augmenté de 17,5 % entre décembre 2008 et décembre 2009. Septembre, octobre et novembre 2009 aussi avaient vu des hausses supérieures à 10%. Si cette fin d'année qui sent l'échappement n'était pas assez costaude, attachez votre tuque avec de la broche: la hausse de janvier 2009 à janvier 2010 est de 28 %!Ces chiffres sont tirés d'une publication mensuelle internet, l'Oil Market Report, éditée par l'Agence internationale de l'Énergie.

 

L'explosion du nombre de voitures sur les routes de Chine n'est pas la seule explication de la hausse de la consommation de pétrole, mais elle compte évidemment pour beaucoup.

 

En février, les ventes de nouveaux véhicules personnels ont grimpé de 52,5 % par rapport à février 2009, atteignant 909 775 unités, selon la Passenger Car Association de Chine. C'est inférieur aux ventes du mois précédent, quand les constructeurs chinois ont vendu 1,22 million de véhicules (une hausse de 84 % par rapport à janvier 2009), selon l'association basée à Shanghaï, qui a accès aux données des constructeurs automobiles.

En 2009, les ventes totales de véhicules personnels ont atteint 13,6 millions d'unités, une hausse de 45 % par rapport à 2008. Les ventes avaient été fouettées par un plan de stimulation économique gouvernemental, composé d'incitatifs dirigeant les consommateurs vers des voitures à faible consommation d'essence.

La Passenger Car Association s'attend à ce que les ventes annuelles augmentent d'environ 20% en 2010 en Chine.

Plus de voitures = plus de CO2

Moteur Nature observe qu'il y a «toutes les raisons de croire que les émissions de CO2 augmenteront dans les mêmes proportions» que la hausse de la demande de pétrole. «Tirer la sonnette d'alarme serait trop faible, il faut sonner le tocsin! Les Chinois sont depuis au moins 2006 le premier pays émetteur de CO2, avec logique puisqu'ils sont le pays le plus peuplé du monde, mais quand tous les pays les plus riches font des efforts pour maîtriser leurs rejets (à défaut de les réduire), il est choquant de voir la Chine se moquer aussi ouvertement des efforts des autres.»

Le blogue militant continue en disant: «Ce sont les chinois qui ont fait capoter les accords de Copenhague l'année dernière, et ce sont eux qui mènent le monde vers... On ne sait pas où.»

Et c'est ici que nous disons Ho! les moteurs: c'est vrai que les Chinois ont effectivement travaillé très fort pour que Copenhague avorte, mais ce serait leur donner beaucoup de crédit d'omettre que les États-Unis, l'Inde et le Brésil ont mis l'épaule à la roue... et que le gouvernement du Canada était bien content.

Cela étant, il est clair que le blogue Moteur Nature touche un nerf en évoquant «l'insouciance des Chinois».

C'est vrai que l'écologie semble être basse dans la liste de priorités des bureaucrates et planificateurs industriels chinois. Mais c'est vrai de la plupart, sinon de tous les pays. Par ailleurs, la dépendance des Chinois envers le pétrole étranger les incite à explorer avec application certains combustibles alternatifs. À la fin de 2008, par exemple, il y avait 400 000 véhicules roulant au gaz naturel en Chine (seulement 110 000 aux États-Unis et 12 000 au Canada). De plus, les Chinois explorent avec application le développement du biogaz, un gaz naturel à base de déchets organiques méthanisés. À part les Chinois, seuls les Suédois ont un programme de biogaz sérieux, qui peut transformer en combustible automobile ce que le reste du monde envoie à l'égout.

C'est une bonne chose que des dizaines de millions de familles chinoises sortent de la misère et aient des opportunités économiques impensables il y a dix ans. Mais souhaitons un juste milieu pour l'Empire du Milieu, un plan B pour le pétrole.

 

 

Voir aussi l'article du Detroit News