Le PDG du premier constructeur d'automobiles mondial, le japonais Akio Toyoda, a annoncé mercredi un ensemble de décisions destinées à améliorer la qualité de ses voitures et à rassurer ses clients affolés par le rappel de près de 9 millions de véhicules dans le monde.

M. Toyoda, qui donnait sa troisième conférence de presse en quelques jours, a également déclaré qu'il ne se rendrait pas en personne à une audition le 24 février à la Chambre des représentants des États-Unis, tout en assurant qu'il n'avait nullement l'intention de fuir ses responsabilités.

 

C'est le président de la filiale nord-américaine du groupe, Yoshimi Inaba, qui se présentera devant les parlementaires pour répondre à leurs questions pressantes, «car il est au courant de tous les détails sur place», a justifié Akio Toyoda. Ce dernier envisage néanmoins de se rendre aux États-Unis début mars.

 

Simultanément, le groupe Toyota va se doter d'un haut responsable qualité dans chaque principale zone géographique mondiale «afin de rendre l'entreprise plus réactive» aux remarques des clients. Il veut faire remonter plus rapidement les observations des consommateurs et les traduire en actes.

 

«Nous voulons être capables de mener une inspection sur place dans les 24 heures pour chaque incident ou soupçon de dysfonctionnement constaté», a assuré le groupe dont la réputation d'excellence a fortement souffert ces dernières semaines.

 

Un comité de suivi global de la qualité va en outre être installé, qui sera présidé par M. Toyoda en personne et contrôlé par des experts indépendants.

 

Solutions techniques

 

Le groupe, qui proclame que le client et sa sécurité constituent ses priorités, a aussi indiqué qu'il allait procéder à des modifications techniques. Il va notamment doter tous ses nouveaux modèles d'un système qui coupera le moteur lorsque les pédales de frein et d'accélérateur seront simultanément enfoncées. Il veut ainsi éviter des augmentations de vitesse soudaines non intentionnelles qui seraient à l'origine de plusieurs accidents mortels aux États-Unis. Toyota a également indiqué avoir mandaté un organisme indépendant pour procéder à de nouveaux contrôles techniques sur les systèmes de gestion des commandes des gaz. Les résultats de cette expertise seront divulgués, a promis le constructeur.

 

Toyota a pris ces dispositions nouvelles à la suite de divers vices concernant des pédales d'accélérateur sur plusieurs types de véhicules. Il a aussi déploré plusieurs cas de comportement étrange du système de freinage des récentes générations de voitures hybrides Prius, Sai et Lexus HS250h, un coup dur pour ces modèles à double motorisation (essence-électricité), cruciaux dans sa gamme.

 

Toyota a cependant réitéré sa foi dans ces véhicules moins polluants, assurant qu'ils restent au coeur de sa stratégie pour l'avenir.

 

Il s'est en outre dit déterminé à être transparent en cas de soucis sur ses véhicules. Les dirigeants du groupe ont d'ailleurs avoué mercredi qu'une enquête interne était en cours au sujet d'un possible défaut de la direction assistée des modèles Corolla.

 

Compte tenu de la rafale de soucis qui l'accablent, Toyota se voit contraint d'appliquer une des règles-clefs de sa méthode: ne pas produire plus que ne le souhaite le marché. «Nous avons suspendu des ventes, donc nous ajustons le volume de production. Notre philosophie est de produire ce que nous pouvons vendre et de vendre au consommateur ce dont il a besoin», a justifié M. Toyoda. Le groupe avait déjà annoncé mardi un ralentissement des chaînes d'assemblage touchant des usines aux États-Unis et en Europe.

Photo: Patrick Sanfaçon, La Presse

Toyota va notamment doter tous ses nouveaux modèles d'un système qui coupera le moteur lorsque les pédales de frein et d'accélérateur seront simultanément enfoncées.