Ce n'est pas exactement comme s'il y avait des manifestations dans les rues de toute l'Amérique du Nord pour réclamer le retour d'Alfa Romeo, mais il reste que le salut de Chrysler, s'il se produit, risque de venir en partie d'Alfa.

Le président de Fiat et de Chrysler, Sergio Marchionne, a récemment mis une date sur le retour de la marque en Amérique du Nord. «Je suis désormais convaincu qu'Alfa Romeo peut constituer une offre acceptable mondialement et en particulier aux États-Unis et au Canada, a déclaré M. Marchionne. La marque y sera vraisemblablement relancée d'ici 24 mois.»

 

Alfa Romeo a abandonné le marché nord-américain en 1995, laissant une réputation de mauvaise qualité. Fiat avait fait de même quelques années avant.

 

Alfa est une filiale de Fiat et son passé récent en Europe n'est pas dénué de problèmes non plus. En fait, c'est peut-être la filiale qui a donné le plus de fil à retordre à M. Marchionne, à qui toute l'industrie automobile reconnaît d'avoir sauvé Fiat. M. Marchionne a passé quatre chefs de la direction chez Alfa Romeo avant de nommer Harald Wester, qui porte déjà trois chapeaux chez Fiat: il est président de Maserati et d'Abarth en plus d'être le chef de la direction technique de tout le Groupe automobile de Fiat.

 

M. Wester a hérité du dossier Alfa Romeo quand M. Marchionne a fusionné Abarth, Maserati et Alfa Romeo il y a quelques semaines. D'ailleurs, M. Marchionne avait déjà évoqué, plusieurs mois avant ce regroupement, la possibilité de fusionner Chrysler et Alfa Romeo.

 

À cette époque, le plan d'affaires présenté aux gouvernements américain et canadien voulait que Fiat et Alfa Romeo opèrent un vaste transfert technologique pour utiliser en Amérique du Nord le savoir-faire européen en petites voitures. Cela va arriver, mais la dernière rumeur chez Chrysler veut que le transfert se fasse dans les deux sens. Apparemment, certains chez Fiat estiment que la gamme de produits d'Alfa Romeo pourrait gagner en diversité en utilisant des plateformes Chrysler de berlines intermédiaires (après les avoir rénovées, ce qui se fait en ce moment chez Chrysler).

 

Rappelons que Fiat a pris le contrôle de Chrysler (ainsi qu'une participation de 20%) après la faillite de cette dernière l'an dernier. Fiat avait acheté Alfa Romeo en 1986.

 





Plateformes communes

 

L'idée, selon le magazine automobile Automotive News, serait de remplacer l'Alfa Romeo 159 par une plate-forme conjointe Fiat-Chrysler appelée «compact-wide» (compacte-large) qui serait en vente en Europe et en Amérique du Nord. La plateforme (qui serait utilisée pour assembler aux moins deux intermédiaires) a même un nom de code, «Giulia», et pourrait être mise en marché au milieu de 2012.

 

Rappelons que Chrysler investit actuellement pas mal de temps, d'argent et d'énergie pour rénover complètement la Dodge Avenger et la Chrysler Sebring, deux modèles que Fiat avait envisagé d'éliminer dans les semaines suivant la prise de contrôle de Chrysler.

 

Selon cette source, Alfa pourrait aussi hériter d'une grosse berline à propulsion arrière basée sur la Chrysler 300C (qui est déjà assemblée en Europe). En Amérique du Nord, ce nouveau modèle pourrait être construit à l'usine Chrysler de Brampton, en Ontario, aux côtés ou en remplacement de la 300C.

 

Marchionne, qui est né à Chieti (dans la province italienne d'Abruzzo), mais qui a grandi et étudié en Ontario, a indiqué qu'une partie des nouvelles Alfa Romeo nord-américaines pourraient être construites au Canada.

 

Ce n'est pas la première fois que des rumeurs (jamais confirmées) circulent sur la possibilité que des Alfa Romeo soient assemblées à l'usine de Brampton. L'an dernier, AutomotiveCompass, une firme de recherche sur l'industrie automobile, avait indiqué que Fiat envisageait d'assembler en Ontario l'Alfa Romeo 169 E.

 

Quand Fiat a acquis Chrysler, plusieurs analystes nord-américains du secteur automobile ont exprimé des réserves, rappelant que Fiat est lui-même un patient en convalescence et que les effets de la réforme instaurée par M. Marchionne ne sont pas encore tous visibles. La filiale Alfa Romeo, particulièrement, a des similitudes avec Chrysler. Elle aussi a vu ses ventes s'éroder, parce que sa gamme de produit est relativement âgée.

 

L'an dernier Alfa a vendu 102 000 unités, à peu près la moitié de ses ventes de 2000.

 

Source: Toronto Star; Automotive News.

 

Photo fournie par Chrysler

Alfa Romeo pourrait bientôt proposer une grande berline à propulsion construite à partir de la Chrysler 300.