General Motors a décidé de garder sa filiale européenne Opel, ce qui met un terme à des mois de négociations ardues pour la vendre à l'équipementier canadien Magna International.

C'est l'annonce faite par GM au terme d'une réunion de son conseil d'administration, qui a eu lieu mardi à Detroit.

 

Ce revirement spectaculaire survient après que des responsables de l'Union européenne aient demandé à GM de confirmer si elle aurait décidé de vendre Opel à Magna si elle avait su que l'aide financière de 4,5 milliards d'euros offerte par l'Allemagne était disponible pour tout acheteur.

 

Durant la campagne électorale fédérale allemande, cet été, les gouvernements fédéral et provinciaux allemands avaient monté un plan de sauvetage pour empêcher la fermeture d'Opel, dont le siège social est à Russelsheim, en Allemagne. Mais plusieurs responsables allemands avaient indiqué que l'aide financière de 4,5 milliards d'euros était seulement valable pour Magna, qui avait promis de ne fermer aucune des usines allemandes d'Opel.

 

Cette condition a été dénoncée dans les autres pays d'Europe où Opel a des usines (notamment la Belgique, l'Espagne et l'Angleterre), et qui risquaient d'écoper.

 

Durant ces négociations, GM avait clairement indiqué qu'elle préfèrerait vendre à RHJ International, une firme d'investissement privé belge, qui lui laissait l'option de racheter la compagnie plus tard.

 

Le conseil a fondé sa décision, notamment, sur l'amélioration de l'environnement d'affaires en Europe et sur l'amélioration des finances de GM, qui a reçu une aide gouvernementale de 50 milliards de dollars et qui s'est débarrassée de l'essentiel de ses dettes en déclaration faillite l'été dernier.

 

Ces deux facteurs permettent à GM d'affirmer que «la filiale européenne peut être restructurée avec succès», a déclaré le président Fritz Henderson.

 

Depuis qu'elle n'est plus sous la protection de la Loi sur la faillite, GM a le droit de dépenser une partie des 50 milliards d'aide financière à l'extérieur des Etats-Unis et du Canada.

 

«Nous comprenons la complexité et la durée de cette question ont été épuisantes pour toutes les parties impliquées, a ajouté M. Henderson. Toutefois, dès le début, notre but a été d'assurer la meilleure solution à long terme pour nos clients, employés, fournisseurs et concessionnaires, et cette volonté s'exprime par notre décision.

 

Nous estimons qu'elle est la solution la plus stable et la moins coûteuse d'assurer la pérennité d'Opel et de Vauxhall.»

 

GM présentera un plan de restructuration bientôt au gouvernement allemand et aux gouvernements des autres pays impliqués; ce plan pourrait entraîner l'abolition de 10 000 postes et une réduction des coûts d'environ 30%.

 

Le vote des 13 membres du conseil d'administration de GM vient mettre un terme à une saga qui a commencé il y a un an.

 

L'entente de principe déchirée mardi aurait fait en sorte que Magna aurait possédé 27,5% d'Opel, une part égale allant à son bailleur de fonds, la banque russe Sberbank. Les employés auraient eu une part de 10% et GM aurait conservé 35%.

 

GM avait énoncé de sérieuses réserves face à cette transaction, craignant que ses méthodes et procédés industriels se retrouvent chez des concurrents russes ayant des liens d'affaires avec Sberbank. GM avait les mêmes réserves face à Magna, qui est sous-traitant pour tous les grands constructeurs automobiles d'Europe et d'Amérique du Nord.

 

Maintenant que l'entente a été écartée, GM a l'intention de dépenser environ 4,4, milliards de dollars, ce qui est beaucoup moins que les montants que prévoyaient dépenser tous les acheteurs potentiels d'Opel. Comme les gouvernements d'Europe (surtout d'Allemagne) se sont engagés à aider GM, cela est revêt une grande importance.

 

GM a indiqué qu'elle va demander aux syndicats européens GM une «contribution significative» dans la restructuration d'Opel.



Sources : AP, Reuters, AFP